Un incident rarissime s’est produit ce dimanche dans les rues de la capitale italienne. Alors que le souverain pontife se rendait place d’Espagne pour une cérémonie de l’Immaculée Conception, son convoi a été pris pour cible par un groupe de défenseurs de la cause animale. Leur revendication : que l’Église rompe définitivement ses liens avec la pratique controversée de la corrida.
Selon une source proche de l’association PETA (People for the Ethical Treatment of Animals), à l’origine de l’action coup de poing, quatre militant·e·s auraient réussi à s’introduire sur le parcours de la papamobile en franchissant les barrières de sécurité. Brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « La corrida es un pecado » (« La corrida est un péché », en espagnol), ils se sont agenouillés devant le véhicule, obligeant le cortège à marquer un arrêt.
Une interpellation musclée, une cause qui divise
Les forces de l’ordre sont rapidement intervenues pour déloger les protestataires et permettre au convoi de reprendre sa route. D’après un témoin de la scène, l’interpellation, bien que ferme, se serait déroulée sans heurts majeurs.
Cette action spectaculaire s’inscrit dans le cadre d’une campagne internationale visant à obtenir une condamnation explicite de la tauromachie de la part du Vatican. Si la pratique tend à reculer en Europe sous la pression des associations de protection animale, elle reste fermement ancrée dans certaines régions, notamment en Espagne, au Portugal et dans le sud de la France.
La corrida est une tradition barbare héritée d’un autre âge. Il est grand temps que l’Église prenne clairement position contre cette cruauté institutionnalisée.
Mimi Bekhechi, vice-présidente de PETA Europe
Une tradition ancrée dans le catholicisme
Pourtant, les liens entre corrida et catholicisme demeurent étroits. De nombreuses férias sont ainsi organisées à l’occasion de fêtes religieuses, la présence du clergé étant fréquente lors de ces événements. Certains prêtres vont même jusqu’à bénir les toreros avant leur entrée dans l’arène.
Du côté du Vatican, les signaux restent pour le moins ambigus. Si le pape François, réputé sensible à la question animale, a évoqué dans son encyclique « Laudato Si » l’importance du respect dû à « chaque créature », il s’est bien gardé de condamner explicitement la corrida.
L’opinion publique de plus en plus hostile
L’opinion, elle, semble avoir tranché la question depuis longtemps. Selon un récent sondage, près de 75% des Européens se déclarent opposés aux corridas, estimant qu’il s’agit d’une pratique cruelle n’ayant plus sa place au XXIème siècle.
Reste à savoir si le coup d’éclat des militant·e·s de PETA parviendra à infléchir la position du Saint-Siège. L’avenir de la tauromachie, en tout cas, apparaît plus incertain que jamais.