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Mort de Jean Pormanove : Enquête sur un Drame en Direct

Un streamer meurt en direct après des mois de violences diffusées. Qui est responsable ? Une enquête choc révèle des vérités troublantes...

Imaginez-vous devant votre écran, suivant un stream en direct, quand soudain, l’impensable se produit : la personne à l’écran s’effondre, inerte. C’est ce qui est arrivé à Raphaël Graven, connu sous le pseudonyme de Jean Pormanove, dans la nuit du 17 au 18 août 2025. Ce drame, survenu lors d’une diffusion sur la plateforme Kick, a choqué des milliers de spectateurs et relancé le débat sur la régulation des contenus en ligne. Que s’est-il réellement passé ?

Un Drame en Direct qui Secoue le Monde du Streaming

La mort de Jean Pormanove, un ancien militaire de 46 ans, a marqué un tournant dans l’univers du streaming. Connu pour ses vidéos sur la plateforme australienne Kick, il était suivi par des centaines de milliers d’abonnés. Mais derrière l’apparente légèreté de ses streams, un drame se jouait : des violences physiques et psychologiques diffusées en direct, sous le regard complice de milliers de spectateurs. Comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire ?

Qui Était Jean Pormanove ?

Raphaël Graven, alias Jean Pormanove, était un personnage haut en couleur dans le monde du streaming français. Ancien militaire, il s’était lancé sur les réseaux sociaux en 2018, d’abord en jouant à des jeux vidéo comme Fortnite. Rapidement, il gagne en popularité grâce à ses réactions spontanées et son humour. En 2023, il rejoint le collectif Le Lokal TV, un groupe de streameurs basés à Nice, où il co-animait des directs aux côtés de deux autres figures, Safine et Naruto.

Mais ce qui semblait être un divertissement s’est transformé en cauchemar. Les streams du collectif mettaient en scène des actes de violence et des humiliations, souvent dirigés contre Jean Pormanove et un autre streameur, Coudoux, une personne en situation de handicap sous curatelle. Ces contenus, présentés comme des « défis » ou des « mises en scène », attiraient un public nombreux, prêt à payer pour voir toujours plus de provocations.

Une Plateforme Controversée : Kick sous le Feu des Critiques

Kick, créée en 2022, s’est imposée comme une alternative à Twitch grâce à ses règles de modération extrêmement permissives. Contrairement à son concurrent, qui impose des restrictions strictes sur les contenus violents ou choquants, Kick a attiré des créateurs controversés, bannis d’autres plateformes pour des propos ou comportements problématiques. Cette liberté a un prix : des contenus extrêmes, parfois illégaux, y sont diffusés sans réelle régulation.

La chaîne de Jean Pormanove, avec ses 161 000 abonnés et des pics d’audience à plus de 22 000 spectateurs, était l’une des plus suivies en France sur Kick. Pourtant, les vidéos montraient des actes choquants : coups, tirs de paintball sans protection, étranglements, humiliations verbales. Ces scènes, loin d’être isolées, faisaient partie d’un véritable business de la maltraitance, alimenté par les dons des spectateurs.

Kick se distingue par une modération légère, permettant à des contenus violents de prospérer, au détriment de la sécurité des créateurs et des spectateurs.

Les Accusations de Maltraitance : Consentement ou Manipulation ?

Safine Hamadi, l’un des animateurs de la chaîne, a vigoureusement nié toute maltraitance dans une interview diffusée le 31 août 2025. Selon lui, tout était consenti et les réactions de Jean Pormanove, parfois violentes, étaient exagérées pour « faire le buzz ». Il affirme que chaque participant, y compris Jean Pormanove, touchait environ 6 000 euros par mois pour son rôle d’« acteur » dans ces vidéos.

« Je ne le maltraitais pas, je ne le maltraitais pas du tout. Tout était consenti. »

Safine Hamadi, lors d’une interview radiophonique

Cette version est contestée par certains éléments troublants. Quelques jours avant sa mort, Jean Pormanove avait envoyé un message à sa mère, déclarant se sentir « séquestré avec leur concept de merde ». Bien qu’il ait par la suite rassuré sa mère en affirmant qu’il allait bien, ce message soulève des questions sur son état psychologique et sa liberté réelle.

Une Enquête pour Faire la Lumière

Le parquet de Nice a ouvert une enquête pour « recherche des causes de la mort » dès le 19 août 2025. Une autopsie, réalisée le 21 août, a conclu que le décès n’était pas lié à une intervention extérieure, pointant plutôt vers des causes médicales ou toxicologiques. Cependant, une seconde enquête, ouverte par le parquet de Paris, vise à déterminer si Kick a diffusé sciemment des contenus violents, en violation de la loi.

Les investigations ont également révélé que des alertes avaient été lancées dès décembre 2024, après un article dénonçant les pratiques de la chaîne. À l’époque, Safine et Naruto avaient été placés en garde à vue, mais relâchés après que Jean Pormanove et Coudoux eurent affirmé que les actes étaient scénarisés. Cette absence de suites judiciaires à l’époque interroge sur la réactivité des autorités.

Le Rôle des Spectateurs : Complices ou Victimes ?

Le public jouait un rôle central dans le modèle économique de la chaîne. Les spectateurs, en échange de dons, pouvaient influencer les « défis » imposés à Jean Pormanove et Coudoux. Ce système, où la violence devenait un spectacle monétisé, soulève des questions éthiques profondes. Les spectateurs étaient-ils complices d’un système de maltraitance ou simplement attirés par un contenu provocateur ?

