Imaginez-vous couronnée Miss d’une région entière, prête à briller sur la scène nationale, et en quelques heures tout bascule à cause d’une simple vidéo destinée à rester privée. C’est exactement ce qui est arrivé à deux jeunes femmes dans le cadre de l’élection Miss France 2026. Ce scandale, qui a enflé en quelques jours, soulève des questions brûlantes sur la pression des réseaux sociaux, les limites de l’humour entre amies et les conséquences d’un dérapage verbal.
Un dérapage qui a tout fait basculer
Le 10 décembre 2025, l’émission C à Vous sur France 5 a consacré une large partie de son plateau à cette affaire qui fait trembler le monde des concours de beauté. Tout a commencé par une story Instagram privée, publiée par Ainhoa Lahitete, récemment élue Miss Aquitaine. Déçue par le Top 12 annoncé, elle exprime sa frustration : « Qu’est-ce que c’est que ce Top 12 ? Désolée, je ne veux pas faire ma rageuse mais c’est quoi ce Top 12 ». Derrière elle, Julie Zitouni, Miss Provence, apparaît en souriant et lâche : « C’est que des grosses p*tes ». Ainhoa ajoute alors : « Pas toutes, mais beaucoup ».
Ce qui devait rester entre amies a rapidement fuité, probablement partagé par une personne de leur cercle restreint. La vidéo a été reprise, partagée et commentée des milliers de fois en quelques heures. L’indignation a été immédiate : les propos injurieux, tenus dans un contexte de déception, ont été perçus comme un manque de respect envers les autres candidates.
Des excuses rapides, mais une sanction radicale
Face à la polémique grandissante, les deux jeunes femmes ont publié des excuses publiques sur les réseaux sociaux. Elles ont reconnu avoir tenu des propos déplacés et ont présenté leurs regrets. Malgré ces excuses, le comité Miss France a décidé de les destituer de leur titre régional. Une décision perçue comme sévère par certains observateurs, mais justifiée par l’image que doivent véhiculer les Miss.
Un proche du comité a confié que « en termes d’images, c’est normal de ne pas laisser passer ça ». Les écharpes régionales ont donc été retirées, et les premières dauphines ont pris la relève. Ce choix illustre la ligne dure adoptée par l’organisation face à tout comportement qui pourrait ternir la réputation du concours.
Diane Leyre et Sylvie Tellier montent au créneau
Invitées sur le plateau de C à Vous, Diane Leyre (Miss France 2022) et Sylvie Tellier (ancienne directrice du comité) ont apporté un éclairage nuancé sur l’affaire. Diane Leyre a été particulièrement cash : « Il y a des termes qui ne s’emploient pas, c’est un peu déplacé. Je ne soutiens pas les propos. Ce n’est pas bien de l’avoir dit. Maintenant, je trouve que ça va un peu loin au niveau du harcèlement quand même. »
Elle a comparé la situation à celle de personnes qui, en jouant aux cartes, se transforment en mauvais perdants. Selon elle, la frustration est compréhensible dans un concours aussi compétitif, même si les mots choisis étaient inacceptables.
« J’aimerais rappeler que c’est un concours. Je connais des gens qui, quand ils jouent aux cartes, sont extrêmement mauvais perdants. » – Diane Leyre
Sylvie Tellier a adopté un ton encore plus apaisant : « Il y a un déferlement de haine sur ces deux jeunes femmes. Ok, elles n’ont pas bien agi, mais elles n’ont tué personne. Il faut les laisser un peu tranquille. » Elle a insisté sur le fait que les deux Miss ont déjà été sanctionnées et qu’il est temps de passer à autre chose.
Le revers de la médaille : un cyberharcèlement d’une violence inouïe
Ce qui a particulièrement choqué les invités du plateau, c’est l’ampleur du harcèlement subi par les deux jeunes femmes depuis la diffusion de la vidéo. Menaces de viol, insultes homophobes, attaques personnelles : les commentaires ont dépassé toutes les limites. Anne-Élisabeth Lemoine a révélé que Miss Provence avait décidé de porter plainte pour cyberharcèlement.
Ce déferlement de haine pose une question essentielle : à partir de quand une sanction devient-elle disproportionnée ? Si la destitution semble logique pour préserver l’image du concours, le lynchage numérique qui a suivi semble hors de contrôle.
