En ce début de semaine, les rues de Tbilissi, capitale de la Géorgie, résonnent encore des voix de milliers de manifestants antigouvernementaux. Malgré l’approche des fêtes de fin d’année, le mouvement de contestation né il y a près de trois semaines ne faiblit pas. Au cœur des tensions : la décision du gouvernement de suspendre jusqu’en 2028 les négociations d’adhésion à l’Union Européenne. Une pilule difficile à avaler pour une partie de la population, qui aspire à un rapprochement avec l’Ouest.
Chaque soir, l’avenue Roustavéli, artère principale de Tbilissi, se transforme en théâtre de la colère populaire. D’après des sources proches du mouvement, plusieurs milliers de personnes se rassemblent quotidiennement pour exprimer leur mécontentement envers les autorités. Si les manifestations se déroulent globalement dans le calme, quelques incidents ont été rapportés. Lundi soir, des protestataires auraient été pris à partie par deux individus dans le métro, avant que la police n’intervienne pour extraire les suspects.
Un sapin de Noël au cœur de la controverse
Mais le véritable point de crispation ces derniers jours tourne autour d’un sapin de Noël géant, installé devant le parlement. Perçu comme une provocation par les opposants en pleine crise politique, son illumination avait été empêchée samedi dernier. Lundi soir, le parti au pouvoir a finalement réussi à allumer les guirlandes, mais à distance et sans cérémonie. Une « petite victoire » pour les manifestants, comme le souligne Nika, 29 ans, rentré de New York pour soutenir le mouvement.
« Nous allons gagner ce combat, nous savons qu’il est juste »
Ana, étudiante de 18 ans
Aux origines de la contestation
Cette mobilisation antigouvernementale trouve ses racines dans les élections législatives controversées du 26 octobre dernier. Remportées par le parti au pouvoir Rêve Géorgien, elles sont jugées truquées par l’opposition pro-européenne. Depuis, le pays traverse une grave crise politique. En près de trois semaines de manifestations, plus de 400 personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre. La plupart d’entre elles affirment avoir subi des violences, selon une ONG locale d’aide juridique aux détenus.
Le pouvoir minimise, l’opposition persiste
Face à la contestation, le parti au pouvoir tente de minimiser l’ampleur du mouvement. Le maire de Tbilissi, Kakha Kaladzé, lui-même membre de Rêve Géorgien, dénonce « l’opposition radicale » qui chercherait à « gâcher la joie des fêtes à venir ». Il accuse des « groupes agressifs » de s’en prendre aux installations de Noël, là où des « enfants étaient supposés venir ». Mais du côté des manifestants, on assure que la mobilisation ne faiblira pas. Pour beaucoup, comme Ana, 18 ans, rencontrée sur place, la lutte est légitime : « nous allons gagner ce combat, nous savons qu’il est juste ».
Jusqu’où ira la crise ?
Près de deux mois après des élections à la régularité contestée, la Géorgie semble s’enfoncer dans une crise politique majeure. D’un côté, un gouvernement arc-bouté sur ses positions qui refuse d’entendre les revendications de l’opposition. De l’autre, une mobilisation populaire qui ne donne aucun signe d’essoufflement, malgré la répression et l’approche des fêtes. Dans ce bras de fer entre la rue et les autorités, l’issue semble encore incertaine. Mais une chose est sûre : le chemin de la Géorgie vers une potentielle adhésion à l’UE est aujourd’hui plus que jamais semé d’embûches. Au grand dam d’une partie de sa population, déterminée à faire entendre sa voix.