Un militant antifasciste albanais de 32 ans, surnommé “Gino”, a comparu devant la justice française mercredi pour s’opposer à son extradition vers la Hongrie. Interpellé à Paris le 12 novembre, Rexhino Abazaj y est poursuivi pour son implication présumée dans des violents affrontements avec des manifestants néo-nazis survenus à Budapest en février 2023.
Des faits passibles de lourdes peines de prison en Hongrie
La Hongrie réclame la remise de ce militant pour des faits passibles de 2 à 16 ans de prison, selon ce qui a été rappelé à l’audience par le président de la chambre. En refusant son extradition, M. Abazaj enclenche une procédure qui pourrait prendre plusieurs mois avant une décision définitive de la justice française.
Une affaire à dimension politique inquiétante
Les avocats de Rexhino Abazaj, Laurent Pasquet-Marinacce et Youri Krassoulia, s’inquiètent beaucoup de la dimension politique de cette affaire. Ils pointent d’une part un interventionnisme des autorités hongroises via des déclarations publiques suite à l’arrestation, et d’autre part le fait que l’interpellation ait été menée par la Sous-direction antiterroriste, ce qui est inhabituel pour une affaire de droit commun.
Les autorités judiciaires hongroises réclament plusieurs autres personnes à travers toute l’Union européenne pour leur implication supposée dans ces affrontements.
Les avocats de Rexhino Abazaj
Une mobilisation antifasciste réprimée
Les personnes poursuivies sont accusées pour leur participation à une mobilisation populaire d’opposition à la “Journée de l’honneur”. Cet événement commémore la tentative des troupes nazies et des forces collaborationnistes hongroises de fuir Budapest en février 1945. Les heurts sont survenus alors que les militants antifascistes manifestaient contre ce rassemblement néo-nazi.
D’autres militants poursuivis à travers l’Europe
Outre Rexhino Abazaj, l’Italienne Ilaria Salis a aussi été arrêtée en février 2023 dans le cadre de cette affaire. Après plus d’un an de détention dans des conditions “inhumaines et dégradantes” en Hongrie, elle a finalement été libérée en juin suite à son élection au Parlement européen, mais la Hongrie demande la levée de son immunité parlementaire.
Un large soutien des députés français de gauche
Lors de sa comparution mercredi, Rexhino Abazaj a pu compter sur le soutien affiché de plusieurs députés français de gauche. Ceux-ci dénoncent la dimension politique de cette affaire et les pressions des autorités hongroises pour poursuivre les militants antifascistes ayant voulu s’opposer à un rassemblement néo-nazi.
Cette affaire illustre les tensions autour des mouvements d’extrême-droite en Europe et la répression qui s’abat sur ceux qui s’y opposent. Elle soulève aussi des questions sur l’indépendance de la justice hongroise et le respect des droits des militants interpellés. L’issue de la procédure d’extradition de Rexhino Abazaj sera suivie de près dans ce contexte.