Le géant français du pneumatique Michelin a annoncé un plan social d’envergure qui prévoit la fermeture de deux de ses usines en France d’ici 2026. Les sites concernés, localisés à Cholet en Maine-et-Loire et à Vannes dans le Morbihan, comptent au total 1254 salariés dont l’avenir est aujourd’hui plus qu’incertain. Cette décision brutale a provoqué la colère et l’incompréhension des employés ainsi que de plusieurs responsables politiques.
Des salariés “tristes” et “en colère”, un avenir en suspens
L’annonce est tombée comme un couperet pour les 900 salariés de Cholet et les 299 de Vannes. Réunis par la direction dans des conditions décriées par les syndicats, ils ont appris que leurs emplois allaient disparaître d’ici 3 ans. Des pneus ont brûlé sur le site choletais en signe de protestation et la grève a été votée.
Ils ont mis les 900 salariés dans une salle comme des vaches à l’abattoir et annoncé que c’était fini
Morgane Royer, salariée et déléguée syndicale SUD à Cholet
Des réactions politiques n’ont pas tardé, à commencer par le Premier ministre Michel Barnier “en désaccord” avec cette décision. Il a rappelé avoir rencontré récemment le PDG de Michelin Florent Menegaux et s’est interrogé sur l’usage fait des aides publiques perçues par le groupe. Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci a pour sa part réclamé “un plan d’accompagnement exemplaire des salariés et des territoires”.
Un “effondrement” du marché des pneus poids lourds et camionnettes
Pour justifier ces fermetures, la direction de Michelin évoque des difficultés liées à “l’effondrement” des ventes de pneus pour poids lourds et camionnettes, segments sur lesquels les usines de Cholet et Vannes sont positionnées. Face à la “concurrence asiatique”, ces activités manqueraient désormais de “perspective de redressement” selon Florent Menegaux.
C’est l’effondrement de l’activité qui a provoqué cette situation, et je veux dire à tous ces salariés que nous ne laisserons personne au bord du chemin
Florent Menegaux, PDG de Michelin
Une “dégradation lente de la compétitivité” industrielle européenne
Au-delà de difficultés conjoncturelles, le PDG pointe aussi du doigt une “dégradation lente de la compétitivité” de l’Europe, plombée notamment par les coûts de l’énergie, qui freinerait les exportations. Un constat qui fait écho aux inquiétudes de nombreux industriels du secteur automobile, durement touchés par le ralentissement du marché des véhicules neufs.
Des solutions de reclassement promises, l’avenir des bassins d’emplois en question
Pour accompagner les salariés concernés, Michelin promet “des solutions sur mesure” : reclassements internes, aide à la mobilité externe ou départs en pré-retraite. Le groupe s’engage aussi à “participer à la création d’au moins autant d’emplois que ceux supprimés” localement. Mais les précédents plans sociaux et la désindustrialisation rampante font craindre le pire aux bassins d’emplois touchés.
Cette décision radicale est un nouveau signal alarmant pour une industrie française en grande difficulté. Confrontée à une concurrence mondiale exacerbée et à une transition énergétique et technologique mal anticipée, elle peine à trouver un second souffle. Et ce sont les salariés et les territoires qui en payent le plus lourd tribut. Les pouvoirs publics et les entreprises arriveront-ils à enrayer cette spirale du déclin? L’avenir de pans entiers de notre économie et de notre tissu social en dépend.