Un phénomène aussi violent qu’alarmant prend de l’ampleur dans les quartiers sensibles : de plus en plus d’adolescents s’affrontent à coups de machettes, katanas et autres sabres lors de rixes aux conséquences parfois dramatiques. Depuis quelques années, les armes blanches semblent être devenues les accessoires incontournables de ces guerriers des temps modernes, prêts à en découdre pour un regard de travers ou une publication provocatrice sur les réseaux sociaux.
Un inquiétant phénomène de société
Ce constat, Amar Henni, directeur de formation de travailleurs sociaux à Grigny dans l’Essonne, le dresse avec une vive inquiétude. Oeuvrant depuis 30 ans auprès des jeunes de ce département particulièrement touché par les rixes, il a vu la situation s’envenimer au fil des générations :
La pire chose qui puisse arriver pour ces jeunes, c’est d’être humilié, et dans ces situations, les réseaux sociaux sont une caisse de résonance énorme. Ils appellent ça “hagar” quelqu’un.
Amar Henni, directeur de formation
Mais d’où vient cette fascination malsaine pour les armes blanches ? Si les facteurs sont multiples, l’influence des médias semble jouer un rôle prépondérant selon ce professionnel de terrain.
L’influence néfaste des clips de rap
Certains rappeurs n’hésitent plus à exhiber fièrement machettes et opinel dans leurs clips, à l’image de “Machette” du rappeur Meding ou “Opinel XIII” de NM. Des hymnes à la violence qui glorifient le recours aux armes blanches et font des émules chez une jeunesse en perte de repères.
Des jeux vidéo de plus en plus violents
La violence banalisée dans certains jeux vidéo best-sellers comme GTA est également pointée du doigt. Dans cette série, les personnages peuvent aisément se procurer haches et machettes pour massacrer leurs cibles dans des rues rappelant étrangement les quartiers de nos villes.
Vous regardez aujourd’hui sur Netflix, il n’y a plus une seule production qui n’est pas violente.
Amar Henni
Un marché noir florissant
Autre facteur aggravant selon les éducateurs : la facilité déconcertante avec laquelle les mineurs peuvent se procurer ce type d’armes. Sur le marché noir, certains fournisseurs peu scrupuleux les cèdent à vil prix à des adolescents qui n’ont même pas l’âge légal pour en acquérir.
Face à cette déferlante de violence, de nombreux acteurs de terrain réclament des actions concrètes :
- Renforcer la prévention, notamment via des interventions dans les collèges et lycées
- Durcir la législation sur le commerce des armes blanches
- Responsabiliser les réseaux sociaux sur la modération des contenus violents
- Accompagner les familles pour détecter les signaux d’alerte
Il y a urgence à agir, préviennent les travailleurs sociaux. Car derrière ces affrontements d’apparence insensés, c’est bien souvent un profond mal-être et un sentiment d’abandon qui poussent ces jeunes à s’engager sur la voie sans issue de la violence. Une faillite collective dont il est plus que temps de prendre la mesure.