La capitale argentine a accueilli mercredi un événement d’envergure pour la droite dure mondiale : la première édition de la Conservative Political Action Conference (CPAC) en Argentine, orchestrée par le président ultraconservateur Javier Milei. Ce rassemblement, déclinaison locale de la grand-messe conservatrice américaine, s’est tenu dans un grand hôtel de Buenos Aires, à proximité du palais présidentiel.
Si l’événement n’a pas réuni physiquement les plus grands ténors de la droite radicale, il a néanmoins pu compter sur des soutiens de poids, à distance. L’ex-président brésilien d’extrême droite Jair Bolsonaro, réfugié en Argentine depuis sa défaite électorale, a ainsi transmis un message vidéo pour remercier Milei d’accueillir des « condamnés politiquement ». Une allusion aux dizaines de Brésiliens ayant fui leur pays après l’attaque contre les institutions à Brasilia en janvier, et dont certains font désormais l’objet d’une demande d’extradition.
Autre figure tutélaire du camp conservateur, Steve Bannon, ancien stratège de Donald Trump, a lui aussi envoyé une vidéo affirmant que « le destin de l’Amérique du Sud est à présent entre les mains de Milei et des patriotes argentins ». Signe de l’importance accordée à l’événement côté américain, Lara Trump, belle-fille de l’ex-président et co-présidente du Comité national républicain, a fait le déplacement.
Milei, leader autoproclamé des ultraconservateurs
Pour Javier Milei, au pouvoir depuis presque un an, cette première CPAC argentine revêt une importance stratégique. Le dirigeant, qui se décrit comme « anarcho-capitaliste », multiplie les apparitions dans les rendez-vous internationaux de la droite dure, du Brésil aux États-Unis. Son objectif : s’imposer comme l’un des visages de proue de cette mouvance à l’échelle mondiale.
En septembre dernier, dans une interview, il se targuait même d’être avec Donald Trump « l’un des deux hommes politiques les plus importants de la planète ». Une ambition qu’il entend désormais matérialiser en accueillant ses pairs ultraconservateurs dans son fief de Buenos Aires.
Un public conquis d’avance
Dans la salle de la CPAC mercredi, le public, composé d’une centaine de personnes dont de nombreux jeunes en costume-cravate, s’est montré particulièrement réceptif aux différents intervenants. Les discours de Santiago Abascal, dirigeant du parti espagnol d’extrême-droite Vox, et de Lara Trump ont été accueillis aux cris de « Liberté ! Liberté ! ».
Une ferveur qui n’a rien d’étonnant, la plupart des orateurs étant des proches de Milei ou des figures déjà acquises à sa cause. Outre quelques invités internationaux, la majorité des intervenants étaient en effet argentins : membres du gouvernement, influenceurs… Tous semblaient partager la même vision ultralibérale et conservatrice de la société.
L’Argentine, nouveau phare de l’ultra droite mondiale ?
En accueillant ce premier rendez-vous de la CPAC sur le sol argentin, Javier Milei entend bien faire de son pays un acteur incontournable de la scène ultraconservatrice internationale. Une stratégie qu’il compte approfondir, à l’heure où les idées d’extrême droite gagnent du terrain un peu partout sur le continent sud-américain.
D’après des observateurs, le choix de Buenos Aires pour ce rassemblement n’est pas anodin. Il témoigne de la volonté des ultraconservateurs de renforcer leurs liens et leur influence en Amérique latine, une région qu’ils considèrent comme un terrain propice à la diffusion de leurs idées. Avec son positionnement assumé à la droite de la droite, Milei espère ainsi faire de l’Argentine un laboratoire et un moteur de cette offensive politique à l’échelle du sous-continent.
Reste à savoir si cette première expérience argentine de la CPAC sera concluante et si elle permettra réellement à Javier Milei d’asseoir son leadership au sein de la galaxie ultra-conservatrice. Une chose est sûre : en ouvrant les portes de son pays à ce rendez-vous très politique, le président argentin affiche clairement ses ambitions et sa volonté de peser, au-delà de ses frontières, dans le débat idéologique mondial.