Alors que la perspective de négociations de paix sur l’Ukraine est de plus en plus évoquée, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov vient de lancer une accusation fracassante. Selon lui, la France aurait cherché à plusieurs reprises à établir un dialogue avec Moscou sur la question ukrainienne, mais sans impliquer Kiev. Une démarche en totale contradiction avec la position officielle des pays occidentaux qui ne cessent de répéter qu’aucune décision ne peut être prise sur l’Ukraine sans l’Ukraine.
La France accusée de vouloir court-circuiter l’Ukraine
Lors d’une conférence de presse, Sergueï Lavrov a affirmé que « à plusieurs reprises, nos collègues français ont lancé des appels par le biais de canaux confidentiels : laissez-nous aider, établissons un dialogue sur la question ukrainienne ». Mais le plus choquant selon le ministre russe, c’est que ces appels auraient été lancés « sans l’Ukraine », en violation du principe martelé par l’Occident : « pas un mot sur l’Ukraine sans l’Ukraine ».
Face à ces appels, la Russie dit ne pas avoir refusé et être « prête à écouter ». Cependant, Sergueï Lavrov s’est bien gardé de donner plus de détails sur la teneur exacte de ces échanges ou leur calendrier. De son côté, Paris n’a pour l’heure pas réagi à ces graves accusations.
L’ombre de Donald Trump plane sur d’éventuelles négociations
Ces révélations interviennent alors que l’hypothèse de négociations de paix est de plus en plus évoquée, notamment avec le retour annoncé de Donald Trump à la Maison Blanche. Le républicain, déjà président de 2017 à 2021, a promis de rétablir la paix en Ukraine « en 24 heures » et appelé à un « cessez-le-feu immédiat ».
Mais en Ukraine, on craint qu’un retour de Trump ne débouche sur un accord défavorable. En difficulté sur le front et très dépendante de l’aide occidentale, Kiev redoute d’être contraint à des concessions douloureuses. La semaine dernière, le président Volodymyr Zelensky a d’ailleurs exhorté les Occidentaux à rester unis, estimant que seule la cohésion entre les États-Unis et l’Europe pouvait « vraiment arrêter Poutine ».
Moscou dénonce le « comportement ambigu » de Paris
De son côté, la Russie semble vouloir semer le trouble chez les alliés de Kiev. Sergueï Lavrov a ainsi dénoncé le « comportement ambigu » de la France dans ce conflit, faisant référence à l’hypothèse évoquée par certains pays européens, dont la France, d’envoyer des troupes en Ukraine pour garantir un éventuel cessez-le-feu.
Pour le chef de la diplomatie russe, ce type de déclarations « n’incite pas à prendre au sérieux ce qui se passe à l’initiative de nos collègues français ». Une manière de remettre en cause la sincérité et la cohérence de la position française sur ce dossier ultra-sensible.
Alors que la guerre en Ukraine vient d’entrer dans son deuxième année, ces échanges d’accusations illustrent la complexité de la situation et les nombreux obstacles qui se dressent encore sur le chemin d’une éventuelle résolution pacifique du conflit. Les prochains mois, avec le retour de Donald Trump au pouvoir, s’annoncent déterminants et potentiellement périlleux pour l’unité du camp occidental face à la Russie.