Alors que la guerre en Ukraine fait rage depuis plus de 2 ans, un nouveau phénomène inquiète les autorités ukrainiennes : la fuite des jeunes hommes tentant par tous les moyens d’échapper à la mobilisation forcée. Paniqués à l’idée de se retrouver envoyés au front sans préparation, certains sont prêts à prendre tous les risques pour éviter l’appel sous les drapeaux.
L’Ukraine a besoin de soldats, mais les volontaires se font rares
Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, l’armée ukrainienne mène un combat acharné pour défendre son territoire. Si les premiers mois du conflit ont vu affluer les volontaires, l’enthousiasme s’est depuis étiolé. Pour combler ses rangs décimés, le gouvernement ukrainien n’a eu d’autre choix que de recourir à la conscription massive, au grand dam d’une partie de la population.
Quand vous voyez des gens en uniforme, vous paniquez. Vous commencez à penser que quelqu’un va vous mobiliser maintenant contre votre gré.
– Un avocat de 25 ans basé à Kiev
Des méthodes de recrutement musclées qui sèment la peur
Pour traquer les réfractaires, les officiers de recrutement multiplient les contrôles d’identité dans les lieux publics. Une pratique anxiogène pour ceux cherchant à tout prix à éviter l’incorporation, comme en témoignent les nombreuses vidéos d’altercations circulant sur les réseaux sociaux ukrainiens. Certains jeunes hommes en viennent à limiter leurs déplacements par peur d’être raflés.
Traverser illégalement les frontières, une issue risquée
Acculés, certains candidats à l’exil sont prêts à emprunter des voies périlleuses pour fuir le pays, au mépris de l’interdiction faite aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le territoire. Rivières tumultueuses et montagnes escarpées des frontières ouest ont ainsi vu périr 30 personnes depuis le début de la guerre, souvent aux mains de passeurs peu scrupuleux facturant des milliers de dollars la traversée.
Entre patriotisme et instinct de survie, le dilemme des conscrits
Si l’amour de la patrie reste fort chez ces jeunes réfractaires, beaucoup peinent à se projeter sur la ligne de front. Anton, un chauffeur routier de 39 ans ayant fui vers l’Irlande, assume se sentir responsable uniquement du bien-être de sa famille. D’autres, sans expérience militaire, jugent pouvoir mieux servir la cause en soutenant l’effort de guerre à distance, via des dons et le paiement de leurs impôts.
Un besoin crucial de renforts face à l’offensive russe
Du côté des soldats ukrainiens déjà déployés, le ressentiment est palpable envers ces compatriotes cherchant à se soustraire au devoir national, alors même que le besoin en hommes se fait criant. Car en face, la Russie peut compter sur une force numérique bien supérieure, et vient de lancer une vaste offensive au nord du pays, accentuant encore la pression sur des troupes ukrainiennes à bout de souffle.
La guerre est en cours, et le pays doit se battre. Les gens doivent rejoindre l’armée. Il n’y a pas d’autre moyen.
– Oleksander, engagé volontaire depuis le début de la guerre
Dans ce bras de fer entre l’État ukrainien et sa jeunesse réfractaire, l’issue de la guerre pourrait bien se jouer. Car sans un afflux massif et rapide de nouvelles recrues, c’est la capacité même de l’Ukraine à tenir tête à l’envahisseur russe qui pourrait être remise en question, et avec elle l’avenir de tout un pays en lutte pour sa survie.