Le drame est encore dans tous les esprits. Vendredi soir dernier, Elias, un adolescent de seulement 14 ans, a été poignardé à mort. Un acte d’une violence inouïe qui soulève à nouveau la question de la délinquance des mineurs et des failles de notre système judiciaire pour y faire face. Invité exceptionnel du 20H de TF1 ce lundi, le garde des Sceaux Gérald Darmanin a reconnu ces manquements et annoncé une série de mesures chocs.
100 magistrats en renfort dont 50 juges pour enfants
Première décision forte : l’arrivée de 100 magistrats supplémentaires spécialisés sur les affaires de mineurs. Parmi eux, 50 juges pour enfants seront désignés dans les toutes prochaines semaines. L’objectif affiché est clair : mieux encadrer les jeunes délinquants multirécidivistes en renforçant les effectifs.
Car le manque de moyens humains est pointé du doigt depuis longtemps par les professionnels de la justice des mineurs. Avec des délais de jugement qui s’allongent et un suivi trop espacé, de nombreux jeunes passent entre les mailles du filet. Ce renfort de taille est donc une première réponse face à l’urgence.
Un parquet national anti-criminalité organisée dès 2026
Mais le garde des Sceaux veut aller plus loin. Il a annoncé la création, dès 2026, d’un parquet national dédié à la lutte contre la criminalité organisée. Une structure qui centralisera le traitement des affaires les plus graves et complexes impliquant des mineurs.
L’enjeu : être plus réactif et efficace face aux réseaux qui exploitent des jeunes, souvent très tôt happés par la délinquance. En mutualisant les moyens d’enquête et les compétences, ce parquet aura pour mission de démanteler ces filières et d’assurer un suivi judiciaire resserré des mineurs impliqués.
Une réponse judiciaire plus ferme et rapide
Au-delà des moyens, c’est aussi la doctrine pénale qui doit évoluer selon Gérald Darmanin. Avec un maître-mot : la fermeté. Concrètement, cela passera par une accélération des procédures et un durcissement des sanctions pour les mineurs récidivistes.
Il faut que la réponse pénale soit plus rapide et plus ferme. Un acte grave doit être sanctionné comme tel, quel que soit l’âge de l’auteur.
Gérald Darmanin, Ministre de l’Intérieur
Une position qui tranche avec l’approche essentiellement éducative et de réinsertion prônée jusqu’ici. Le garde des Sceaux assume ce tournant répressif, y compris pour les plus jeunes. Mais cette fermeté affichée suffira-t-elle à enrayer l’engrenage de la violence chez certains mineurs ?
Prévenir plutôt que guérir ?
C’est tout l’enjeu du débat qui s’ouvre. Si un consensus existe sur la nécessité d’adapter la réponse pénale, beaucoup d’experts appellent à ne pas négliger le volet préventif. Renforcer la présence éducative dans les quartiers, donner plus de moyens à la protection de l’enfance, responsabiliser les parents… Autant de leviers essentiels pour éviter les passages à l’acte.
La répression ne peut être la seule réponse. Il faut s’attaquer aux racines du mal, et cela passe par un accompagnement au long cours de ces jeunes en difficulté.
Un éducateur spécialisé
Un équilibre délicat entre prévention et sanction que devra trouver la future réforme de la justice des mineurs. Le chantier s’annonce vaste et semé d’embûches. Mais face à des drames comme celui d’Elias, l’inaction n’est plus une option. La pression est plus que jamais sur le gouvernement pour apporter des réponses à la hauteur de cet enjeu sociétal majeur.
Le garde des Sceaux l’assure : les premières mesures seront déployées sans attendre. Avec l’espoir qu’elles contribuent à endiguer le fléau de la délinquance juvénile et à éviter de nouveaux drames. Un combat de longue haleine qui engagera l’avenir de notre jeunesse et de notre société toute entière.