Ce dimanche 2 juin est un jour historique pour le Mexique. Pour la première fois, les électeurs mexicains pourraient bien porter une femme à la tête du pays, gangrené par les violences liées au narcotrafic et où une dizaine de féminicides sont recensés chaque jour selon l’ONU. Un scrutin déterminant à plus d’un titre.
Claudia Sheinbaum, la favorite de la gauche au pouvoir
La grande favorite de cette élection présidentielle est Claudia Sheinbaum, 61 ans, candidate du parti de gauche au pouvoir, le Mouvement pour la régénération nationale (Morena). Ancienne maire de Mexico de 2018 à 2023, elle devance régulièrement sa rivale de centre-droit, Xochitl Galvez, de 17 points en moyenne dans les sondages.
Portée par la popularité du président sortant Andres Manuel Lopez Obrador, Claudia Sheinbaum promet d’entrer dans l’histoire en déclarant : « Nous allons entrer dans l’histoire. C’est le temps des femmes et de la transformation. Cela veut dire vivre sans peur et être libres de violences ».
Une participation record attendue
Dès l’ouverture des bureaux de vote à 8h, les files d’attente ont commencé à se former, de Cancun à la capitale Mexico. Selon Ana Hernandez, politologue de 28 ans, cette élection pourrait bien être historique en termes de participation :
Je crois que ça va être historique en termes de participation.
Ana Hernandez, politologue
Les violences faites aux femmes, un enjeu central
Pour de nombreuses électrices, choisir une femme présidente est nécessaire face à l’ampleur des violences machistes dans le pays. Comme le souligne Clemencia Hernandez, femme de ménage de 55 ans :
Une femme présidente représentera une transformation et espérons qu’elle fasse davantage pour ce pays. Ici la violence contre les femmes est à 100%.
Clemencia Hernandez, électrice
Xochitl Galvez, l’opposante qui veut créer la surprise
Face à Claudia Sheinbaum, Xochitl Galvez espère créer la surprise en misant sur un « vote caché » en sa faveur qui aurait échappé aux sondages. Cette cheffe d’entreprise d’origine modeste, fille d’un père indigène, dénonce l’échec de la politique sécuritaire du gouvernement sortant :
186 000 personnes assassinées et 50 000 personnes disparues depuis 2018.
Xochitl Galvez, candidate de l’opposition
Lutter contre les cartels, premier défi de la future présidente
Quel que soit le résultat des urnes, la lutte contre la violence des cartels sera le premier grand chantier de la future présidente selon Michael Shifter, chercheur au centre d’analyse Dialogo Interamericano. Depuis 2006 et l’envoi de l’armée contre les narcotrafiquants, 450 000 personnes ont été assassinées.
Là où Claudia Sheinbaum promet de poursuivre la politique actuelle en s’attaquant aux causes profondes de la violence, Xochitl Galvez, elle, veut en finir avec les « accolades » aux cartels.
Une relation complexe avec les États-Unis à gérer
L’autre grand dossier qui attend la future présidente sera la gestion des relations bilatérales intenses et complexes avec les États-Unis. Entre trafic de fentanyl, immigration clandestine record et contentieux sur les armes, les sujets de frictions ne manquent pas entre les deux pays.
L’élection de novembre prochain côté américain, qui déterminera si le prochain interlocuteur de la « presidenta » sera le démocrate Joe Biden ou le républicain Donald Trump, s’annonce déterminante pour la suite.
Consolider l’État-providence malgré un déficit qui se creuse
Enfin, la nouvelle cheffe de l’État mexicain devra consolider l’État-providence dans un contexte budgétaire de plus en plus contraint. Le déficit pourrait atteindre 5,9% du PIB en 2024 selon les prévisions, son plus haut niveau depuis des décennies.
Les premiers résultats de ce scrutin historique sont attendus dans la soirée, quelques heures après la fermeture des bureaux de vote à 18h. Vers l’élection de la première présidente du Mexique et le début d’une nouvelle ère pour le pays ?