Une décision de justice qui fait grand bruit. Le tribunal administratif de Marseille a condamné ce mardi l’État français à verser 75 000 euros aux héritiers d’Yvan Colonna. Cette indemnisation fait suite à l’agression mortelle subie par le militant corse en mars 2022, alors qu’il purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Érignac.
De graves dysfonctionnements pointés du doigt
Dans son jugement, le tribunal a relevé des « manquements fautifs » de l’administration pénitentiaire, en particulier concernant la surveillance des détenus. L’auteur de l’agression, Franck Elong Abé, n’avait notamment pas été inscrit au quartier d’évaluation de la radicalisation, malgré sa dangerosité avérée.
C’est une vraie victoire de la reconnaissance des fautes de l’administration qui sont en lien direct avec l’agression et le décès d’Yvan Colonna.
Me Patrice Spinosi, avocat de la famille Colonna
Un agresseur au profil inquiétant
Franck Elong Abé, le détenu qui a violemment agressé Yvan Colonna, était classé « détenu particulièrement signalé » (DPS) depuis 2015 en raison de sa grande dangerosité et de son comportement instable et violent. Il purgeait plusieurs peines, dont une de 9 ans pour association de malfaiteurs terroriste.
Une indemnisation en deux temps
La famille d’Yvan Colonna avait déjà obtenu un peu plus de 200 000 euros d’indemnisation dans le cadre d’un accord transactionnel avec l’État. Cette nouvelle condamnation à 75 000 euros vient réparer spécifiquement les préjudices subis par Yvan Colonna lui-même, liés à l’angoisse de sa mort imminente et au sentiment d’abandon face à son agresseur.
Le combat judiciaire de la famille Colonna
Insatisfaits de l’offre initiale de l’État qui proposait 40 000 euros, les proches d’Yvan Colonna avaient saisi la justice administrative pour réclamer 200 000 euros. Au final, le tribunal a suivi les conclusions du rapporteur public en accordant 75 000 euros.
Cette affaire tragique met en lumière les failles dans la gestion des détenus dangereux et le lourd tribut payé par Yvan Colonna et ses proches. Si la décision du tribunal administratif apporte une forme de reconnaissance des manquements de l’État, elle ne pourra effacer la douleur d’une vie brutalement interrompue derrière les barreaux.