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Mozambique : La Terreur Jihadiste Avant le Retour de TotalEnergies

Des milliers de déplacés fuient la terreur jihadiste au Mozambique. Quel lien avec le retour imminent de TotalEnergies ? Une stratégie calculée se dessine…

Imaginez-vous en train de fuir votre maison au milieu de la nuit, vos enfants dans les bras, sans savoir si vous trouverez un abri sûr. C’est la réalité brutale que vivent des milliers de personnes dans le sud de la province de Cabo Delgado, au Mozambique, où une vague d’attaques jihadistes a semé la panique ces dernières semaines. Alors que le géant énergétique TotalEnergies s’apprête à relancer son ambitieux projet gazier dans la région, ces violences soulèvent une question brûlante : s’agit-il d’une tactique calculée pour déstabiliser la zone avant ce retour économique majeur ?

Une Vague de Terreur Inédite dans le Sud

Fin juillet, les jihadistes affiliés à l’État islamique ont intensifié leurs attaques dans le sud de la province de Cabo Delgado, une région jusque-là moins touchée par leurs exactions. Sept raids ont été revendiqués, dont un particulièrement meurtrier où six villageois ont été exécutés. Cette série d’assauts a provoqué un exode massif, avec près de 59 000 personnes déplacées autour de la petite localité de Chiure, selon les témoignages recueillis par des organisations humanitaires.

« Les installations étaient insuffisantes pour accueillir cet afflux inattendu. Certains ont dormi à la belle étoile, sans toilettes ni nourriture. »

Responsable de Médecins sans Frontières à Chiure

Ce chaos a désorganisé des communautés entières. Des familles ont été séparées, certaines ont perdu leurs enfants dans la fuite. D’autres, piégées entre les zones de combat, ont dû se cacher dans la brousse pendant des jours avant de rejoindre des camps de transit surpeuplés. Cette vague de déplacements, la plus importante depuis février 2024, révèle l’ampleur de la crise humanitaire qui frappe la région.

Pourquoi Chiure ? Une Zone Vulnérable

Contrairement à leurs bastions habituels, situés une centaine de kilomètres plus au nord près de Macomia, les jihadistes ont ciblé une zone où la présence sécuritaire est quasi inexistante. Cette stratégie leur a permis de piller des villages et de semer la terreur pendant près de dix jours sans rencontrer de résistance significative. Les forces mozambicaines et rwandaises, déployées depuis juillet 2021 pour sécuriser la région, se concentrent principalement sur les districts septentrionaux, plus proches du site gazier de TotalEnergies à Afungi.

Une source sécuritaire locale explique :

« Les assaillants ont profité d’un vide sécuritaire autour de Chiure pour mener leurs raids. Ils se sont séparés en petits groupes pour maximiser leur impact. »

Source sécuritaire anonyme

Les troupes rwandaises, mieux équipées, disposent pourtant d’une base à seulement 50 kilomètres au nord, près d’Ancuabe. Mais leur absence d’intervention rapide à Chiure a permis aux jihadistes d’opérer librement jusqu’à l’arrivée tardive de renforts de l’armée mozambicaine, le 3 août.

Une Tactique pour Étirer les Forces

Les analystes s’accordent à dire que cette offensive n’est pas un abandon des positions jihadistes dans le nord, mais une manœuvre tactique. En frappant plus au sud, les insurgés cherchent à disperser les forces de sécurité, rendant la protection des zones stratégiques, comme le site gazier d’Afungi, plus complexe. Cette stratégie vise à créer un climat d’insécurité généralisé, amplifiant la peur et les déplacements de population.

