Un scandale secoue actuellement la Thaïlande, où des soldats de l’armée sont accusés d’avoir brutalement torturé et tué un ressortissant birman en janvier dernier près de la frontière entre les deux pays. L’ONG Fortify Rights, qui a mené l’enquête sur cette sombre affaire, dénonce une “erreur judiciaire” et réclame que justice soit faite.
Un migrant birman battu à mort par des militaires thaïlandais
Selon le rapport de Fortify Rights, la victime, Aung Ko Ko, âgé de 37 ans, a été arrêté le 12 janvier par quatre soldats thaïlandais dans le district de Mae Sot, à l’ouest de la Thaïlande. Son seul tort : porter l’uniforme d’une force de sécurité officielle d’un village thaïlandais.
Trois des militaires ont alors roué de coups Aung Ko Ko avec un bâton en bois tout en l’interrogeant, le laissant gisant dans son sang. Le malheureux est mort quelques heures plus tard des suites de ses blessures. Pour étayer ses accusations, l’ONG s’appuie sur des témoignages, des photos de la scène du crime ainsi que sur le rapport d’autopsie.
“L’horrible torture et le meurtre d’Aung Ko Ko ne peuvent rester sans réponse. Les soldats responsables doivent être traduits en justice sans délai”
Matthew Smith, directeur général de Fortify Rights
Un autre migrant birman condamné à tort
Mais l’affaire ne s’arrête pas là. D’après le rapport, un autre ressortissant birman, témoin des violences et prénommé Sirachuch, a été par la suite condamné à 3 ans et 4 mois de prison pour homicide involontaire. Une peine que Fortify Rights qualifie d'”erreur judiciaire” devant être réparée de toute urgence.
“Nous pensons que la mort tragique d’Aung Ko Ko met en lumière l’impunité qui règne en Thaïlande quant aux violences commises à l’encontre des migrants et des réfugiés”
Fortify Rights
L’armée thaïlandaise promet d’examiner les allégations
Face à la gravité des accusations portées par l’ONG, l’armée thaïlandaise a indiqué qu’elle allait examiner attentivement ces allégations. Reste à voir si une enquête approfondie sera réellement menée et si les coupables seront punis à la hauteur de leur crime.
Un contexte marqué par l’afflux de réfugiés birmans en Thaïlande
Cette affaire intervient dans un contexte tendu, marqué par l’afflux massif de réfugiés birmans en Thaïlande suite au coup d’État militaire de 2021 en Birmanie. Selon l’ONU, environ 90 000 personnes vivent actuellement dans des camps de réfugiés mis en place le long de la frontière entre les deux pays.
Par le passé, les forces de sécurité thaïlandaises ont déjà été pointées du doigt pour leurs mauvais traitements envers les migrants et réfugiés :
- Refoulement en mer d’embarcations de Rohingyas entrant dans les eaux thaïlandaises
- Détention de migrants dans des foyers surpeuplés
Ce nouveau drame ne fait que renforcer les critiques sur la gestion de la crise des réfugiés par les autorités thaïlandaises. Il met aussi en lumière l’extrême précarité et vulnérabilité de ces populations migrantes, à la merci des exactions des forces de l’ordre.
Un combat de longue haleine pour faire respecter les droits des réfugiés
Pour les ONG comme Fortify Rights, obtenir justice pour Aung Ko Ko et son compatriote injustement condamné n’est qu’une première étape. Le vrai combat est de faire respecter sur le long terme les droits fondamentaux des migrants et réfugiés, trop souvent bafoués.
Cela passe par une réforme en profondeur des pratiques des forces de sécurité, mais aussi par un véritable changement des mentalités dans les plus hautes sphères du pouvoir. La route est encore longue, mais la mobilisation de la société civile et la pression internationale peuvent faire bouger les lignes.
En attendant, on ne peut qu’espérer que l’enquête sur la mort tragique d’Aung Ko Ko permettra de faire éclater la vérité et d’obtenir justice. Pour lui, mais aussi pour tous ces hommes, femmes et enfants jetés sur les routes de l’exil par les conflits et les persécutions, et qui ne demandent qu’à vivre en paix et dans la dignité.