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Mort de Breyten Breytenbach, Poète Sud-Africain Anti-Apartheid

Disparition de Breyten Breytenbach, voix majeure de la littérature sud-africaine. Poète, peintre et militant infatigable contre l'apartheid, il avait fait de sa vie et de son art des armes au service de la liberté. Un destin...

L’Afrique du Sud vient de perdre l’une de ses plus grandes voix. L’écrivain et militant anti-apartheid Breyten Breytenbach s’est éteint ce dimanche à Paris, sa ville d’adoption, à l’âge de 85 ans. Poète, romancier, essayiste mais aussi peintre, il laisse derrière lui une œuvre foisonnante et engagée, qui a fait de lui le chantre blanc de la lutte contre la ségrégation raciale dans son pays natal.

Un exil pour combattre l’apartheid

Né en 1939 à Bonnievale, petite ville de la province du Cap, Breyten Breytenbach quitte l’Afrique du Sud au début des années 1960, refusant de vivre sous le régime de l’apartheid. Il s’installe à Paris où il épouse en 1963 une femme d’origine vietnamienne, un mariage interracial alors passible de prison dans son pays. Mais l’exil ne l’empêche pas de retourner clandestinement en Afrique du Sud pour y poursuivre son combat.

En 1975, il est arrêté lors d’un de ces séjours illégaux et condamné à neuf ans de prison pour haute trahison, dont il purgera sept, avec deux années à l’isolement total. Seul son frère, un militaire gradé, sera autorisé à lui rendre visite. Cette expérience de l’enfermement nourrira son œuvre la plus connue, « Confessions véritables d’un terroriste albinos ».

La poésie pour arme

Mais c’est à la poésie, essentiellement en langue afrikaans, que Breyten Breytenbach a consacré la majeure partie de sa prolifique carrière. Avec une cinquantaine de recueils, il est considéré comme l’un des plus grands poètes de cette langue. Une poésie engagée et sans concession, qui n’a eu de cesse de dénoncer le système de l’apartheid et l’oppression du peuple noir sud-africain.

En poésie, chaque mot est comme un univers inattendu qui s’ouvre des profondeurs du langage.

Breyten Breytenbach

Entre la France et l’Afrique du Sud

Libéré en 1982 grâce à l’intervention du président français François Mitterrand, Breytenbach choisit de rester en France, dont il obtient la nationalité. Nommé Chevalier de la Légion d’honneur et Commandeur des Arts et des Lettres, il n’en oublie pas pour autant son pays natal, où il effectue de fréquents séjours après la chute de l’apartheid en 1994. Mais là encore, il garde son regard critique et n’hésite pas à s’en prendre à la nouvelle élite politique, qu’il juge corrompue et incompétente.

Une vie d’engagement

Jusqu’à ses derniers jours, Breyten Breytenbach aura été un infatigable défenseur des droits de l’homme, mettant sa notoriété au service de multiples causes. Cofondateur de l’Institut Gorée pour la démocratie en Afrique, installé au Sénégal, il n’aura eu de cesse de militer pour un monde plus juste. Un engagement qu’il résumait ainsi:

L’écriture est un acte dangereux. C’est se glisser entre les failles de la réalité pour tenter d’atteindre, ne serait-ce qu’un instant, un peu plus de lumière.

Breyten Breytenbach

Sa disparition laisse un grand vide, mais son message humaniste et son œuvre puissante continueront à inspirer les générations futures. Comme l’a déclaré son ami de longue date et ancien ministre français de la Culture Jack Lang, « rebelle au cœur tendre, Breyten Breytenbach restera une lumière de nos imaginaires et un exemple de lutte en faveur de toutes les libertés ».

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