Un expert en conflits armés précise :

« En attaquant Chiure, ils provoquent plus de panique qu’au nord, où la population a déjà fui depuis longtemps. C’est une tactique pour déstabiliser et étirer les ressources sécuritaires. »

Analyste des conflits à Cabo Delgado

Les données montrent que les déplacements massifs dans des zones comme Chiure génèrent un impact psychologique et logistique plus important que dans les régions déjà désertées. Cette approche n’est pas nouvelle : un article publié dans le magazine Al-Naba de l’État islamique expliquait il y a quelques années que tuer une seule personne dans un village peut pousser les habitants des localités voisines à fuir, mettant sous pression les villes environnantes.

Le Retour de TotalEnergies en Question

Le timing de ces attaques n’est pas anodin. TotalEnergies prévoit de reprendre son projet gazier de 20 milliards de dollars à Afungi d’ici la fin de l’été européen. Ce projet, interrompu en 2021 après une attaque meurtrière à Palma ayant fait plus de 800 morts, est crucial pour positionner le Mozambique parmi les dix premiers producteurs mondiaux de gaz. Mais les récentes violences soulèvent des doutes sur la sécurité de la région.

Les jihadistes semblent avoir intensifié leur propagande, avec une couverture médiatique accrue dans leurs publications. Cette campagne coïncide avec la période sensible précédant la relance du projet gazier, suggérant une volonté de perturber ce retour économique. Le choix de frapper des zones moins protégées pourrait être une tentative de démontrer que la région reste instable, malgré les efforts des forces mozambicaines et rwandaises.

Points clés de l’offensive jihadiste :

  • Attaques revendiquées fin juillet dans le sud de Cabo Delgado.
  • 59 000 déplacés autour de Chiure, un record depuis février 2024.
  • Stratégie visant à étirer les forces de sécurité mozambicaines et rwandaises.
  • Liens potentiels avec la reprise du projet gazier de TotalEnergies.

Une Crise Humanitaire qui S’aggrave

Les camps de transit, comme celui de Chiure, sont submergés. Les infrastructures manquent cruellement pour accueillir les milliers de déplacés. L’absence de nourriture, d’abris adéquats et de sanitaires aggrave une situation déjà précaire. Les familles, souvent séparées dans la panique, peinent à se réunir, tandis que les enfants, particulièrement vulnérables, sont exposés à des risques accrus.

Les organisations humanitaires, bien que mobilisées, luttent pour répondre à l’ampleur des besoins. Les témoignages décrivent des scènes de désespoir, avec des personnes contraintes de dormir à même le sol, sans protection contre les intempéries. Cette crise met en lumière les défis logistiques et financiers auxquels font face les acteurs humanitaires dans une région déjà marquée par des années de conflit.

Perspectives pour l’Avenir

La situation à Cabo Delgado illustre les tensions entre développement économique et sécurité. Le projet gazier de TotalEnergies, bien qu’essentiel pour l’économie mozambicaine, risque de rester un point de friction tant que la stabilité ne sera pas rétablie. Les attaques jihadistes, en ciblant des zones moins protégées, montrent une adaptation tactique qui complique les efforts des forces de sécurité.

Pour les habitants, la peur et l’incertitude dominent. La relance du projet gazier pourrait apporter des opportunités économiques, mais elle nécessite une sécurisation accrue de la région. Sans une réponse coordonnée et robuste, les jihadistes pourraient continuer à exploiter les failles sécuritaires pour maintenir la pression.

Défi Impact Solution potentielle
Insécurité à Chiure Déplacements massifs, panique Renforcer la présence sécuritaire
Crise humanitaire Camps surpeuplés, manque de ressources Augmenter l’aide humanitaire
Projet gazier menacé Retards économiques, instabilité Coordination internationale renforcée

Le Mozambique se trouve à un tournant. La relance du projet gazier pourrait transformer l’économie, mais seulement si la sécurité est garantie. En attendant, les habitants de Cabo Delgado continuent de payer le prix fort d’un conflit qui semble loin de s’éteindre. La communauté internationale, les forces locales et les acteurs humanitaires devront unir leurs efforts pour répondre à cette crise complexe, où enjeux économiques et humanitaires s’entremêlent.

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