Un vent de fronde souffle sur la campagne française. Dès lundi, les agriculteurs de l’Hexagone sont appelés à se mobiliser massivement à travers tout le pays, à l’initiative de la FNSEA, le principal syndicat agricole national. En ligne de mire : l’accord commercial en négociation entre l’Union Européenne et les pays du Mercosur, ce bloc économique sud-américain qui regroupe notamment le Brésil et l’Argentine. Une menace de taille pour l’agriculture française, déjà fragilisée par les aléas climatiques.
L’accord UE-Mercosur, une épée de Damoclès pour les agriculteurs français
Selon une source proche du dossier, les négociations entre Bruxelles et le Mercosur toucheraient à leur fin, laissant craindre la signature imminente d’un traité de libre-échange entre les deux zones. Un accord qui ouvrirait grand les portes du marché européen aux produits agricoles sud-américains, au détriment des producteurs français et européens. Car comment rivaliser avec les géants de l’agroalimentaire brésiliens ou argentins, qui pratiquent une agriculture intensive à bas coûts, bien loin des standards environnementaux et sanitaires imposés dans l’UE ?
L’Europe ne doit pas être une passoire et elle ne peut pas importer des produits qui ne respectent aucun de nos standards.
— Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Pour la FNSEA, cet accord serait synonyme de concurrence déloyale et mettrait en péril de nombreuses filières agricoles françaises, déjà fragilisées par une succession de crises. Après une année 2024 catastrophique, marquée par une récolte de blé historiquement faible et des vendanges en berne, les agriculteurs redoutent un nouveau coup dur. Dans ce contexte tendu, ils dénoncent le double discours des autorités européennes, promptes à imposer toujours plus de normes et de contraintes aux producteurs européens, mais peu regardantes quant aux importations de pays tiers, aux règles bien plus laxistes.
Une mobilisation d’ampleur pour faire entendre la voix des agriculteurs
Face à cette menace, la FNSEA a décidé de frapper fort en appelant à une mobilisation massive des agriculteurs français à partir de lundi, et ce pour plusieurs jours. L’objectif est clair : faire entendre la voix de l’agriculture française au moment même où se tient le G20 au Brésil, et ainsi mettre la pression sur les négociateurs européens. Un an après un mouvement social d’ampleur dans le monde agricole, le syndicat majoritaire espère fédérer largement autour de cet enjeu crucial.
On sera dans tous les départements à partir de lundi pour quelques jours, pour faire entendre, au moment du G20 au Brésil, la voix de la France.
— Arnaud Rousseau, président de la FNSEA
Si les détails des actions prévues n’ont pas encore été dévoilés, la FNSEA assure que l’objectif n’est pas de « bloquer » le pays ni « d’affamer » les Français. Nul doute cependant que les agriculteurs sauront se faire entendre, eux qui ont souvent eu recours à des actions coup de poing pour défendre leurs intérêts par le passé. Une chose est sûre : cette mobilisation s’annonce d’ores et déjà comme un nouveau bras de fer entre le monde agricole et les autorités européennes, sur fond de négociations commerciales à hauts risques.
L’agriculture française à la croisée des chemins
Au-delà de l’accord avec le Mercosur, c’est tout l’avenir de l’agriculture française et européenne qui est en jeu. Prise en étau entre les exigences croissantes des consommateurs en matière de qualité et de traçabilité des produits, et la pression concurrentielle de pays aux normes moins strictes, elle peine à trouver sa place dans un marché mondialisé. Un défi de taille pour ce secteur stratégique, qui emploie encore des centaines de milliers de personnes en France et façonne les paysages de nos campagnes.
Face à ces enjeux, les agriculteurs français attendent des réponses fortes de la part des pouvoirs publics. Au-delà du rejet de l’accord UE-Mercosur, beaucoup réclament un véritable protectionnisme agricole européen, à même de défendre les intérêts des producteurs locaux face à la concurrence internationale. D’autres plaident pour une accélération de la transition vers une agriculture plus durable et respectueuse de l’environnement, seule à même de répondre aux attentes sociétales et de créer de la valeur ajoutée. Autant de pistes qui devront être explorées pour garantir un avenir pérenne à notre modèle agricole.
Une chose est sûre : la mobilisation qui s’annonce sera scrutée de près par les décideurs politiques, en France comme à Bruxelles. Car derrière les tracteurs et les banderoles, c’est un pan entier de notre économie et de notre identité qui est en jeu. Un enjeu crucial, qui nous concerne tous, bien au-delà du monde agricole.