Des projets d’attentats, une propagande haineuse d’une rare violence… C’est le profil glaçant d’un collégien de 12 ans, interpellé récemment à Sochaux dans le Doubs. Un cas d’une précocité alarmante, révélateur des dérives de la radicalisation des plus jeunes. Enquête au cœur d’un phénomène inquiétant.
L’interpellation choc d’un mineur à haut risque
Le 12 juin dernier, les forces de l’ordre débarquent au domicile d’un jeune sochalien de 12 ans. Sur ordre du parquet, l’adolescent est placé en retenue administrative, tandis que sa mère et son beau-père sont mis en garde à vue. Depuis plusieurs semaines, les services de renseignement suivaient l’activité en ligne préoccupante du garçon.
Très actif sur les réseaux sociaux, le collégien y relayait de la propagande djihadiste des plus extrêmes : apologie du terrorisme islamiste, vidéos d’exécutions sanglantes perpétrées par Daesh, propos antisémites et homophobes virulents… Un contenu d’une violence inouïe pour un si jeune âge. Face aux enquêteurs, le mineur assume ses positions radicales sans ciller.
Des projets d’attentats contre “les Français”
Mais au fil des investigations, la menace se précise. Sur les appareils numériques du jeune homme, les policiers découvrent des éléments hautement inquiétants. Des tutoriels de fabrication d’explosifs artisanaux à partir de produits du quotidien, des conseils pour se procurer des détonateurs, des vidéos détaillant comment “tuer efficacement des Français à l’arme blanche”…
Des conversations attestent sans ambiguïté des intentions terroristes de l’adolescent. Il projetait de passer à l’acte en fabriquant des engins explosifs. Des cibles semblaient déjà avoir été identifiées. Face à ces éléments accablants, le parquet antiterroriste s’est immédiatement saisi de l’affaire.
Une radicalisation express après un séjour contesté
Comment un si jeune garçon a-t-il pu basculer à ce point dans l’extrémisme ? Selon sa mère, son fils aurait radicalement changé après un séjour chez son père en Algérie à l’été 2023. À son retour, il se serait montré de plus en plus pieux et aurait adopté un discours rigoriste, rejetant les “mécréants”.
Une version battue en brèche par le père, pour qui son ex-épouse est responsable de l’embrigadement de leur fils. Il l’accuse d’avoir sciemment nourri ses penchants extrémistes pour obtenir sa garde exclusive. Entre ces accusations croisées, difficile de démêler le vrai du faux. Une chose est sûre, l’enfant présente tous les signes d’un endoctrinement accéléré.
Un cas révélateur d’un phénomène préoccupant
Bien que particulièrement choquante au vu du très jeune âge du mis en cause, cette affaire n’est malheureusement pas isolée. Depuis plusieurs années, les services antiterroristes notent une nette tendance à la radicalisation de plus en plus précoce. Des adolescents, voire des préadolescents, se laissent séduire par l’idéologie mortifère de l’islamisme radical.
Les recruteurs djihadistes ciblent des profils de plus en plus jeunes et donc influençables. Ils exploitent leur mal-être, leur quête de sens. C’est un véritable travail de prédation.
– Un enquêteur spécialisé
Les réseaux sociaux, où les mineurs passent une grande partie de leur temps, constituent un terrain de chasse idéal pour les rabatteurs. Isolement, fragilité psychologique, conflits familiaux… Autant de failles dans lesquelles s’engouffrent les recruteurs, promettant à ces jeunes une vie meilleure dans un islam fantasmé.
Prévenir plutôt que guérir
Face à la menace, les pouvoirs publics tentent de s’adapter. Depuis 2014, un numéro vert permet de signaler les cas de radicalisation. Des programmes de “déradicalisation” ont aussi été mis en place, avec un succès très mitigé. Pour les experts, la priorité doit être la prévention, dès le plus jeune âge.
- Renforcer l’éducation à la citoyenneté et à l’esprit critique à l’école
- Développer les partenariats entre établissements scolaires et associations spécialisées
- Former les enseignants à repérer les signaux d’alerte
- Responsabiliser les réseaux sociaux dans la modération des contenus extrémistes
Un travail titanesque, qui nécessitera la mobilisation de tous. Car derrière chaque jeune radicalisé se cache un enfant en souffrance, une bombe à retardement qui risque de faire de nombreuses victimes. À commencer par lui-même. Il est urgent d’agir, avant qu’il ne soit trop tard. Le cas du collégien de Sochaux doit servir de prise de conscience. Pour que plus jamais, on ne laisse un mineur sombrer dans la folie meurtrière de l’extrémisme.