Imaginez un président qui tweete sur une cryptomonnaie, déclenche une frénésie spéculative, puis voit cette même monnaie s’effondrer, engloutissant des millions de dollars. C’est l’histoire qui secoue l’Argentine en ce printemps 2025, avec Javier Milei et sa sœur Karina au centre d’une tempête judiciaire. Le scandale LIBRA, une memecoin au cœur d’une fraude présumée de 4,5 millions de dollars, soulève des questions brûlantes : simple erreur ou manipulation orchestrée ? Plongeons dans cette affaire qui mêle politique, finance et trahison.
Un Scandale Crypto qui Ébranle l’Argentine
Tout commence le 14 février 2025, lorsque Javier Milei, président argentin connu pour ses prises de position audacieuses, partage un message sur ses réseaux sociaux. Il vante LIBRA, une cryptomonnaie présentée comme un projet privé destiné à booster l’économie argentine via le financement de startups. Le tweet, accompagné d’un lien vers le site du projet, vivalalibertadproject.com, déclenche une ruée : le prix de LIB LIBRA explose, atteignant une capitalisation boursière de 4,5 milliards de dollars en quelques heures. Mais la fête est de courte durée. En moins de deux heures, le cours s’effondre de 90 %, laissant 75 000 investisseurs avec des pertes estimées à 280 millions de dollars. Milei supprime son message cinq heures plus tard, affirmant n’avoir jamais été impliqué dans le projet.
Ce krach, qualifié de rug pull par les experts – une escroquerie où les créateurs gonflent artificiellement la valeur d’un token avant de le liquider – met le feu aux poudres. Rapidement, des plaintes affluent en Argentine, aux États-Unis et en Espagne, accusant Milei et ses proches de fraude et de manipulation de marché. Une enquête judiciaire est ouverte, et le scandale LIBRA devient l’un des plus grands drames financiers de l’année.
Les Milei au Cœur de la Tourmente
Javier Milei et sa sœur Karina, secrétaire générale de la présidence, se retrouvent dans le viseur de la justice. Une audience de médiation civile, préalable à un procès pour dommages et intérêts de 4,5 millions de dollars, est organisée en mai 2025. Mais les Milei brillent par leur absence. Aucun représentant légal ne se présente pour eux, et seul un avocat, lié à un autre accusé, participe via Zoom. Cette absence, perçue comme un affront, alimente les spéculations : les Milei cherchent-ils à gagner du temps ou à esquiver les accusations ?
Leur absence à l’audience est un signal inquiétant. Cela donne l’impression qu’ils sous-estiment la gravité des accusations.
Un avocat des plaignants, sous couvert d’anonymat
La juge fédérale María Servini, en charge de l’affaire, ne se contente pas de demi-mesures. Elle ordonne la levée du secret bancaire sur les comptes de Javier et Karina Milei, remontant jusqu’à 2023, pour examiner leurs transactions. Cette décision, rare pour des figures politiques de ce rang, vise à établir s’ils ont bénéficié financièrement de la promotion de LIBRA. Des rumeurs circulent sur des liens entre les Milei et les promoteurs du projet, notamment via des rencontres organisées dès octobre 2024 lors d’un événement technologique à Buenos Aires.
Qui Sont les Acteurs Clés de l’Affaire ?
L’enquête met en lumière plusieurs figures liées à LIBRA. Voici les principaux protagonistes :
- Mauricio Novelli : Fondateur de Tech Forum Argentina, il aurait servi d’intermédiaire entre les Milei et Hayden Davis, le cerveau présumé derrière LIBRA. Ses avoirs, ainsi que ceux de sa mère et de sa sœur, sont gelés.
- Hayden Davis : Entrepreneur américain à la tête de Kelsier Ventures, accusé d’avoir empoché 107 millions de dollars avant l’effondrement du token.
- Sergio Morales : Ancien conseiller de la Commission nationale des valeurs mobilières argentine, impliqué dans la promotion du projet.
- Manuel Terrones Godoy : Personnalité des réseaux sociaux, visé pour des irrégularités financières similaires dans le passé.
Un épisode particulièrement troublant concerne la mère et la sœur de Novelli. Le 17 février, soit trois jours après le tweet de Milei, des caméras de sécurité d’une agence bancaire Galicia les filment entrant avec des sacs vides et sortant avec des contenants visiblement remplis. Selon un rapport de la division anti-blanchiment de la police fédérale, cette opération soulève des soupçons de retraits massifs en liquide, potentiellement liés à la liquidation des fonds de LIBRA.
Un Scandale aux Ramifications Internationales
Le scandale ne se limite pas à l’Argentine. Des poursuites sont engagées aux États-Unis et en Espagne, où des investisseurs floués réclament justice. Une analyse de la blockchain révèle que des initiés liés à LIBRA ont retiré 99 millions de dollars avant le krach, renforçant les accusations de pump-and-dump – une pratique illégale où l’on gonfle artificiellement un actif avant de le vendre à des investisseurs crédules. En Argentine, l’enquête prend une tournure politique. La Chambre des députés vote la création d’une commission spéciale pour interroger des ministres et des proches de Milei, bien que le président et sa sœur soient pour l’instant exclus des auditions.
