Les tensions s’intensifient dangereusement entre Israël et le Yémen, sur fond de conflit par procuration entre l’État hébreu et l’Iran. Les rebelles Houthis, soutenus par Téhéran, ont en effet revendiqué vendredi le tir d’un missile balistique en direction de l’aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv, ainsi que le lancement de drones sur la métropole israélienne.
Cette spectaculaire action des insurgés yéménites intervient au lendemain de raids aériens israéliens ayant frappé l’aéroport de Sanaa, la capitale du Yémen sous contrôle Houthis, ainsi que d’autres cibles dans les zones tenues par la rébellion. Une escalade militaire qui fait planer le spectre d’un embrasement régional.
Bilan meurtrier des frappes israéliennes sur Sanaa
D’après un responsable de l’administration rebelle contacté par l’AFP, l’attaque israélienne contre l’aéroport de Sanaa jeudi a fait 4 morts parmi le personnel et les voyageurs, et une vingtaine de blessés dont un haut responsable de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui s’apprêtait à quitter le pays.
Deux autres personnes ont péri ailleurs au Yémen dans les bombardements israéliens qui ont visé des installations militaires, des centrales électriques et des infrastructures portuaires, selon les sources Houthis. Des frappes qui s’inscrivent dans le contexte d’attaques récentes menées par les rebelles contre le territoire israélien.
L’aéroport de Sanaa gravement endommagé
Fayçal al-Sayani, vice-ministre des Transports du gouvernement rebelle, a indiqué lors d’un point presse que les raids ont eu lieu au moment où de nombreux passagers s’apprêtaient à embarquer. La tour de contrôle a été « directement touchée », ainsi que la salle des départs et les équipements de navigation.
Malgré les dégâts importants, l’aéroport a pu rouvrir vendredi matin à 10h locales et les vols ont repris normalement après l’évacuation des passagers selon un « plan d’urgence », a précisé le responsable yéménite. Un avion qui devait atterrir au moment de l’attaque a pu se poser après les frappes.
Escalade des tensions irano-israéliennes au Yémen
En riposte, les Houthis affirment avoir tiré un missile balistique sur l’aéroport de Tel-Aviv qui aurait été intercepté par les défenses anti-aériennes israéliennes avant d’atteindre sa cible. Ils revendiquent aussi l’envoi de drones armés sur la capitale économique d’Israël et un navire au large des côtes yéménites.
« L’agression israélienne ne fera que renforcer la détermination et la volonté du peuple yéménite de continuer à soutenir le peuple palestinien », ont martelé les insurgés proiraniens dans un communiqué.
En ciblant directement le territoire israélien, les rebelles chiites entendent démontrer leurs capacités militaires croissantes, grâce à l’assistance technologique fournie par leur parrain iranien. Une stratégie destinée à faire monter les enchères dans la crise qui déchire le Yémen depuis 2014.
Cet épisode illustre aussi la rivalité grandissante entre Israël et l’Iran, qui s’affrontent de plus en plus ouvertement par alliés yéménites interposés. Une nouvelle étape dans ce bras de fer qui nourrit les craintes d’un embrasement de grande ampleur au Moyen-Orient.
Avertissements de l’ONU sur l’escalade au Yémen
L’ONU a mis en garde à plusieurs reprises contre le risque d’une internationalisation du conflit yéménite sur fond d’implications étrangères croissantes. La guerre civile qui ravage le pays depuis 9 ans a fait des centaines de milliers de victimes et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde.
Cette nouvelle escalade survient alors que des efforts diplomatiques restent en cours pour tenter une désescalade. Mais le niveau de défiance entre les différents acteurs et la complexité des enjeux géopolitiques rendent les perspectives de paix très incertaines à ce stade.
Le regain de tensions militaires au Yémen ces derniers jours démontre une fois de plus que ce théâtre reste l’épicentre des rivalités irano-israéliennes qui déstabilisent toute la région. Une poudrière sur laquelle le monde retient son souffle.