Un concours sous haute pression
Chaque année, l’élection Miss France est scrutée à la loupe. Les candidates savent qu’elles doivent incarner des valeurs irréprochables : élégance, intelligence, bienveillance. Dans un monde où les réseaux sociaux amplifient tout, un seul dérapage peut coûter très cher.
Les candidates sont souvent très jeunes (18-25 ans), soumises à une pression intense pendant des mois de préparation. Fatigue, stress, rivalités : les tensions peuvent monter très haut. Ce scandale rappelle que même les plus belles histoires de concours de beauté ne sont pas exemptes de moments d’humanité imparfaite.
Les réactions en chaîne dans le monde des Miss
Plusieurs anciennes Miss ont réagi à leur tour. Hinaupoko Devèze, fraîchement élue Miss France 2026, a été interrogée sur le sujet lors d’une émission. Elle a exprimé sa tristesse face à la situation tout en rappelant l’importance du respect entre candidates.
D’autres personnalités du milieu ont souligné que ce type de polémique revient presque chaque année. Une mauvaise blague, une photo maladroite, un commentaire mal interprété : les occasions de dérapage sont nombreuses, et les conséquences toujours lourdes.
Quelles leçons tirer de cette affaire ?
Ce scandale met en lumière plusieurs problématiques contemporaines :
- La frontière floue entre vie privée et vie publique sur les réseaux sociaux
- Le poids écrasant des attentes placées sur les jeunes femmes dans les concours de beauté
- La violence des réactions collectives sur internet
- La nécessité d’un accompagnement psychologique plus fort pour les candidates
Le comité Miss France pourrait-il adapter ses règles pour mieux encadrer ces situations ? Certains plaident pour plus de tolérance et de pédagogie, tandis que d’autres estiment que la sévérité est indispensable pour maintenir la crédibilité du concours.
Le parcours de la nouvelle Miss France 2026
Alors que cette polémique occupe le devant de la scène, Hinaupoko Devèze, sacrée Miss France 2026 le 6 décembre à Amiens, tente de recentrer l’attention sur son règne. Elle a déjà accordé plusieurs interviews où elle évoque ses origines, son projet personnel et sa volonté de mener un règne engagé.
Malgré le bruit autour de l’affaire des deux Miss destituées, elle reste focalisée sur ses priorités : la défense des valeurs qu’elle porte et la préparation de ses engagements futurs. Cette controverse pourrait paradoxalement lui permettre de se démarquer par une image positive et apaisée.
Un débat plus large sur la responsabilité en ligne
Cette histoire dépasse largement le cadre du concours de beauté. Elle interroge notre rapport collectif aux réseaux sociaux. Quand un contenu privé devient public, qui est responsable ? La personne qui l’a partagé ? Celle qui l’a diffusé ? Ou la personne qui l’a tenu ?
Elle soulève également la question du pardon. Les deux jeunes femmes ont-elles droit à une seconde chance ? Leur sanction est-elle proportionnée ? Et surtout, comment stopper la spirale de haine qui s’est déclenchée ?
Dans un contexte où les jeunes sont particulièrement exposés aux jugements en ligne, cette affaire pourrait servir d’exemple pour mieux sensibiliser aux dangers du cyberharcèlement et à la prudence nécessaire sur les réseaux.
Vers une évolution des concours de beauté ?
Depuis plusieurs années, Miss France cherche à se moderniser : fin des critères physiques stricts, valorisation de la personnalité, projets personnels forts. Ce scandale pourrait accélérer cette évolution en poussant l’organisation à mieux accompagner ses candidates face aux pressions et aux tentations des réseaux sociaux.
Peut-être que l’avenir des concours de beauté passera par une communication plus transparente sur les coulisses, une formation renforcée à la gestion de l’image et un soutien psychologique plus important.
En attendant, l’affaire continue de faire parler. Elle rappelle que derrière les sourires parfaits et les robes scintillantes se cachent des jeunes femmes soumises à une pression énorme, et que l’erreur est humaine… même quand on porte une écharpe de Miss.
Le monde des concours de beauté n’a pas fini de nous surprendre. Entre glamour et polémiques, entre rêves et réalité, il continue de refléter les tensions de notre société.









