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MiniMax et Zhipu : Les Géants Chinois de l’IA Prêts à Conquérir Hong Kong

Deux startups chinoises d’IA, MiniMax et Zhipu, viennent d’obtenir le feu vert de Pékin pour s’introduire à Hong Kong début 2026. Pendant que Wall Street doute de la rentabilité de l’IA après l’écart d’Oracle, la Chine accélère. Qui va dominer la prochaine vague ?

Imaginez deux dragons qui s’apprêtent à prendre leur envol au-dessus de Victoria Harbour. Ils ne crachent pas de feu, mais des lignes de code et des milliards de paramètres d’intelligence artificielle. C’est exactement l’image que donnent MiniMax et Zhipu, deux des startups les plus en vue de l’écosystème chinois de l’IA, alors qu’elles viennent de recevoir l’approbation officielle de Pékin pour s’introduire en bourse à Hong Kong dès le début 2026.

Dans un monde où l’on doute de plus en plus de la capacité des géants américains à monétiser rapidement l’intelligence artificielle, la Chine envoie un signal fort : elle est prête à transformer ses champions nationaux en machines à lever des capitaux sur les marchés internationaux.

L’IPO à Hong Kong : le nouveau Graal des startups chinoises de l’IA

Depuis 2018 et la réforme « Chapter 18A » du Hong Kong Stock Exchange, la ville est devenue la destination privilégiée des entreprises technologiques chinoises qui n’ont pas encore de profits mais affichent un potentiel énorme. Xiaomi, Alibaba Health ou plus récemment Hesai (lidar) ont ouvert la voie. MiniMax et Zhipu s’apprêtent à suivre le même chemin, avec une différence de taille : elles évoluent dans le secteur le plus brûlant du moment.

Le feu vert donné par la China Securities Regulatory Commission (CSRC) n’est pas anodin. Il intervient après des mois d’examen minutieux et confirme que Pékin considère désormais l’intelligence artificielle comme un secteur stratégique prioritaire, au même titre que les semi-conducteurs ou les véhicules électriques.

MiniMax : l’outsider qui monte à toute vitesse

Derrière MiniMax se cache une équipe dirigée par Yan Junjie, ancien de chez SenseTime et de Microsoft Research Asia. Lancée en 2021, la société s’est fait connaître avec son modèle Talkie, une application de personnages virtuels dopés à l’IA qui a dépassé les 10 millions d’utilisateurs actifs mensuels en quelques mois.

Mais le vrai joyau reste MiniMax-ABAB, une famille de grands modèles de langage qui rivalise aujourd’hui avec GPT-4 sur de nombreux benchmarks chinois. Soutenue par Alibaba dès le premier tour de table, la startup a levé plus d’un milliard de dollars en moins de trois ans. Sa valorisation dépasserait déjà les 2,5 milliards de dollars selon certaines sources proches du dossier.

« Nous voulons construire l’infrastructure d’intelligence artificielle la plus ouverte et la plus accessible de Chine »

Yan Junjie, fondateur de MiniMax (2024)

Zhipu AI : le favori de Tencent et des fonds d’État

Zhipu est souvent présentée comme le « OpenAI chinois ». Fondée par des chercheurs de l’université Tsinghua (l’équivalent chinois du MIT), elle a reçu le soutien précoce de Tencent, mais aussi de fonds liés à l’État comme Legend Capital ou Tsinghua Holdings.

Son modèle phare, GLM-4, est considéré comme l’un des plus performants en langue chinoise et commence à faire sérieusement concurrence à Ernie Bot de Baidu ou Doubao de ByteDance. Zhipu a également développé une offre complète pour les entreprises : reconnaissance vocale, vision par ordinateur, génération de code… Un catalogue qui séduit déjà plusieurs administrations locales et grandes banques.

La valorisation de Zhipu tournerait aujourd’hui autour des 3 milliards de dollars, avec une levée de fonds record de plus de 400 millions de dollars réalisée en mai 2025.

Pourquoi Hong Kong plutôt que Shanghai ou Shenzhen ?

La réponse tient en trois lettres : ADR. Contrairement aux bourses continentales (où les investisseurs étrangers sont limités), Hong Kong permet aux investisseurs internationaux d’acheter directement des actions sans passer par des programmes complexes.

Pour des entreprises comme MiniMax et Zhipu qui veulent attirer des fonds américains, européens ou singapouriens tout en restant sous pavillon chinois, c’est l’option idéale. D’autant plus que la liquidité y est excellente et que les valorisations y sont souvent plus généreuses que sur le Star Market de Shanghai.

Avantages Hong Kong vs Chine continentale

  • Accès direct aux investisseurs étrangers
  • Valorisations généralement plus élevées
  • Règles comptables internationales (IFRS)
  • Visibilité mondiale immédiate
  • Possibilité de double listing ultérieur (New York ou Shanghai)

Un timing qui interroge… ou qui révèle tout

L’annonce intervient au pire moment pour le narratif américain sur l’IA. Le même jour, Oracle publiait des résultats décevants, faisant chuter son cours de plus de 10 %. Le marché a immédiatement sanctionné l’ensemble du secteur : Nvidia -1,55 %, Broadcom -1,6 %, et même les infrastructures privées comme CoreWeave.

Le message implicite est violent : pendant que Wall Street se demande si les investissements massifs dans les data centers vont un jour être rentabilisés, la Chine avance ses pions avec une confiance tranquille. Elle ne mise pas tout sur les infrastructures (où elle reste dépendante des puces Nvidia malgré Huawei), mais sur les modèles et les applications.

Et cela fonctionne. Les grands modèles chinois progressent à une vitesse folle : GLM-4, Qwen-2.5 d’Alibaba, DeepSeek-V3 ou encore Kimi de Moonshot affichent des performances qui rivalisent désormais avec les meilleurs modèles occidentaux, souvent à coût bien moindre.

Que peut-on attendre de ces IPO ?

Les analystes s’attendent à des levées de fonds comprises entre 500 millions et 1 milliard de dollars pour chaque société. Des montants qui paraîtraient énormes il y a encore deux ans, mais qui semblent presque raisonnables dans le contexte actuel.

Plus intéressant encore : ces introductions pourraient créer un effet domino. D’autres licornes chinoises de l’IA (Moonshot, Baichuan, 01.AI de Lee Kai-fu) surveillent de très près le succès ou l’échec de MiniMax et Zhipu. Une réussite ouvrirait grand la porte à toute une génération.

Enfin, ces IPO marquent un tournant symbolique. Pour la première fois, la Chine ne se contente plus de copier ou d’adapter les technologies américaines. Elle propose une voie alternative, avec ses propres champions, ses propres modèles, et bientôt ses propres géants cotés.

Et après ?

2026 risque d’être l’année où l’on comprendra vraiment qui domine la course mondiale à l’intelligence artificielle. Les États-Unis conservent une avance écrasante sur les infrastructures et les talents de pointe. Mais la Chine rattrape son retard à une vitesse stupéfiante sur les modèles, les applications et surtout… le financement.

En permettant à ses champions de lever des milliards sur les marchés internationaux, Pékin se donne les moyens de ses ambitions. Et pendant que certains à Wall Street commencent à douter de la bulle IA, les dragons chinois, eux, affûtent leurs griffes.

Le message est clair : la prochaine vague de l’intelligence artificielle ne sera pas uniquement américaine. Elle pourrait bien être bilingue.

2026 : l’année où l’IA chinoise entre en bourse… et dans l’histoire ?

MiniMax et Zhipu ne sont que les premiers. Derrière elles, toute une génération se tient prête.

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