Pour mieux comprendre, voici les éléments clés du modèle économique de la chaîne :

  • Monétisation des dons : Les spectateurs payaient pour voir des actes spécifiques, alimentant la surenchère.
  • Réactions spectaculaires : Les provocations étaient conçues pour générer des clips viraux.
  • Absence de modération : La plateforme Kick tolérait ces contenus, contrairement à d’autres plateformes.

La Réponse de Kick : Trop Peu, Trop Tard ?

Face à la polémique, Kick a réagi le 20 août 2025 en bannissant les comptes des co-streameurs impliqués, dont Safine et Naruto. La plateforme a également promis une « révision complète » de ses contenus en français et une collaboration avec les autorités. Mais pour beaucoup, cette réponse arrive trop tard. La chaîne de Jean Pormanove, régulièrement mise en avant par Kick, était connue pour ses dérives depuis des mois.

« Nous sommes profondément attristés par la disparition de Jean Pormanove et collaborons pleinement avec les autorités. »

Communiqué officiel de Kick, 20 août 2025

La ministre déléguée au Numérique, Clara Chappaz, a qualifié ce drame d’« horreur absolue » et saisi l’Arcom, le régulateur français de l’audiovisuel, pour enquêter sur les pratiques de Kick. Cette intervention met en lumière un problème plus large : la responsabilité des plateformes face aux contenus qu’elles hébergent.

Un Système de Maltraitance Institutionnalisé ?

Le cas de Jean Pormanove n’est pas isolé. D’autres streameurs, sur Kick et ailleurs, ont été impliqués dans des scandales similaires, où la violence devient un outil de monétisation. La plateforme, liée à un site de paris en ligne controversé, a construit son succès sur une promesse de liberté totale, attirant des créateurs bannis d’autres plateformes pour des comportements extrêmes.

Ce modèle économique, où la provocation est récompensée, pose une question cruciale : jusqu’où peut-on aller au nom du « buzz » ? Les streameurs, sous pression pour produire du contenu toujours plus choquant, se retrouvent parfois piégés dans un cycle de surenchère, au détriment de leur santé physique et mentale.

Aspect Conséquences
Modération permissive Diffusion de contenus violents sans sanction
Monétisation des dons Encouragement des actes extrêmes
Absence de régulation Risques pour la santé des streameurs

Vers une Régulation des Plateformes ?

La mort de Jean Pormanove a ravivé le débat sur la nécessité de réguler les plateformes de streaming. En Europe, le Digital Services Act impose aux plateformes numériques de mieux contrôler les contenus illicites. Pourtant, des plateformes comme Kick semblent échapper à ces obligations, en partie à cause de leur siège à l’étranger.

Des experts, comme Bastien Le Querrec, juriste à la Quadrature du Net, déplorent l’inaction des autorités face aux alertes lancées dès 2024. « Quand les premières révélations ont été faites, la balle était dans le camp de la justice et du gouvernement. Rien n’a été fait », regrette-t-il. Cette inaction a permis à la chaîne de continuer ses activités, malgré des signaux évidents de dérive.

Le Témoignage de la Famille : Une Voix dans le Silence

La mère de Jean Pormanove, dans une interview télévisée, a partagé son désarroi. Elle évoque un fils qui, malgré un message alarmant, semblait minimiser la gravité de sa situation. « Il m’a rassurée, il disait que ça allait », confie-t-elle. Ce témoignage poignant met en lumière les pressions psychologiques auxquelles les streameurs peuvent être soumis, même lorsqu’ils semblent consentants.

« Il me disait : “Ça va, t’inquiète pas.” Mais je sentais qu’il n’était pas bien. »

Mère de Jean Pormanove, dans une interview télévisée

Ce drame soulève une question essentielle : un consentement donné sous pression financière ou psychologique est-il vraiment libre ? Les streameurs, dépendants des revenus générés par leurs vidéos, peuvent se retrouver piégés dans des dynamiques toxiques, où la frontière entre mise en scène et maltraitance devient floue.

Quel Avenir pour le Streaming en Ligne ?

La mort de Jean Pormanove n’est pas seulement une tragédie personnelle ; elle est un signal d’alarme pour l’industrie du streaming. Les plateformes comme Kick, en quête de profit, ont créé un environnement où la provocation est récompensée, au détriment de la sécurité des créateurs. Ce modèle, basé sur la surenchère et l’absence de garde-fous, doit être repensé.

Pour éviter de nouveaux drames, plusieurs pistes sont envisagées :

  • Régulation stricte : Imposer des sanctions aux plateformes qui tolèrent des contenus violents.
  • Protection des créateurs : Mettre en place des mécanismes pour détecter les situations de maltraitance.
  • Sensibilisation du public : Éduquer les spectateurs sur l’impact de leurs dons et commentaires.

Le drame de Jean Pormanove restera dans les mémoires comme un avertissement. Il rappelle que derrière les écrans, il y a des vies humaines, souvent vulnérables, prises dans un engrenage où la quête de popularité peut mener à l’irréparable.

Conclusion : Un Appel à la Responsabilité

La mort de Jean Pormanove n’est pas un simple accident ; elle est le résultat d’un système qui glorifie la violence pour le profit. Les enquêtes en cours devront déterminer les responsabilités, mais une chose est claire : les plateformes, les créateurs et les spectateurs doivent tous repenser leur rôle dans cet écosystème numérique. En attendant, le souvenir de Jean Pormanove nous rappelle l’urgence de protéger ceux qui divertissent, parfois au prix de leur vie.

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