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Mobilisation massive des enseignants en Belgique francophone

Première grande mobilisation sociale en Belgique francophone depuis le basculement à droite de la Wallonie. Les enseignants dénoncent massivement les coupes budgétaires en défilant par milliers dans les rues. La grève pourrait n'être que le début d'un long bras de fer...

En ce mardi de novembre, les rues des villes de Belgique francophone ont résonné des slogans et revendications de milliers d’enseignants en colère. Venus de toute la Wallonie, ils ont défilé massivement pour protester contre les coupes budgétaires envisagées par le nouvel exécutif régional, qui a basculé à droite lors des dernières élections de juin. Une mobilisation d’une ampleur inédite dans le secteur de l’éducation.

Grève et actions locales contre l’austérité

Dès l’aube, les professeurs de maternelle, primaire et secondaire ont répondu à l’appel de l’intersyndicale en cessant le travail. Aux quatre coins de la région, ils ont mené des actions symboliques pour sensibiliser le public à leurs inquiétudes :

  • Piquets de grève devant les écoles
  • Distributions de tracts aux automobilistes
  • Défilés dans les centres-villes, comme à Liège où 3000 personnes ont battu le pavé selon la police

Le slogan « Enseignant, oui ! En saignant, non ! » résume à lui seul la détermination et le ras-le-bol de la profession face aux menaces qui pèsent sur les moyens alloués à l’école.

Regroupements de classes et suppressions de postes

Au cœur des préoccupations des grévistes, le projet de décret-programme porté par le nouvel exécutif de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Celui-ci prévoit notamment des regroupements de classes dans l’enseignement qualifiant, quitte à supprimer certaines options de formation dans les lycées techniques.

On risque de voir disparaître des filières entières et avec elles des dizaines d’emplois d’enseignants qualifiés, s’alarme un délégué syndical. Les élèves devront aller plus loin pour suivre la formation de leur choix, avec le risque accru de décrochage que cela implique.

La ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny (MR), assume ces arbitrages budgétaires. Elle souligne qu’actuellement, la moitié des 5400 options proposées comptent moins de 10 élèves et qu’il existe souvent des doublons entre établissements voisins. Dans un contexte de pénurie de profs, sa priorité est « d’assurer le maintien d’un enseignant dans chaque classe ».

Le début d’un long combat ?

Mais ces arguments peinent à convaincre dans les rangs enseignants. D’après un responsable de la CSC Enseignement, la mobilisation spontanée des équipes, d’une ampleur rare, traduit la crainte d’une « casse sociale » et « le début d’un combat qui va être long » contre la nouvelle majorité de droite.

À l’approche des discussions budgétaires, le bras de fer ne fait sans doute que commencer. Les syndicats espèrent faire plier le gouvernement en jouant la carte de l’opinion publique. Selon un sondage, 75% des Belges francophones jugent le métier d’enseignant « peu attractif » actuellement. Un constat partagé en interne comme en témoigne le malaise palpable dans les salles de profs.

La balle est désormais dans le camp de l’exécutif PS-MR-Écolo. Va-t-il maintenir le cap de l’austérité au risque d’un embrasement social ? Ou infléchir ses projets de réforme pour apaiser la grogne ? Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’école en Belgique francophone. Et lourdes d’enjeux à la veille d’une rentrée 2024 qui pourrait bien se jouer sur fond de boycott et de pénurie de profs…

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