L’annonce de la mort de Jean-Marie Le Pen, ce mardi à l’âge de 96 ans, a suscité une vague de réactions dans tout le paysage politique français. Figure emblématique et hautement controversée de l’extrême droite, celui que l’on surnommait le «Menhir» aura marqué de son empreinte la Ve République pendant plus d’un demi-siècle.
Un homme politique inclassable
Né en 1928 à La Trinité-sur-Mer, Jean-Marie Le Pen s’engage très tôt en politique. Élu plus jeune député de France en 1956, il se fait rapidement remarquer par ses prises de position radicales et son franc-parler. Pourfendeur du «système», il n’aura de cesse de bousculer les codes de la bien-pensance, quitte à choquer et à diviser.
Son parcours politique sera jalonné de polémiques et de provocations délibérées. Ses détracteurs l’accuseront de racisme, d’antisémitisme et de xénophobie, tandis que ses partisans salueront son «courage» à aborder des sujets tabous comme l’immigration.
La création du Front national
En 1972, Jean-Marie Le Pen fonde le Front national, parti qui deviendra le principal étendard de l’extrême droite en France. Pendant près de 40 ans, il en sera la figure de proue incontestée, construisant patiemment sa montée en puissance électorale.
Le «moment de vérité» surviendra en avril 2002, lorsque contre toute attente, Jean-Marie Le Pen se qualifiera pour le second tour de l’élection présidentielle face à Jacques Chirac. Un véritable séisme politique qui poussera la classe politique dans son ensemble à faire barrage au candidat d’extrême droite.
Le 21 avril 2002 restera à jamais une date charnière dans l’histoire politique française.
Un politologue
La passation de pouvoir à Marine Le Pen
Écarté progressivement des instances dirigeantes du parti par sa fille Marine Le Pen à partir de 2011, Jean-Marie Le Pen sera finalement exclu du Front national en 2015 après des propos polémiques sur les chambres à gaz. Une rupture familiale et politique consommée.
Malgré ce départ forcé, l’ombre du patriarche continuera de planer sur le parti. Marine Le Pen, tout en prenant ses distances avec les excès verbaux de son père, s’inscrira dans la lignée de son combat identitaire et de sa rhétorique anti-establishment.
Un héritage politique complexe
Au-delà des condamnations morales suscitées par nombre de ses sorties, Jean-Marie Le Pen laisse derrière lui un héritage politique dont il est difficile de nier l’importance. Par la radicalité de son discours, il aura contribué à remodeler en profondeur le débat public français, poussant des thèmes comme l’immigration et l’identité nationale sur le devant de la scène.
Sa disparition soulève inévitablement des questions sur l’avenir de l’extrême droite française et sur la capacité de sa fille à perpétuer son héritage. Une chose est sûre : avec la mort de Jean-Marie Le Pen, c’est une page de l’histoire politique française qui se tourne, pour le meilleur et pour le pire.
Les réactions à sa disparition
L’annonce de la mort de Jean-Marie Le Pen a suscité une avalanche de réactions de la part de la classe politique. Si beaucoup ont tenu à rappeler les outrances et les propos inacceptables de l’ancien leader frontiste, d’autres ont salué la mémoire d’un «tribun hors pair» qui aura «bousculé le paysage politique».
À droite, on retient surtout sa «constance» dans ses engagements et sa capacité à avoir su «mettre des mots sur les maux» d’une partie de la population française. À gauche, on dénonce le bilan d’un «homme qui aura passé sa vie à attiser la haine et la division».
La mort n’efface pas le devoir de juger et de condamner ce qui doit l’être.
Un responsable politique de gauche
L’Élysée, par la voix de son porte-parole, a souligné que «le rôle joué par Jean-Marie Le Pen dans la vie publique de notre pays relève désormais du jugement de l’Histoire». Un jugement qui sera sans nul doute aussi complexe et nuancé que le parcours politique de celui qui restera à jamais «le diable de la République».
