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Mozambique : 10 enfants tués lors de violences post-électorales

Horreur au Mozambique : au moins 10 enfants tués et des dizaines blessés par balles lors de la répression brutale des manifestations post-électorales. Des centaines d'autres arrêtés illégalement. Le pays s'enfonce dans la violence malgré les appels au dialogue...

Le Mozambique est sous le choc après la révélation par l’ONG Human Rights Watch (HRW) qu’au moins dix enfants ont été tués et des dizaines d’autres blessés par les forces de sécurité lors des violentes manifestations qui ont suivi les élections contestées du 9 octobre dernier. Des centaines d’autres mineurs auraient également été arrêtés et détenus illégalement pendant plusieurs jours, en violation flagrante du droit international.

Selon des sources proches du dossier, une jeune fille de seulement 13 ans figure parmi les victimes, touchée mortellement au cou par une balle alors qu’elle tentait d’échapper aux tirs et aux gaz lacrymogènes de la police en pleine rue. Au total, HRW affirme avoir documenté la mort de 9 autres enfants ainsi que les blessures par balles d’au moins 36 mineurs supplémentaires dans ce contexte de répression brutale des manifestations de l’opposition.

Un lourd bilan humain qui divise

Si les autorités mozambicaines n’ont pas souhaité commenter ces graves accusations, le président sortant Filipe Nyusi, qui doit quitter ses fonctions en janvier, a fermement condamné la semaine dernière ce qu’il qualifie de « tentative d’installer le chaos » dans le pays. Son décompte officiel fait état de 19 morts, dont 5 policiers, et plus de 800 blessés parmi lesquels 66 membres des forces de l’ordre depuis le début des troubles.

Mais ce bilan est largement contesté par la société civile qui avance des chiffres bien plus lourds : plus de 67 personnes auraient perdu la vie et environ 2000 manifestants auraient été arrêtés de façon souvent abusive. Des ONG dénoncent notamment les arrestations massives et illégales de mineurs, détenus parfois pendant plusieurs jours sans que leurs familles ne soient prévenues.

Un parti au pouvoir qui s’accroche

Au cœur de ces violences, la contestation par l’opposition des résultats de l’élection présidentielle du 9 octobre dernier qui a vu la victoire, selon les autorités, du candidat du Frelimo, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays. Face à cela, le principal leader de l’opposition Venancio Mondlane, officiellement arrivé second, clame sa victoire et a appelé ses partisans à manifester massivement pour dénoncer ce qu’il estime être une fraude électorale.

Mais ces manifestations ont été sévèrement réprimées par les forces de sécurité, n’hésitant pas à tirer à balles réelles sur la foule, faisant de nombreuses victimes civiles dont ces enfants. Venancio Mondlane, craignant pour sa sécurité, aurait même dû quitter précipitamment le pays selon certaines sources.

Appels au dialogue sur fond de tensions

Face à cette situation explosive, le président Nyusi a fini par tendre la main à son rival en l’invitant à des pourparlers. Une offre en apparence conciliante mais assortie de conditions : ces discussions devraient se tenir à distance et les poursuites judiciaires engagées contre Venancio Mondlane devraient être abandonnées au préalable.

Reste à savoir si ce geste suffira à apaiser les tensions et à faire la lumière sur les circonstances troubles de la mort et des blessures de ces dizaines d’enfants pris dans la tourmente post-électorale. Beaucoup au Mozambique et dans la communauté internationale attendent des comptes et une enquête indépendante sur ces graves violations des droits humains et du droit international qui viennent ternir un peu plus le processus démocratique dans ce pays d’Afrique australe.

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