La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, vient de lancer un appel solennel au sang-froid face aux récentes décisions controversées du président américain Donald Trump. Celles-ci affectent directement le Mexique, avec notamment le refoulement des migrants à la frontière et la menace d’une forte hausse des tarifs douaniers sur les produits mexicains importés. La cheffe d’État de gauche nationaliste tente ainsi de calmer le jeu dans un contexte de vives tensions bilatérales.
Fermeté face à « l’invasion » de migrants
Dès son investiture lundi, le nouveau locataire de la Maison Blanche a mis ses menaces à exécution. Les autorités américaines ont suspendu une application permettant jusque-là aux demandeurs d’asile présents au Mexique de prendre rendez-vous pour déposer leur dossier et entrer légalement aux États-Unis. « Ils ne vont pas pouvoir entrer, il vaut mieux qu’ils retournent dans leur pays », a réagi Claudia Sheinbaum, proposant une « assistance humanitaire » avant un « rapatriement ».
Dans le même temps, Donald Trump a proclamé « l’urgence nationale » à la frontière sud des États-Unis. L’objectif affiché : stopper « toutes les entrées illégales » et « renvoyer des millions d’étrangers criminels ». Le président américain promet d’« envoyer des troupes pour repousser l’invasion désastreuse » de son pays. Une rhétorique belliqueuse qui fait craindre une escalade.
Sanctions commerciales et ripostes
Sur le front commercial aussi, la pression s’accentue. Donald Trump confirme sa volonté d’imposer des droits de douane de 25% aux produits mexicains et canadiens. Une mesure coup de tonnerre pour le Mexique qui exporte 83% de ses produits vers le marché américain. Son voisin du Nord, le Canada, qui subirait également ces taxes, promet de riposter «fermement et rapidement» en cas de mise en application.
Les trois pays sont pourtant liés par un traité de libre échange nord américain, l’ALÉNA, qui doit être révisé en 2026. Mais les nouvelles surtaxes pourraient brutalement redistribuer les cartes. Un proche de la présidente mexicaine temporise : «Il faut s’en tenir aux décrets pour le moment. Restons calmes et gardons la tête froide, agissons pas à pas».
Tensions et mains tendues
Claudia Sheinbaum se retrouve en première ligne pour gérer ces dossiers brûlants, quelques mois seulement après son accession au pouvoir. Première femme à diriger le Mexique, portée par la vague progressiste latino-américaine, elle doit naviguer entre realpolitik et convictions.
Nous devons prôner le dialogue et la coopération, pas la confrontation ou la soumission. Le Mexique ne sera le paillasson de personne.
Claudia Sheinbaum, Présidente du Mexique
Un exercice d’équilibriste délicat, entre nécessaire fermeté et main toujours tendue vers le puissant voisin américain. Le Mexique espère préserver un partenariat vital, tant en matière économique et commerciale que sur les enjeux sécuritaires et migratoires. Reste à trouver la voie étroite d’une diplomatie apaisée, dans un contexte de défiance et de ruptures imposées par le nouveau président des États-Unis. Un sacré défi pour la présidente mexicaine.
