Alors que le spectre d’une guerre économique plane entre le Canada et les États-Unis, des ministres canadiens se sont rendus vendredi en Floride pour une rencontre cruciale avec l’équipe du président élu américain Donald Trump. L’objectif : tenter d’apaiser les tensions et éviter une escalade désastreuse pour l’économie canadienne.
Menaces de taxes et crise des opiacés au cœur des discussions
Avant même son entrée en fonction prévue le 20 janvier, Donald Trump a agité la menace d’une taxe de 25% sur les produits canadiens et mexicains. Une décision qu’il justifie par la crise des opiacés, en particulier le fentanyl, et l’immigration. Des propos qui font frémir Ottawa, les États-Unis étant le premier partenaire commercial du Canada.
C’est dans ce contexte tendu que le nouveau ministre canadien des Finances Dominic LeBlanc et la ministre des Affaires étrangères Melanie Joly ont rencontré vendredi deux futurs responsables clés de l’administration Trump : Howard Lutnick, qui sera en charge des politiques douanières et commerciales, et Doug Burgum, proche de l’industrie pétrolière, qui supervisera les terres fédérales et un Conseil national pour l’énergie.
Le Canada met en avant son plan de sécurisation des frontières
Lors de cette rencontre « positive et productive » selon Ottawa, les ministres canadiens ont martelé « l’engagement commun de renforcer la sécurité aux frontières et de lutter contre les méfaits du fentanyl afin de sauver des vies canadiennes et américaines ». Ils ont également détaillé un plan de sécurisation de la frontière d’un coût d’un milliard de dollars canadiens, spécialement conçu pour répondre aux préoccupations américaines.
Howard Lutnick et Doug Burgum ont accepté de transmettre ces informations au président Trump.
Jean-Sébastien Comeau, porte-parole de Dominic Leblanc
Trudeau fragilisé sur le plan intérieur
Cette rencontre intervient alors que le Premier ministre canadien Justin Trudeau traverse une zone de turbulences sur le plan intérieur. Fragilisé par le retrait de son allié de gauche et la grogne montante au sein de son propre parti, il a aussi vu sa ministre des Finances et vice-Première ministre Chrystia Freeland claquer la porte en critiquant sa gestion de la crise avec les États-Unis.
Dans ce contexte, Ottawa joue gros. Près de 2 millions d’emplois canadiens dépendent directement des exportations vers les États-Unis, qui absorbent 75% des exportations canadiennes. Le gouvernement Trudeau n’a d’autre choix que de batailler ferme pour tenter de préserver ce partenariat vital, tout en gérant les secousses politiques qui l’ébranlent sur le front intérieur. Les prochaines semaines s’annoncent décisives pour l’avenir des relations canado-américaines et la stabilité du gouvernement libéral.