C’est une triste nouvelle qui a ébranlé le monde de la musique ce week-end. Misia, chanteuse emblématique du fado portugais, nous a quittés à l’âge de 69 ans des suites d’une longue maladie. Avec elle, c’est toute une page de l’histoire musicale du Portugal qui se tourne.
Une voix singulière au service du renouveau du fado
Née Susana Maria Alfonso de Aguiar à Porto en 1955, celle qui adoptera le nom de scène Misia fait ses premiers pas dans la musique dès son plus jeune âge. Mais c’est véritablement dans les années 1990 qu’elle se fait connaître en devenant l’une des figures de proue du renouveau du fado, ce chant traditionnel portugais empreint de mélancolie et de saudade.
Aux côtés d’autres grandes voix féminines comme Mariza, Ana Moura ou Cristina Branco, Misia apporte un souffle nouveau à cet art séculaire. Sans renier l’héritage des monstres sacrés comme Amália Rodrigues, elle ose la modernité et l’expérimentation, n’hésitant pas à incorporer de nouvelles sonorités et des approches moins conventionnelles.
Une carrière internationale
Le talent et l’audace de Misia lui ouvrent rapidement les portes d’une carrière internationale. Tout au long des années 1990 et 2000, elle se produit sur les scènes du monde entier, de l’Europe à l’Amérique en passant par le Japon. Son pays natal n’est pas en reste puisqu’elle y donne de nombreux concerts mémorables, notamment au mythique Coliseu dos Recreios de Lisbonne.
Son œuvre discographique, riche d’une dizaine d’albums studio, témoigne de son éclectisme et de sa volonté permanente de se renouveler. De Misia (1991) à Pura Vida (2022) en passant par Garras dos Sentidos (1998) ou Canto (2003), elle n’a eu de cesse d’explorer toutes les facettes du fado, collaborant avec de grands noms comme Ennio Morricone ou Pascal Comelade.
Une artiste engagée
Au-delà de son immense talent musical, Misia était aussi une femme de conviction. Tout au long de sa carrière, elle a mis sa notoriété au service de causes qui lui tenaient à cœur. Elle s’est notamment engagée en faveur des droits des femmes, de la lutte contre le sida ou encore de la protection de l’environnement.
Misia incarnait la générosité et l’humanité. Sa voix était un cri pour toutes celles qui n’en ont pas.
Antonio Costa, Premier ministre portugais
Une perte immense pour le Portugal
La disparition de Misia laisse un grand vide dans le cœur des Portugais. Nombreux sont ceux, anonymes comme personnalités, qui ont tenu à lui rendre un dernier hommage.
Le président Marcelo Rebelo de Sousa a salué la mémoire d’une “fadiste passionnée” ayant mené une carrière “à la croisée d’autres musiques”. Le Premier ministre Antonio Costa a pour sa part évoqué “une voix unique” qui a “porté le fado aux quatre coins du monde”.
Misia sera inhumée le 7 août prochain à Lisbonne, la ville qui l’a vue naître artistiquement et qui résonne encore de ses chants intemporels. Nul doute que sa voix continuera longtemps de bercer et d’enchanter le Portugal et le monde.