Les critiques s’intensifient. Sabrina Selva, une députée d’opposition, déplore l’exclusion des Milei de l’enquête parlementaire, tandis que des avocats, dont Jonatan Baldiviezo, accusent le président de fraude et d’association de malfaiteurs. Certains vont jusqu’à évoquer une destitution, bien que Milei conserve une base fidèle parmi ses partisans.
Si vous perdez de l’argent au casino, de quoi vous plaignez-vous ? Je n’ai pas promu LIBRA, je l’ai simplement partagé sur mon compte personnel.
Javier Milei, en réponse aux accusations baskquote>Cette déclaration, lâchée lors d’une interview, a scandalisé les victimes. Pour beaucoup, elle reflète un mépris pour les 75 000 investisseurs lésés, dont certains ont perdu leurs économies. Les réseaux sociaux s’enflamment, et des messages attribués à Hayden Davis, vantant son influence sur Milei via des paiements à Karina, jettent de l’huile sur le feu.
Les Dessous Technologiques de LIBRA
LIBRA a été lancé sur la blockchain Solana, connue pour sa rapidité et ses faibles coûts de transaction. Le projet, associé au slogan Viva La Libertad, promettait de soutenir les petites entreprises argentines. Pourtant, dès son lancement, des signaux d’alarme apparaissent. Le site officiel manque de transparence, et le protocole KIP, une entreprise d’intelligence artificielle décentralisée, nie toute implication directe, affirmant n’avoir fourni qu’un soutien technologique post-lancement.
Aspect Détails Blockchain Solana Date de lancement 14 février 2025 Pertes estimées 280 millions de dollars Nombre de victimes 75 000 investisseurs Ce manque de clarté, couplé à l’effondrement rapide du token, renforce les soupçons d’une opération orchestrée. Les analystes notent que les portefeuilles liés aux créateurs ont vendu massivement leurs tokens au pic du marché, une tactique classique des escroqueries crypto.
Les Répercussions Politiques et Sociales
Le scandale LIBRA dépasse le cadre financier. Il fragilise la crédibilité de Javier Milei, dont l’image de champion de la liberté économique est ternie. Guillermo Francos, chef de cabinet, tente de calmer le jeu en affirmant que le président n’a jamais eu de liens avec les créateurs de LIBRA. Mais ses explications, jugées évasives, ne convainquent pas. Lors d’une audition au Congrès, il échoue à préciser comment Milei a découvert le projet, se contentant de vagues références à des “connaissances publiques”.
Sur les réseaux sociaux, les Argentins expriment leur colère. Des hashtags comme #RenunciáMilei gagnent en popularité, tandis que des mèmes moquent l’analogie du président avec un casino. Pour beaucoup, cette affaire illustre les dangers d’un leadership impulsif dans un contexte économique déjà fragile. L’Argentine, en proie à une inflation galopante et à une dette écrasante, ne peut se permettre de tels scandales.
Vers une Régulation des Cryptomonnaies ?
L’affaire LIBRA relance le débat sur la régulation des cryptomonnaies en Argentine et au-delà. Contrairement aux États-Unis, où la SEC impose des règles strictes, l’Argentine manque d’un cadre clair pour encadrer les tokens comme LIBRA. La Commission nationale des valeurs mobilières, bien que mentionnée dans l’enquête, n’a pas anticipé l’ampleur du problème. Certains appellent à une législation d’urgence pour protéger les investisseurs, tandis que d’autres, fidèles à l’idéologie libertarienne de Milei, s’opposent à toute intervention étatique.
Points clés pour une régulation efficace :
- Transparence des projets crypto dès leur lancement.
- Contrôle des portefeuilles des créateurs pour détecter les ventes suspectes.
- Sanctions accrues pour les pratiques de pump-and-dump.
- Éducation des investisseurs sur les risques des memecoins.
À l’échelle mondiale, des affaires similaires – comme le récent piratage du compte X de la SEC ou des scandales impliquant des influenceurs – soulignent l’urgence d’une coordination internationale. L’Argentine pourrait-elle devenir un pionnier en la matière, ou le scandale LIBRA restera-t-il un avertissement sans suite ?
Que Nous Réserve l’Avenir ?
L’enquête sur LIBRA ne fait que commencer. La juge Servini, réputée pour sa ténacité, semble déterminée à faire la lumière sur les responsabilités. Les avoirs gelés, les comptes bancaires scrutés et les auditions à venir promettent de nouvelles révélations. Mais les Milei, forts de leur popularité auprès d’une frange de la population, pourraient chercher à transformer cette crise en opportunité politique, en dénonçant une chasse aux sorcières orchestrée par l’opposition.
Pour les investisseurs floués, l’attente est insoutenable. Beaucoup espèrent récupérer une partie de leurs pertes, mais les précédents en matière de scams crypto ne sont guère encourageants. En attendant, le scandale LIBRA rappelle une vérité universelle : dans le monde des cryptomonnaies, la prudence est de mise, surtout lorsque les promesses viennent des plus hautes sphères.
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