En 2021, une attaque jihadiste dévastatrice a stoppé net un projet gazier colossal au nord du Mozambique, laissant derrière elle des cicatrices humaines et économiques. Aujourd’hui, ce projet, estimé à 20 milliards de dollars, refait surface avec des ambitions renouvelées mais aussi des exigences audacieuses. Le géant énergétique à la tête de cette initiative demande une extension de dix ans pour sa concession et une compensation financière de 4,5 milliards de dollars pour couvrir les surcoûts liés à cette interruption. Ce retour soulève des questions cruciales : quelles sont les implications pour le Mozambique, pour l’Afrique, et pour l’avenir énergétique mondial ? Plongeons dans les méandres de cette relance spectaculaire.
Un Projet Gazier au Cœur des Enjeux Mondiaux
Le Mozambique, pays d’Afrique australe riche en ressources naturelles, est sur le point de redevenir un acteur clé dans le secteur du gaz naturel liquéfié (GNL). Le projet, situé dans la province de Cabo Delgado, a été mis en pause après une attaque meurtrière en 2021, qui a coûté la vie à plus de 800 personnes selon une ONG spécialisée dans l’analyse des conflits. Cette tragédie a non seulement stoppé les travaux, mais a également exacerbé les tensions dans une région déjà marquée par l’instabilité. Aujourd’hui, la levée de la situation de force majeure marque un tournant, mais à quel prix ?
Une Relance aux Conditions Ambitieuses
Dans une correspondance officielle datée du 24 octobre, le géant énergétique a posé ses conditions pour reprendre les travaux. La première exigence est une prolongation de la concession pour une durée de dix ans, afin de compenser les pertes économiques subies pendant la suspension. Cette demande, bien que stratégique, pourrait modifier les termes initiaux de l’accord avec le gouvernement mozambicain, suscitant des débats sur l’équilibre entre les intérêts de l’entreprise et ceux du pays.
En parallèle, l’entreprise réclame une compensation financière de 4,5 milliards de dollars pour couvrir les surcoûts engendrés par le retard. Ce montant, colossal, reflète les défis logistiques, les investissements gelés et les ajustements nécessaires pour relancer un projet d’une telle envergure. Mais cette somme soulève une question : qui paiera la facture, et comment cela impactera-t-il l’économie locale ?
Pour compenser en partie l’impact économique lié à la suspension, une extension de la licence d’exploitation de dix ans est respectueusement demandée.
Extrait d’une lettre officielle adressée au président mozambicain
Un Retard aux Conséquences Multiples
Initialement, la première cargaison de gaz était prévue pour juillet 2024. Ce calendrier a été bouleversé par l’attaque de 2021, et les nouvelles estimations repoussent cette échéance au premier semestre 2029. Ce décalage de près de cinq ans affecte non seulement les investisseurs, mais aussi les attentes du Mozambique, qui voit dans ce projet une opportunité de devenir un acteur majeur sur le marché mondial du gaz.
Le retard a également des répercussions sur d’autres initiatives gazières dans la région. Un autre projet d’envergure, porté par une grande compagnie pétrolière américaine, attend la levée officielle de la situation de force majeure pour avancer. Cette interdépendance montre à quel point les décisions prises dans le cadre de ce projet influencent l’ensemble du secteur énergétique mozambicain.
Les chiffres clés du projet :
- Investissement initial : 20 milliards de dollars
- Surcoût estimé : 4,5 milliards de dollars
- Extension demandée : 10 ans
- Nouvelle échéance : Premier semestre 2029
Un Potentiel Économique Énorme
Si les projets gaziers de la région aboutissent, le Mozambique pourrait se hisser parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz d’ici 2040, contribuant à hauteur de 20 % à la production africaine, selon un rapport d’audit récent. Cette perspective est séduisante pour un pays où les ressources naturelles représentent une chance unique de stimuler l’économie et de réduire la pauvreté.
Cependant, la relance de ce projet ne se limite pas à des considérations économiques. Elle intervient dans un contexte géopolitique complexe, marqué par la visite du président mozambicain aux États-Unis. Cette visite, qui inclut des discussions avec une autre grande compagnie pétrolière, souligne l’importance stratégique du Mozambique dans le paysage énergétique mondial.
Les Critiques Environnementales
Malgré les promesses économiques, le projet suscite une vive opposition de la part des organisations environnementales. Ces dernières qualifient les installations de bombes climatiques, pointant du doigt leur impact potentiel sur le réchauffement global. La province de Cabo Delgado, où se concentrent les activités gazières, est déjà vulnérable aux catastrophes climatiques, ce qui amplifie les critiques.
Les ONG appellent à une réévaluation des priorités, plaidant pour des investissements dans des énergies renouvelables plutôt que dans des projets gaziers. Cette tension entre développement économique et préservation environnementale est au cœur des débats sur l’avenir du Mozambique.
Ces projets pourraient transformer le Mozambique en hub énergétique, mais à quel coût pour la planète ?
Commentaire d’une ONG environnementale
Un Équilibre Délicat à Trouver
La relance de ce projet gazier illustre les défis auxquels sont confrontés les pays riches en ressources mais marqués par l’instabilité. Le Mozambique doit naviguer entre la nécessité de sécuriser ses investissements, les attentes des populations locales et les pressions internationales pour une transition énergétique. La décision finale du gouvernement, qui doit encore approuver un avenant au plan de développement, sera déterminante.
Pour l’entreprise à l’origine du projet, l’enjeu est clair : relancer une initiative stratégique tout en sécurisant ses intérêts financiers. Mais pour le Mozambique, les implications sont bien plus vastes, touchant à la fois l’économie, la sécurité et l’environnement.
| Aspect | Enjeu |
|---|---|
| Économie | Potentiel de croissance, mais coûts élevés |
| Sécurité | Risques liés aux conflits dans la région |
| Environnement | Critiques des ONG sur l’impact climatique |
Vers un Avenir Énergétique Incertain
Le retour de ce projet gazier marque une étape importante pour le Mozambique, mais il s’accompagne d’incertitudes. Les négociations entre l’entreprise et le gouvernement seront cruciales pour définir les contours de cette relance. Parviendront-ils à trouver un terrain d’entente qui profite à toutes les parties, tout en répondant aux préoccupations environnementales ?
En attendant, le Mozambique se positionne comme un acteur à surveiller dans le secteur énergétique. Avec d’autres projets en attente, comme celui d’une compagnie pétrolière américaine, la région de Cabo Delgado pourrait devenir un hub énergétique majeur. Mais ce rêve de grandeur devra composer avec les réalités d’une région en proie à l’instabilité et aux défis climatiques.
Ce projet gazier, avec ses promesses et ses controverses, incarne les dilemmes du XXIe siècle : comment concilier développement économique, sécurité et durabilité ? Une chose est sûre : les décisions prises aujourd’hui façonneront l’avenir énergétique de l’Afrique pour les décennies à venir.









