C’est un véritable vent de terreur qui souffle sur les élections au Mexique. Alors que le pays s’apprête à vivre le plus grand scrutin de son histoire le 2 juin prochain, un bain de sang d’une violence inouïe vient d’endeuiller la campagne électorale. Pas moins de neuf personnes ont perdu la vie dans deux attaques ciblant des candidats, faisant basculer ces élections dans l’horreur.
Le Chiapas, épicentre sanglant d’une démocratie en danger
C’est dans l’État du Chiapas, dans le sud du pays, que le drame s’est noué. Cette région, désormais dans le viseur du crime organisé, a été le théâtre de deux attaques d’une brutalité sans précédent visant directement des candidats aux élections locales. Dans la nuit de samedi à dimanche, à Villa Corzo et Mapastepec, neuf personnes dont un candidat ont été froidement abattues. Un autre candidat a été grièvement blessé dans ces offensives sanglantes.
Mais le calvaire électoral du Chiapas ne s’arrête pas là. Jeudi soir, c’est la candidate Lucero Lopez qui a été assassinée avec cinq autres personnes dans une embuscade barbare après un meeting. À San Cristobal de las Casas, haut lieu touristique, c’est la candidate Linda Higuera Gutiérrez qui a vu son équipe de campagne prise pour cible.
Les cartels, faiseurs de rois des urnes
Derrière cette vague de violence qui ébranle la démocratie mexicaine, se cache l’ombre menaçante du crime organisé. Cartels, gangs et autres groupes criminels cherchent clairement à « imposer des candidats » de leur choix à ces élections selon le procureur Victor Serrato. Un modus operandi glaçant :
Les criminels choisissent un candidat et font savoir aux autres qu’ils n’ont pas le droit de se présenter.
– Victor Serrato, procureur pour les délits électoraux du Michoacan
Un « choix » qui ne souffre aucune contradiction, sous peine de déchaîner une violence implacable. Depuis septembre, ce sont au moins 28 candidats qui ont payé de leur vie leur engagement politique aux quatre coins du pays.
Séisme démocratique au pays des cartels
Dans ce contexte de terreur, c’est toute la démocratie mexicaine qui vacille sur ses bases. Les scrutins du 2 juin s’annonçaient déjà historiques par leur ampleur :
- Élection présidentielle
- Renouvellement du Congrès et du Sénat
- 9 gouverneurs sur 32 États
- Une myriade d’élections locales
Au total, plus de 20 000 mandats sont en jeu dans cette vague électorale sans précédent. Des enjeux colossaux, qui n’ont pas échappé aux organisations criminelles bien décidées à peser sur le scrutin.
Face à ce séisme démocratique, c’est tout le pays qui retient son souffle. Entre peur et détermination, les Mexicains s’apprêtent à vivre des élections sous haute tension. Dans ce bras de fer sanglant entre crime organisé et aspirations démocratiques, l’avenir politique du Mexique est plus que jamais en suspens. Le spectre d’un scrutin sous influence des cartels plane dangereusement sur ces élections historiques.