C’est une triste nouvelle qui a ébranlé le monde du cinéma ce dimanche 18 août : Alain Delon, monstre sacré du 7ème Art, s’est éteint à l’âge de 88 ans dans sa propriété de Douchy, entouré de ses proches. Avec lui disparaît l’un des derniers géants du cinéma français, celui qui a fait rêver des générations de spectateurs avec son regard bleu perçant, son charisme magnétique et sa présence féline à l’écran.
Le « charmeur » à la beauté dangereuse
Né le 8 novembre 1935 à Sceaux, Alain Delon a connu une enfance difficile, marquée par le divorce de ses parents et un passage en maison de correction. C’est durant son service militaire en Indochine qu’il se découvre une passion pour le cinéma. De retour en France, sa beauté stupéfiante lui ouvre les portes du 7ème Art.
Remarqué dans Christine de Pierre Gaspard-Huit aux côtés de Romy Schneider, qui deviendra sa fiancée, Delon accède à la célébrité avec Plein Soleil de René Clément en 1960. Suivront Rocco et ses frères de Visconti, Mélodie en sous-sol d’Henri Verneuil ou encore Le Guépard, à nouveau sous la direction du maître italien. Mais c’est son rôle de tueur à gages dans Le Samouraï de Jean-Pierre Melville en 1967 qui lui collera à la peau et fera de lui une icône du cinéma.
J’ai profité de tout. J’ai eu le courage d’aller jusqu’au bout de mes fantasmes, jusqu’au bout de mes rêves. Je n’ai vraiment rien lâché.
Alain Delon
Un destin hors normes
La vie privée mouvementée d’Alain Delon a souvent défrayé la chronique. Fiancé à Romy Schneider, marié à Nathalie Delon, en couple avec Mireille Darc durant 15 ans, il aura aussi de nombreuses liaisons, notamment avec Brigitte Bardot. De ses amours naîtront 4 enfants : Anthony, Anouchka, Alain-Fabien et Ari.
Malgré les drames et les polémiques qui ont jalonné son existence, comme l’affaire Markovic en 1968 ou ses prises de position controversées, Delon a toujours fasciné le public. Animal solitaire, il se comparait lui-même à un fauve :
Je suis un ours. J’ai toujours vécu seul. L’amitié, pour moi, est toujours quelque chose d’exceptionnel. Quand on me parle de la souffrance des loups ou des chevaux sauvages, je comprends ce qu’ils ressentent.
Alain Delon
L’adieu à une légende
Ces dernières années, l’acteur vivait reclus dans sa propriété de Douchy, entouré de ses chiens, ses plus fidèles compagnons. En 2019, il avait fait ses adieux au cinéma, lors d’une ultime montée des marches à Cannes pour recevoir une Palme d’honneur.
Avec la disparition d’Alain Delon, c’est un pan entier du cinéma français qui s’éteint, laissant derrière lui des chefs-d’œuvre impérissables et des souvenirs inoubliables. Son charisme, sa présence magnétique, sa beauté fatale resteront à jamais gravés dans les mémoires. Le cinéma est en deuil, mais la légende Delon, elle, est éternelle.
Un héritage cinématographique unique
L’empreinte laissée par Alain Delon au cinéma est indélébile. En plus de 60 ans de carrière, il a tourné dans plus de 80 films, donnant la réplique aux plus grands réalisateurs et actrices :
- Luchino Visconti (Rocco et ses frères, Le Guépard)
- Jean-Pierre Melville (Le Samouraï, Le Cercle rouge)
- Michelangelo Antonioni (L’Eclipse)
- René Clément (Plein Soleil, Paris brûle-t-il ?)
Anticonformiste, animal à part dans le cinéma, il a imposé un style, une présence, un magnétisme qui ont révolutionné le 7ème Art. Son jeu tout en intériorité, sa beauté ténébreuse, son charisme électrique ont fait de lui bien plus qu’un acteur : une icône éternelle du cinéma, à l’aura intacte.
Il avait en lui ce charme dévastateur, cette grâce animale, cette présence sourde, ténébreuse, impénétrable.
Bertrand Tavernier
Avec Delon, c’est un peu de la France éternelle qui disparaît. Cet acteur d’exception, au destin romanesque, était le dernier des monstres sacrés, l’héritier de Gabin et Ventura, le maillon manquant entre la tradition des acteurs virils et durs à cuire et la modernité de la Nouvelle Vague. Il était le visage et l’âme du cinéma à la française.
Cette légende vivante laisse derrière elle des rôles et des répliques cultes, des films qui ont marqué l’histoire du 7ème Art. De Plein Soleil au Guépard, en passant par La Piscine ou Borsalino, les chefs-d’œuvre qu’il a illuminé de son talent sont innombrables et intemporels. Delon, c’est un style, une époque, une certaine idée du cinéma qui s’éteint. Mais qui vivra éternellement.
Je veux qu’on se souvienne de moi comme d’un acteur. Je veux qu’on dise “Putain, ce mec, quand même, qu’est-ce qu’il a joué !”
Alain Delon
Adieu l’Éternel. La France pleure son plus grand acteur, parti rejoindre les étoiles.