La polémique enfle autour du premier ministre Michel Barnier, accusé par le patron du Parti Socialiste Olivier Faure d’avoir « trahi le front républicain » en négociant avec le Rassemblement National sur le budget 2025. Des accusations explosives à quelques jours d’un vote crucial.
Barnier pris dans la tourmente des négociations budgétaires
Invité ce dimanche du « Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI », le premier secrétaire du PS Olivier Faure a vertement critiqué l’attitude de Michel Barnier dans les tractations budgétaires en cours à l’Assemblée nationale. D’après lui, le locataire de Matignon aurait « trahi le front républicain » en cherchant le soutien du Rassemblement National pour faire passer son budget de la Sécurité sociale.
Des accusations graves à l’heure où le spectre d’une motion de censure plane sur le gouvernement. Marine Le Pen et ses troupes menacent en effet de faire tomber l’exécutif si leurs demandes sur le pouvoir d’achat ne sont pas entendues. Michel Barnier, pris en étau, aurait donc tenté un rapprochement avec l’extrême-droite pour sauver son budget.
Le PS dénonce « l’irresponsabilité » du premier ministre
Pour Olivier Faure, cette « négociation avec l’extrême-droite » est inadmissible. « C’est la raison pour laquelle nous avons un mauvais budget », a-t-il martelé, reprochant à Michel Barnier de ne pas avoir suffisamment écouté les demandes de la gauche sur la fiscalité des plus aisés et des grandes entreprises.
Si le premier ministre entendait ce que nous lui disons, bien sûr que nous renoncerions à la censure.
Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste
Le patron du PS a ainsi exhorté le chef du gouvernement à « revenir sur les mesures les plus injustes » du budget de la Sécu s’il veut éviter une censure de son gouvernement. Un ultimatum qui fait écho à celui lancé par Marine Le Pen la semaine dernière.
L’hypothèse d’une censure de plus en plus crédible
Avec un Rassemblement National qui campe sur ses positions et une gauche vent debout, l’épée de Damoclès d’une motion de censure n’a jamais été aussi menaçante pour le gouvernement Barnier. Si le RN, le PS et les autres composantes du Nouveau Front Populaire (NFP) unissaient leurs voix, ils auraient mathématiquement la possibilité de renverser l’exécutif.
Un scénario catastrophe pour Michel Barnier, qui se retrouverait désavoué moins de 5 mois après sa nomination à Matignon. Le premier ministre, conscient du danger, multiplie les consultations pour tenter de déminer la situation. Mais ses appels du pied à Marine Le Pen semblent pour l’instant se retourner contre lui.
La majorité sort l’artillerie lourde
Face à cette crise politique, la majorité présidentielle sort ses arguments pour tenter de dissuader les oppositions de censurer le gouvernement. Le ministre de l’Économie Geoffroy Didier a ainsi agité le spectre d’une paralysie du pays en cas de rejet du budget :
Si le budget est censuré, plus aucun texte financier ne pourra être voté pendant un an. C’est le retour à des budgets d’austérité drastique comme en 2009.
Geoffroy Didier, ministre de l’Économie
Un argument jugé peu crédible par Olivier Faure, qui rappelle que des « ordonnances viendraient assurer la continuité de l’État » en cas de censure. Le bras de fer se poursuit donc entre Matignon et l’Assemblée à l’approche du vote fatidique, prévu en milieu de semaine.
Barnier rattrapé par ses vieux démons ?
Pour certains observateurs, Michel Barnier paierait aujourd’hui son passé de négociateur du Brexit, habitué aux compromis et aux accords de couloirs. Une méthode qui trouverait ses limites face aux postures intransigeantes des oppositions.
Michel Barnier a gardé ses réflexes de technocrate européen. Il croit encore qu’on peut s’entendre avec tout le monde, y compris les extrêmes. C’est une vision anachronique de la politique.
Un cadre de la majorité
Reste à savoir si le premier ministre parviendra in extremis à < recréer du lien avec Olivier Faure et la gauche modérée pour éviter la catastrophe. Les prochains jours s'annoncent en tout cas décisifs pour l'avenir du gouvernement et de ses grandes réformes, à commencer par celle des retraites.