Coup de tonnerre au Vatican. Mgr Carlo Maria Vigano, ancien nonce apostolique aux États-Unis et figure de proue des milieux catholiques conservateurs, est visé par un procès ecclésiastique lancé par le dicastère pour la Doctrine de la foi. En cause : ses prises de position virulentes à l’encontre du pape François et de la ligne pastorale impulsée depuis le début du pontificat. Un conflit qui cristallise les oppositions internes et pourrait bien mener au bord du schisme.
Mgr Vigano, le cardinal rebelle
Diplomate chevronné, Carlo Maria Vigano a longtemps été un rouage essentiel de la Curie romaine. Mais depuis plusieurs années, il s’est mué en pourfendeur acharné du pape François, l’accusant pêle-mêle de brader la doctrine, de saper l’autorité de l’Église et de pactiser avec les puissances mondialistes. Dans des lettres incendiaires largement relayées par la presse traditionaliste, il est allé jusqu’à demander la démission du souverain pontife.
« Pour Mgr Vigano, l’Église est en pleine dérive. Il estime de son devoir de réagir, quitte à en payer le prix fort. »
– Un proche du prélat
Des propos qui ne passent pas
Mais pour le Vatican, cette fronde dissidente ne peut plus être tolérée. Mgr Vigano est désormais accusé de rompre la communion ecclésiale et de remettre en cause la légitimité même du pape, un acte passible d’excommunication selon le droit canon. Il devra s’en expliquer dans le cadre d’une procédure rarissime initiée par l’ex-Saint-Office.
Un clivage profond
Au-delà du cas personnel de Mgr Vigano, c’est tout un courant traditionaliste qui se sent visé. Nostalgique de l’Église pré-conciliaire, il voit d’un très mauvais œil les inflexions pastorales et doctrinales initiées depuis Vatican II. Pour ces catholiques attachés à la Tradition, François est coupable d’affaiblir le magistère à force d’ouverture et de compromis avec la modernité.
A l’inverse, les soutiens du pape dénoncent une frange intégriste qui refuse les évolutions nécessaires pour proposer le message évangélique au monde contemporain. Et voient dans les anathèmes de Mgr Vigano une trahison intolérable de l’unité ecclésiale et du primat papal.
Un procès à hauts risques
En lançant ce procès, le Vatican entend circonscrire la fronde. Mais beaucoup redoutent au contraire un affrontement dévastateur pour la crédibilité et la cohésion de l’Église. Dans les sacristies et sur les parvis, chacun retient son souffle. Car derrière les débats théologiques, c’est bien la gouvernance du pontificat et l’avenir du catholicisme qui sont en jeu.
Cette mise au point musclée suffira-t-elle à faire rentrer les brebis égarées ? Ou attisera-t-elle les braises de la division, jusqu’à un point de non-retour ? En son for intérieur, le pape François mesure sans doute les périls d’une excommunication. Lui qui place la miséricorde au cœur de son message devra trancher. Pour l’heure, tous les regards sont braqués vers la place Saint-Pierre.