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Moody’s Va-t-elle Sanctionner la France ?

La France face à une nouvelle sanction de Moody's ? Entre dette croissante et incertitude politique, quelle sera la décision de l'agence vendredi ? Lisez pour le découvrir...

La France retient son souffle. Ce vendredi, l’agence de notation Moody’s pourrait rejoindre ses consœurs Fitch, S&P et Morningstar DBRS en abaissant la note souveraine du pays. Une telle décision, si elle se concrétise, marquerait un tournant dans la perception de la solidité économique française. Mais quels facteurs poussent ces agences à revoir leurs évaluations, et que pourrait signifier une dégradation pour l’avenir du pays ?

Une Économie sous Pression

Depuis plusieurs semaines, la France fait face à une série de révisions à la baisse de sa note souveraine. Tout a commencé le 12 septembre, lorsque Fitch a abaissé la note de la France de AA- à A+, signalant une dette publique de moins en moins robuste. Peu après, S&P Global et Morningstar DBRS ont suivi, chacune pointant du doigt une fragmentation politique grandissante et une incertitude qui freine les investissements des ménages et des entreprises.

Ces décisions ne sont pas anodines. Une note souveraine plus basse signifie que le pays est perçu comme plus risqué par les investisseurs, ce qui peut se traduire par des taux d’intérêt plus élevés pour emprunter. Or, avec une dette publique déjà estimée à 112 % du PIB en 2024, selon S&P, chaque point supplémentaire compte.

Moody’s à la Croisée des Chemins

Actuellement, Moody’s attribue à la France une note de Aa3, équivalent de AA- chez ses concurrentes, avec une perspective stable. Mais cette stabilité pourrait être remise en question. L’agence a déjà averti que deux éléments pourraient influencer négativement sa décision : une détérioration des finances publiques ou un recul sur des réformes structurelles, comme celle des retraites.

Une nouvelle détérioration des finances publiques ou un retour en arrière sur la réforme des retraites seraient négatifs pour le crédit.

Moody’s

Or, ces signaux d’alarme sont bien présents. Le gouvernement a suspendu la réforme des retraites jusqu’en 2028 pour éviter une censure parlementaire, une décision qui pourrait être interprétée comme un manque de volonté réformatrice. Par ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la France, passant de 1,4 % à 0,9 % pour 2026. Cette révision pèse lourd sur les perspectives de réduction du déficit et de la dette.

Les Scénarios Possibles

Que fera Moody’s vendredi ? Plusieurs scénarios sont envisagés :

  • Maintien de la note et de la perspective : Peu probable, selon les experts, car cela pourrait entamer la crédibilité de l’agence face à la dégradation observée par ses concurrentes.
  • Abaissement de la perspective à négative : Une option intermédiaire, qui signalerait des inquiétudes sans pour autant dégrader la note immédiatement.
  • Dégradation de la note : Une sanction directe, alignant Moody’s sur les autres agences, avec une note passant potentiellement à l’équivalent de A+.

Eric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, penche pour une dégradation directe. Selon lui, maintenir la note inchangée serait difficile à justifier face aux signaux économiques actuels.

Il serait assez logique que Moody’s dégrade la note. Maintenir note et perspective inchangées induirait une forte perte de crédibilité.

Eric Dor, économiste

En revanche, Paul Chollet, chef économiste au Crédit mutuel Arkéa, estime qu’un simple abaissement de la perspective à négative est plus probable. Il souligne que Moody’s rend son verdict à un moment où le gouvernement semble pouvoir tenir, notamment si le budget 2025 est adopté d’ici le 31 décembre.

Un Budget sous Haute Tension

Le vote du budget 2025 est au cœur des préoccupations. Le Premier ministre Sébastien Lecornu a assuré qu’il n’utiliserait pas l’article 49.3 de la Constitution, qui permet de faire passer un texte sans vote parlementaire, sauf en cas de censure. Cette décision oblige les députés à trouver un compromis avant la fin de l’année, sous peine de voir le gouvernement imposer son budget par ordonnances.

Le ministre de l’Économie, Roland Lescure, a réagi à la dégradation de S&P en comparant la situation à un bulletin météo déjà gris. Il a appelé les parlementaires à la responsabilité pour adopter un budget visant à réduire le déficit à 5,4 % du PIB en 2025, puis à 4,7 % en 2026, avec un objectif ambitieux de 3 % en 2029.

Mais cette trajectoire est jugée optimiste par de nombreux observateurs. S&P, par exemple, prévoit une dette publique atteignant 121 % du PIB d’ici 2028, contre 112 % fin 2024. Ce fossé entre les prévisions officielles et celles des analystes renforce l’incertitude.

Les Marchés Gardent Confiance

Malgré ces signaux inquiétants, les marchés financiers restent relativement calmes. Paul Chollet note que la dette française est actuellement traitée comme si elle était notée A ou A-, soit légèrement en dessous de sa notation officielle. Cette résilience s’explique par une confiance dans la capacité de la Banque centrale européenne (BCE) à intervenir rapidement en cas de hausse brutale des taux d’intérêt.

Indicateur Valeur 2024 Prévision 2028
Dette publique (% PIB) 112 % 121 %
Déficit public (% PIB) 6 % (est.) 4,7 % (cible)

Cette confiance dans la BCE agit comme un filet de sécurité. Si les taux d’intérêt venaient à s’envoler, l’institution pourrait intervenir pour stabiliser les marchés, limitant ainsi les répercussions d’une dégradation de la note souveraine.

Les Atouts de la France

Malgré les défis, la France conserve des forces. Sa démographie dynamique, son économie diversifiée et ses technologies de pointe sont des atouts majeurs. Ces éléments permettent au pays de maintenir une certaine attractivité, même dans un contexte de turbulences politiques et économiques.

Pour Paul Chollet, ces forces pourraient atténuer l’impact d’une dégradation de la note. Les investisseurs, conscients de ces atouts, pourraient continuer à prêter à la France à des conditions relativement favorables, à condition que des réformes structurelles soient entreprises.

Un Appel à l’Action

La décision de Moody’s, quelle qu’elle soit, sera un signal fort pour les responsables politiques français. Une dégradation de la note ou de la perspective mettrait encore plus de pression sur le gouvernement pour adopter un budget crédible et des réformes ambitieuses. À l’inverse, un maintien de la note pourrait offrir un répit temporaire, mais ne résoudrait pas les défis structurels.

Les prochaines semaines seront cruciales. Si le budget 2025 est adopté dans les délais, il pourrait envoyer un message positif aux agences de notation et aux marchés. Mais en cas d’échec, le risque d’une nouvelle vague de sanctions financières pourrait se profiler.

En attendant, la France navigue dans des eaux troubles, entre incertitudes politiques et pressions économiques. La décision de Moody’s, vendredi, pourrait bien être un tournant décisif pour l’avenir du pays.

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