Alors que la France pensait avoir tourné la page des crises sociales, le début de mandat de Michel Barnier à Matignon semble raviver les braises de la contestation. Le Premier ministre, nommé il y a seulement deux mois et demi, doit déjà faire face à une vague de colère venue des campagnes et des élus locaux. Un baptême du feu pour celui qui incarne le retour de la droite au pouvoir.
L’accord du Mercosur, étincelle de la discorde
Au cœur des tensions, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, qui pourrait être ratifié d’ici la fin de l’année. Les agriculteurs français craignent une concurrence déloyale et l’arrivée massive de produits sud-américains ne respectant pas les normes environnementales et sanitaires européennes.
Selon une source proche du monde agricole, les exploitants n’accepteront pas de “se faire balayer par les importations à bas coût du Brésil ou d’Argentine”. Des actions coup de poing, comme le blocage d’axes routiers stratégiques par des convois de tracteurs, sont à prévoir si le gouvernement ne prend pas en compte ces revendications.
Le spectre des “gilets jaunes” agricoles
Ce mouvement de contestation n’est pas sans rappeler celui des “gilets jaunes” qui avait secoué le premier mandat d’Emmanuel Macron. Le monde rural, se sentant abandonné par les élites parisiennes, pourrait à nouveau exprimer bruyamment son mécontentement dans les prochaines semaines.
Pour Michel Barnier, il s’agit d’un premier test grandeur nature. Lui qui a bâti sa carrière politique sur une image de négociateur habile et de fin connaisseur des arcanes bruxelloises, saura-t-il trouver les mots pour apaiser la colère des campagnes ? Son entourage assure qu’il “ne sous-estime pas l’ampleur du défi” et qu’il compte bien “se saisir du dossier agricole à bras-le-corps”.
Des maires en attente de réponses concrètes
Autre front de contestation pour le gouvernement : les attentes des élus locaux. Alors que s’ouvre le 106ème congrès des maires de France, les édiles attendent des engagements fermes de l’exécutif sur les dotations aux collectivités, la réforme de la fiscalité locale ou encore la place des communes dans le millefeuille administratif français.
Les maires en ont assez des belles paroles et des promesses non tenues. Nous voulons du concret, des actes.
Un maire d’une commune rurale
Michel Barnier, qui doit clôturer le congrès jeudi, tentera de rassurer les élus locaux. Un exercice d’équilibriste pour le Premier ministre qui doit composer avec les contraintes budgétaires et la volonté de son camp de réduire la dépense publique.
Un automne à hauts risques pour le gouvernement
Entre la colère du monde agricole et le mécontentement des élus locaux, Michel Barnier va devoir démontrer rapidement sa capacité à éteindre les incendies sociaux. Car au-delà de ces premiers mouvements de contestation, d’autres dossiers sensibles pourraient venir perturber l’action du gouvernement dans les prochains mois :
- La réforme explosive des retraites, avec un nouveau report de l’âge légal en ligne de mire
- Les négociations houleuses autour de l’assurance chômage
- La probable réforme de l’ENA et de la haute fonction publique, promesse de campagne d’Emmanuel Macron
Autant de chantiers à hauts risques qui mettront à l’épreuve la solidité de la coalition hétéroclite (allant de LR au centre) sur laquelle s’appuie le nouveau gouvernement. Sans majorité absolue à l’Assemblée, Michel Barnier sait que la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres.
Selon un conseiller ministériel, Matignon a bien conscience que “la rentrée sera agitée” et que “chaque dossier devra être manié avec la plus grande précaution”. Une prudence de sioux indispensable pour éviter l’embrasement général et ne pas voir se multiplier les foyers de contestation aux quatre coins du pays.
C’est tout le défi que devra relever Michel Barnier dans les prochaines semaines : réussir son baptême du feu social pour asseoir son autorité et démontrer sa capacité à réformer le pays malgré les vents contraires. Un sacré pari pour celui qui rêve déjà de lancer la bataille de la présidentielle 2027.