C’est un profil pour le moins singulier qu’a mis au jour l’arrestation, ce mercredi matin dans le Bas-Rhin, d’un jeune néonazi alsacien par les limiers de la Sous-direction antiterroriste (SDAT). Âgé de 20 ans, cet individu répondant au pseudonyme de “Panzer” sur les réseaux, en référence aux blindés de la Wehrmacht, était l’administrateur de la sulfureuse chaîne Telegram “Division aryenne française”. Une plateforme ayant fédéré ces derniers mois une communauté de plusieurs centaines de militants ultranationalistes, épinglés pour de multiples exactions violentes.
De l’antifascisme au néonazisme
Mais la véritable surprise vient du passé de ce jeune extrémiste. Jusqu’à ses 17 ans en effet, “Panzer” évoluait dans la mouvance…antifasciste ! Un engagement aux antipodes de ses activités actuelles, qu’il a justifié dans une interview accordée récemment à Rue89 Strasbourg :
Je me suis retrouvé chez moi et j’ai arrêté mes anciennes fréquentations. J’ai découvert ma vraie personnalité en m’intéressant à l’histoire, à mon pays, à la race blanche.
– “Panzer”, néonazi et ancien antifasciste
Un revirement idéologique radical, consécutif à son exclusion du lycée à 17 ans. Une période charnière où ce jeune Alsacien, coupé de son cercle militant, s’est retrouvé en proie à un profond questionnement identitaire, le menant vers les thèses racialistes et ultranationalistes.
L’ascension fulgurante d’un administrateur Telegram
Fort de ses nouvelles convictions, “Panzer” crée rapidement la chaîne Telegram “Division aryenne française”. Habile communicant, il parvient en quelques mois à fédérer une communauté de plusieurs centaines de membres, partageant contenus haineux et projets d’actions violentes.
Ratonnades, guets-apens, le groupuscule n’hésite pas à passer à l’acte sur les instructions de son jeune gourou. Un activisme virulent qui a fini par attirer l’attention des services antiterroristes.
Dans le viseur pour des menaces sur les JO
Mais c’est un projet d’action violente bien précis qui a précipité le coup de filet de la SDAT. Selon des échanges captés sur Telegram, “Panzer” projetait de s’en prendre aux Jeux Olympiques de Paris, depuis que les organisateurs ont choisi une drag-queen comme relayeuse de la flamme :
C’est simple, le gouvernement joue avec nos couilles. Si cette personne porte réellement la flamme olympique, je passerai à l’acte.
– “Panzer”, avant son interpellation
Représentante de la communauté LGBT+, Minima Gesté avait été choisie pour porter la torche olympique le 14 juillet, mais dans un contexte ultra-sécurisé au vu des menaces pesant sur l’évènement et sa personne. Des intimidations auxquelles le jeune néonazi alsacien semble donc avoir pris une part active.
Un cas emblématique de radicalisation
Au-delà de la gravité des faits reprochés, ce profil atypique de néonazi, passé par la case antifasciste, interroge. Il illustre les mécanismes de basculement qui peuvent s’opérer chez certains jeunes en quête de repères, happés par les discours extrémistes.
Un parcours emblématique du risque de radicalisation, favorisé par la caisse de résonance des réseaux sociaux. “Panzer” était ainsi parvenu à tisser une toile de l’ombre fédérant des centaines de militants, prêts à passer à l’action sur ses mots d’ordre.
Une menace qui démontre, s’il en était besoin, la nécessité d’une vigilance de tous les instants face à la propagation de l’extrémisme en ligne. Et l’importance d’un travail de prévention auprès des jeunes, pour éviter ces phénomènes de radicalisation express.