C’est un coup dur pour le Hamas. Yahya Sinouar, le chef politique du mouvement islamiste palestinien, a été tué jeudi lors d’une frappe de l’armée israélienne sur la bande de Gaza. Considéré comme l’un des cerveaux derrière les sanglantes attaques du 7 octobre 2023 en Israël qui ont déclenché la guerre actuelle, sa mort sonne-t-elle pour autant le glas de ce conflit qui ravage la région depuis plus d’un an ? Rien n’est moins sûr.
Yahya Sinouar, architecte de la terreur
Âgé de 62 ans, Yahya Sinouar était l’un des derniers hauts responsables du Hamas encore en vie. D’abord chef du mouvement pour la bande de Gaza, il en avait pris la tête politique après la mort d’Ismaël Haniyeh, tué à Téhéran en juillet dernier. Pour Israël, Sinouar était l’un des principaux commanditaires des attentats meurtriers perpétrés le 7 octobre 2023 sur son sol.
Le martyr de notre chef Yahya Sinouar ne fera que renforcer notre mouvement et notre résistance.
Khalil al-Hayya, membre du Hamas
Un coup dur mais pas fatal pour le Hamas
Si la mort de Sinouar est indéniablement un revers pour le Hamas, le mouvement assure qu’elle ne signera pas son arrêt de mort. Comme l’a déclaré Khalil al-Hayya, un responsable basé au Qatar, elle “ne fera que renforcer notre mouvement et notre résistance”.
La branche armée du Hamas a quant à elle affirmé qu’elle continuerait le combat “jusqu’à la libération de la Palestine, l’expulsion du dernier sioniste et la restauration de tous nos droits légitimes”. Des propos martiaux qui laissent présager la poursuite des hostilités.
Israël déterminé à “écraser” le Hamas
Du côté israélien, on se félicite de ce “coup sévère” porté au Hamas avec l’élimination de son chef. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a même assuré que la mort de Sinouar marquait “le début de la fin” de la guerre à Gaza, réaffirmant la volonté de son pays d’“écraser” le mouvement islamiste.
Une rhétorique guerrière que ne semblent pas totalement partager les partenaires occidentaux d’Israël. Si le président américain Joe Biden a estimé que la disparition de Sinouar ouvrait la voie à “un chemin vers la paix”, il a dans le même temps appelé, aux côtés des dirigeants français, allemand et britannique, à une fin “immédiate” des combats.
Le spectre d’une catastrophe humanitaire
Car au-delà des enjeux sécuritaires et politiques, c’est bien la situation humanitaire à Gaza et au sud-Liban qui inquiète la communauté internationale. Selon l’Unicef, la bande de Gaza est devenue un véritable “enfer sur terre” pour le million d’enfants qui y vivent, avec environ 40 décès par jour.
- 42 500 Palestiniens tués à Gaza depuis le début de la guerre
- 99 546 Palestiniens blessés
- “Vastes destructions” des villes et villages du sud-Liban selon l’ONU
Malgré les appels à améliorer l’acheminement de l’aide, les Gazaouis “continuent d’être pris au piège, affamés et malades”, s’alarme l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens. Une situation similaire prévaut au Liban voisin, lui aussi dévasté par les combats entre le Hezbollah et Israël, son Premier ministre dénonçant “l’ingérence flagrante” de l’Iran par la voix du mouvement chiite.
Vers une désescalade des violences ?
Si la mort de Yahya Sinouar ne semble pas en mesure à elle seule de mettre un terme au conflit, elle pourrait néanmoins constituer un tournant. C’est en tout cas le pari des dirigeants occidentaux, qui y voient “une opportunité” de progresser vers un cessez-le-feu et d’engager la région sur la voie d’une paix durable.
Ajouter la guerre à la guerre n’amène ni la paix, ni la sécurité, ni pour Israël, ni pour personne dans la région.
Emmanuel Macron, président français
Mais dans une zone où les fractures sont si profondes et les ressentiments si ancrés, la route s’annonce encore longue et semée d’embûches. Seule certitude, elle ne pourra passer que par le dialogue et la diplomatie. Comme l’a justement souligné le président français Emmanuel Macron, “ajouter la guerre à la guerre” n’apportera “ni la paix, ni la sécurité”.