L’annonce de l’exécution de Jamshid Sharmahd, un dissident irano-allemand âgé de 69 ans, en Iran a provoqué une onde de choc. Aujourd’hui, sa fille Gazelle Sharmahd et sa famille réclament des preuves attestant de sa mort. Une situation tragique qui soulève de nombreuses interrogations sur le sort réservé à cet homme, emprisonné arbitrairement depuis 2020.
Une famille en quête de vérité
Selon une source proche du dossier, l’exécution de Jamshid Sharmahd aurait eu lieu le 28 octobre dernier, après qu’il ait été condamné à mort en février 2023 pour son implication présumée dans un attentat en 2008. Cependant, sa famille n’a reçu aucune preuve tangible de son exécution, ni aucune information sur ce qu’il est advenu de sa dépouille.
Gazelle Sharmahd, la fille du dissident qui vit aux États-Unis, a confié lors d’un entretien à l’AFP : “Nous attendons la vérification par les Allemands et les Américains de ce qui est arrivé à cet otage germano-américain. Tout ce que nous avons sont des affirmations sans preuve”. Elle a également souligné les nombreuses zones d’ombre entourant cette affaire, évoquant la possibilité que son père ait pu être empoisonné, mort des suites de mauvais traitements ou encore qu’il soit toujours en vie.
Un militant capturé arbitrairement
Jamshid Sharmahd, un militant de la mouvance de l’opposition monarchiste iranienne, avait été capturé en 2020 alors qu’il était en transit aux Émirats arabes unis. Jugé et condamné en Iran, il aurait dû bénéficier de la protection de l’Allemagne et des États-Unis, pays dont il possédait la nationalité. Cependant, selon sa famille, les gouvernements de ces deux pays n’ont pas agi suffisamment pour le sauver.
“Les deux gouvernements (américain et allemand) ont eu de nombreuses occasions de faire sortir mon père ou au moins de faire commuer sa sentence de mort. Ils sont complices”
– Gazelle Sharmahd, fille de Jamshid Sharmahd
Une “diplomatie des otages” dénoncée
Le cas de Jamshid Sharmahd n’est malheureusement pas isolé. Plusieurs Européens ou binationaux sont actuellement détenus dans les geôles iraniennes. Les ONG et les chancelleries occidentales accusent régulièrement Téhéran de pratiquer une “diplomatie des otages”, utilisant ces prisonniers comme monnaie d’échange dans les négociations internationales.
Face à cette situation, l’Allemagne a décidé de fermer ses trois consulats en Iran, tout en maintenant son ambassade à Téhéran et ses “canaux diplomatiques” avec le régime. Une réaction jugée insuffisante par Gazelle Sharmahd, qui estime que cela aurait dû être fait il y a quatre ans, au moment de la capture de son père.
Un deuil impossible
Pour la famille de Jamshid Sharmahd, l’absence de preuves concernant son exécution rend le deuil impossible. Gazelle Sharmahd a insisté sur la responsabilité de l’Allemagne et des États-Unis dans cette affaire, leur demandant d’exiger le transfert du corps de son père à la famille, si une dépouille mortelle existe.
Cette tragédie met en lumière la situation précaire des binationaux et des opposants politiques détenus en Iran. Elle soulève également des questions sur l’efficacité des actions diplomatiques menées par les pays occidentaux pour protéger leurs ressortissants. Dans l’attente de réponses, la famille de Jamshid Sharmahd continue de se battre pour connaître la vérité sur le sort de cet homme, victime d’une justice arbitraire et d’un système politique répressif.