26 juillet 1980. Alors que les Jeux Olympiques de Moscou battent leur plein depuis une semaine, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête dans le village olympique. L’absence des athlètes américains, qui ont boycotté l’événement suite à l’invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques quelques mois plus tôt, se fait cruellement ressentir. Un coup dur pour ces Jeux placés sous le signe de la paix et de la fraternité entre les peuples.
Un village olympique en demi-teinte
Dans les allées du village, l’atmosphère est étrange. Les délégations du Tiers-Monde semblent être les seules à profiter des infrastructures et des magasins de souvenirs made in URSS. Les transistors et appareils photos soviétiques n’attirent pas les foules. “Le cœur n’y est pas”, résume un journaliste français présent sur place. Même si les athlètes tricolores ont fait le déplacement, ils n’ont pas défilé lors de la cérémonie d’ouverture, en signe de protestation.
Des records malgré les absents
Pourtant, sur les stades et dans les bassins, les performances sont au rendez-vous. En l’espace de cinq jours, les sportifs soviétiques et est-allemands ont prouvé qu’ils étaient capables d’être les plus rapides malgré l’absence des glorieux athlètes américains. Les records tombent les uns après les autres :
- Vladimir Salnikov est devenu le premier nageur à descendre sous les 15 minutes au 1500 mètres nage libre
- Chez les dames, les Allemandes de l’Est Rika Reinisch et Barbara Krause ont dominé le 100 mètres dos et le 100 mètres nage libre
La politique s’invite aux Jeux
Mais pour le téléspectateur soviétique rivé devant son écran, peu importe finalement qu’un Britannique monte sur le podium sous le drapeau olympique ou que la bannière australienne réapparaisse. Les caméras ont pour consigne de ne filmer que les hampes des drapeaux lors des cérémonies de remises de médailles. La politique n’est jamais très loin dans ces Jeux Olympiques de Moscou.
Les Jeux Olympiques sont devenus un élément de la propagande dans chacun des deux camps.
Jean-Paul Ollivier, journaliste sportif
Quatre ans plus tard, l’URSS et ses alliés prendront leur revanche en boycottant à leur tour les Jeux Olympiques de Los Angeles. Mais en cette fin juillet 1980, le sport essaie tant bien que mal de reprendre ses droits dans une atmosphère des plus pesantes. Des Jeux Olympiques à l’image d’un monde coupé en deux par le Rideau de Fer.
