À l’approche du vote crucial sur la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire (NFP), des fissures se font jour au sein de la gauche pourtant réputée unie. Selon des sources proches de l’Assemblée nationale, pas moins de sept députés appartenant aux rangs de la gauche auraient décidé de ne pas apposer leur signature sur le texte visant à renverser le gouvernement de Michel Barnier.
Cinq socialistes et deux Insoumis refusent de signer
Parmi les députés de gauche qui n’ont pas paraphé la motion de censure, on retrouve cinq élus socialistes : Gérard Leseul, Dominique Potier, Valérie Rossi, Hervé Saulignac et Sophie Pantel. Cette dernière, députée de Lozère, a justifié sa position en invoquant la « responsabilité » et la volonté de trouver des « solutions réalistes et constructives » plutôt que des « gestes symboliques ».
Deux députés du groupe La France insoumise manquent également à l’appel : Yannick Monnet, élu de l’Allier et adhérent du PCF, ainsi qu’Emmanuel Tjibaou, député néo-calédonien et président d’un parti indépendantiste.
Des motivations diverses
Si Sophie Pantel met en avant la nécessité d’adopter une position responsable, d’autres comme Dominique Potier auraient préféré que le groupe socialiste dépose sa propre motion de censure. L’élu de Meurthe-et-Moselle souhaitait ainsi « dire ce que l’on fait le jour d’après pour ne pas donner le sentiment d’un possible chaos ». Il a néanmoins indiqué qu’il voterait le texte du NFP sauf revirement total.
En responsabilité, je choisis de ne pas soutenir une motion de censure inefficace dans ce contexte. Les enjeux actuels demandent des solutions réalistes et constructives plutôt que des gestes symboliques qui risquent d’aggraver les crises en cours.
Sophie Pantel, députée socialiste de Lozère
Un coup dur pour la stratégie de la gauche
Ces défections, même peu nombreuses, constituent un coup dur pour la stratégie du NFP qui espérait rassembler toute la gauche derrière sa motion de censure. Avec le soutien attendu du Rassemblement national et ses 126 députés, le renversement du gouvernement semblait acquis. Mais ces divisions de dernière minute viennent semer le doute.
Malgré tout, le rapport de force reste très défavorable à Michel Barnier. Sauf retournement de situation, les 185 signataires de gauche associés aux voix du RN devraient suffire à faire tomber l’exécutif. Un évènement qui serait historique, 62 ans après la dernière censure d’un gouvernement sous la Ve République.
Le vote solennel aura lieu mercredi en fin de journée dans un hémicycle qui s’annonce électrique. Le suspense reste entier sur l’issue de ce bras de fer entre le gouvernement et une opposition déterminée à en découdre. Une chose est sûre : ce vote marquera un tournant dans la vie politique française, quelle qu’en soit l’issue.