Alors que la France cherche à retrouver une stabilité politique depuis la dissolution de l’Assemblée nationale il y a moins de six mois, une nouvelle tempête s’apprête à s’abattre sur le pays. Avec 325 députés en faveur des motions de censure déposées par l’opposition, le gouvernement de Michel Barnier semble voué à une chute historique et inédite depuis 1962.
Un raz-de-marée de censure à l’Assemblée
Les deux motions de censure, déposées respectivement par la gauche regroupée au sein du Nouveau Front Populaire et par l’alliance entre le Rassemblement national et les députés ciottistes de droite, ont réussi à rassembler bien au-delà des 288 voix nécessaires pour renverser le gouvernement. Un véritable raz-de-marée qui laisse peu de doutes sur l’issue du vote prévu ce soir.
Un rejet massif de la politique du gouvernement
Pour la gauche, qui vilipende un projet de budget « dangereux, injuste et punitif », comme pour l’extrême-droite qui dénonce une politique « sanctionnée dans les urnes », ce raz-de-marée de censure traduit avant tout un rejet massif de la ligne politique menée par Michel Barnier depuis sa nomination à Matignon en septembre dernier.
C’est le mariage de la carpe et du lapin ! Comment pouvez-vous accepter de mêler vos voix à celles de l’extrême gauche ?
Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, s’adressant aux députés RN
Malgré une tentative de dernière minute du gouvernement pour amadouer l’opposition, avec une série de concessions sur les hausses de taxe ou le remboursement des médicaments, rien ne semble pouvoir endiguer cette vague de défiance. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a beau fustiger « le mariage de la carpe et du lapin » entre RN et NFP, le sort du gouvernement Barnier paraît scellé.
Macron et Barnier en appellent à « la responsabilité »
Face à cette situation, le président Emmanuel Macron, en déplacement à Ryad, a dit ne « pas croire au vote de cette censure », pointant du doigt le « cynisme insoutenable » du RN et la « perte de repères » du PS. De son côté, Michel Barnier a souligné sur TF1 que chaque député avait « une part de responsabilité », espérant un sursaut de « l’intérêt supérieur du pays ».
Chaque député a une part de responsabilité. J’espère que prévaudra l’intérêt supérieur du pays.
Michel Barnier, Premier ministre, sur TF1
Mais à quelques heures du vote solennel, l’exécutif semble se faire peu d’illusions. Selon une source proche du gouvernement, Michel Barnier préparerait déjà sa déclaration de défaite, alors qu’Emmanuel Macron réfléchirait aux suites à donner à cette crise politique majeure.
Le pays plongé dans l’incertitude
Car au-delà du sort du gouvernement Barnier, c’est tout le pays qui risque de se retrouver plongé dans une grande incertitude politique et budgétaire en cas d’adoption des motions de censure. Qui pour succéder à Matignon et avec quelle majorité ? Quid du budget 2025 et des réformes annoncées ? Autant de questions qui risquent de rester en suspens.
Déjà, dans les rangs de la majorité relative, certains plaident pour une dissolution de l’Assemblée afin de « redonner la parole aux Français ». Un scénario à hauts risques compte-tenu de l’impopularité record de l’exécutif et de la poussée des extrêmes dans les sondages. Et synonyme de paralysie politique pour de longs mois.
Une seule certitude à cette heure : les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir politique du pays. Avec un exécutif plus que jamais dos au mur et une classe politique fracturée comme rarement, la France s’apprête à vivre des heures sombres et incertaines. Verdict ce soir dans l’hémicycle.