Mercredi dernier, après seulement trois mois passés à Matignon, Michel Barnier a été renversé par une motion de censure votée par les députés de l’Assemblée nationale. Un coup dur pour ce dirigeant expérimenté, nommé en septembre dernier par Emmanuel Macron pour tenter de stabiliser un gouvernement sans majorité absolue.
Un style « old fashion » qui ne passe plus
Connu pour son style de gouvernance traditionnel, Michel Barnier incarnait en quelque sorte une politique d’un autre temps. À 73 ans, il était le Premier ministre le plus âgé depuis le début de la Ve République. Un âge avancé qui transparaissait dans sa méthode, jugée « old fashion » par certains députés de la majorité présidentielle.
« Il représente tout ce que les Français ne veulent pas. Il est stratosphérique, déconnecté. »
Un parlementaire Les Républicains
Méthodique, prudent, avançant « pas à pas », Michel Barnier s’est forgé une réputation de négociateur acharné lors de sa mission sur le Brexit auprès de l’Union européenne. Une qualité qui n’a pas suffi à convaincre dans un contexte politique français de plus en plus polarisé.
Une équation politique impossible à résoudre
Dès sa nomination, Michel Barnier savait qu’il devrait naviguer en eaux troubles. Sans majorité absolue, pris en étau entre une gauche contestataire, une extrême-droite puissante et une droite divisée, il s’est retrouvé face à une équation politique insoluble. La présentation d’un budget d’économies, nécessaire pour combler le déficit, a fini par cristalliser toutes les oppositions.
« Michel Barnier était lucide sur la tenaille qui l’enserrait à l’Assemblée. »
Un proche du Premier ministre
Une carrière européenne en demi-teinte
Avant ce passage éclair à Matignon, Michel Barnier a connu une longue carrière politique, tant au niveau national qu’européen. Plusieurs fois ministre dans les années 1990 et 2000, il a aussi occupé le poste de commissaire européen à deux reprises. Un parcours qui force le respect, mais qui n’a pas toujours été couronné de succès, comme en témoigne son échec face à Jean-Claude Juncker dans la course à la présidence de la Commission européenne en 2014.
Une sortie par la petite porte
Avec un mandat de seulement trois mois, Michel Barnier restera dans les mémoires comme le Premier ministre au bail le plus court de la Ve République. Un record dont il se serait bien passé. Interrogé sur une possible reconduction à Matignon, il a balayé l’idée d’un revers de main :
« J’ai envie de servir. Mais qu’est-ce que cela a comme sens ? Les ors de la République, je m’en fous. »
Michel Barnier
Une sortie amère pour ce vieux routier de la politique, qui espérait probablement laisser une autre trace dans l’histoire. Mais au-delà des circonstances, l’échec de Michel Barnier questionne aussi sur la capacité du système politique français à faire émerger des consensus dans un contexte de plus en plus polarisé. Un défi de taille pour les futurs locataires de Matignon.
