Alors que le premier ministre Michel Barnier est au bord du précipice, menacé par une potentielle motion de censure, les spéculations vont bon train quant à son éventuel successeur à Matignon. Plusieurs personnalités politiques de premier plan sont pressenties pour reprendre le flambeau en cas de chute du gouvernement. Décryptage des différents profils qui pourraient être appelés à former une nouvelle équipe ministérielle.
François Bayrou, l’allié historique d’Emmanuel Macron
Fidèle parmi les fidèles, le patron du MoDem François Bayrou fait figure de favori pour succéder à Michel Barnier en cas de remaniement. Allié de la première heure du président de la République, il pourrait fédérer une large coalition allant du centre à une partie de la gauche, tout en ménageant le Rassemblement national avec lequel il entretient une forme de respect mutuel malgré des divergences.
Le maire de Pau s’est d’ailleurs illustré récemment en critiquant les réquisitions du parquet dans le procès des assistants parlementaires du RN, lui qui avait été relaxé dans une affaire similaire en février. Un geste apprécié dans les rangs lepénistes. Selon des sources proches de l’exécutif, François Bayrou aurait multiplié les entrevues avec l’influent secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler ces dernières semaines, preuve que sa candidature est prise très au sérieux.
Sébastien Lecornu, l’homme de confiance du président
Autre nom qui revient avec insistance, celui de Sébastien Lecornu, actuel ministre des Armées et l’un des derniers survivants du quinquennat Macron. Ce fidèle parmi les fidèles, passé par tous les gouvernements depuis 2017, a l’avantage de bien connaître les arcanes du pouvoir et d’être apprécié tant par le « nouveau monde » que par la droite classique dont il est issu.
Habile négociateur, le ministre a su se faire apprécier sur les bancs de l’Assemblée, y compris par les élus RN qu’il s’attache à ménager au même titre que les autres partis. Une qualité rare qui pourrait faire la différence au moment de constituer une nouvelle majorité. Toutefois, certaines voix s’élèvent déjà contre un tropisme jugé trop à droite de Sébastien Lecornu, qui inquiète une partie de la Macronie.
Les outsiders : de Cazeneuve à Retailleau
Si François Bayrou et Sébastien Lecornu semblent tenir la corde, d’autres personnalités restent en embuscade en cas d’échec des favoris. C’est notamment le cas de l’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, dont le nom avait déjà circulé cet été avant d’être écarté faute de soutien des députés PS. Un veto qui pourrait sauter si la conjoncture politique venait à évoluer.
À droite, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau est également cité parmi les prétendants crédibles à Matignon. Depuis son arrivée Place Beauvau, il a su imprimer sa marque par une fermeté revendiquée sur les questions régaliennes, quitte à bousculer ses partenaires de la majorité. Une attitude qui plaît à une partie de l’opinion, même si elle peut aussi lui aliéner des soutiens.
Autres noms évoqués : celui de Xavier Bertrand, qui conserve une forte influence au sein de LR, ou encore ceux de techniciens comme François Villeroy de Galhau ou Thierry Breton, dans l’hypothèse d’un gouvernement d’experts. Mais à ce stade, ces options semblent plus hypothétiques.
Michel Barnier peut-il sauver son poste ?
Si un remaniement semble inéluctable en cas de censure, un scénario ne peut être totalement exclu : celui d’un maintien de Michel Barnier à son poste. Il existe en effet des précédents, comme celui de Georges Pompidou en 1962, reconduit par de Gaulle après un vote de défiance. Mais le contexte politique est radicalement différent, et seule une dissolution pourrait redonner une majorité claire au gouvernement, ce qui semble peu probable à ce stade.
Les prochains jours s’annoncent donc décisifs pour l’avenir du pays. En coulisses, les tractations vont bon train pour trouver la formule politique à même de sortir de l’ornière. Une équation complexe à plus d’une inconnue, qui pourrait bien rebattre les cartes du jeu politique pour les mois et les années à venir. Une seule certitude : le suspense reste entier quant à l’identité de celui ou celle qui aura la lourde tâche de succéder à Michel Barnier à Matignon si le premier ministre venait à tomber.