Alors que le Mexique vit une période électorale cruciale, le pays est plongé dans un climat de violence inouïe orchestrée par les puissants cartels de la drogue. Depuis septembre dernier, pas moins de 36 candidats ou prétendants à un mandat électif ont été froidement assassinés, s’ajoutant aux dizaines de milliers de morts et de disparus qui endeuillent chaque année cette nation nord-américaine. Une situation dramatique qui met en péril le fragile processus démocratique mexicain.
La démocratie mexicaine prise en otage par les narcotrafiquants
Ce dimanche 2 juin, plus de 18 000 postes sont à pourvoir lors d’élections générales qui verront aussi la désignation d’un nouveau président de la République. Un scrutin qui s’annonce d’ores et déjà entaché par la terreur que font régner les groupes criminels liés au trafic de drogue. L’assassinat systématique de dizaines de candidats démontre l’emprise des cartels sur la vie politique du pays et leur volonté d’imposer leur loi par la violence.
Les cartels mexicains ont infiltré toutes les sphères du pouvoir, de l’économie jusqu’aux plus hautes instances politiques. Ils n’hésitent pas à corrompre ou à éliminer tous ceux qui se mettent en travers de leur route.
– Juan Velásquez, journaliste et spécialiste du crime organisé
L’impuissance de l’État face aux cartels surarmés
Malgré les efforts affichés du gouvernement pour lutter contre les organisations criminelles, force est de constater l’impuissance de l’État mexicain. La guerre contre la drogue lancée en 2006 n’a fait qu’exacerber les violences, provoquant plus de 250 000 morts. Dotés d’un armement de pointe et de moyens colossaux, les cartels font régner la terreur, profitant de la corruption endémique qui gangrène la police et la justice.
Les candidats pris pour cible
Dans ce contexte, être candidat à une élection relève de la mission impossible. Les prétendants à des mandats locaux sont particulièrement exposés aux menaces et aux représailles :
- Intimidations, tentatives de corruption
- Enlèvements de proches
- Assassinats ciblés par arme à feu
Pour les cartels, il s’agit d’avoir des relais à tous les échelons du pouvoir afin de faciliter leurs activités illicites. Les candidats intègres qui refusent de se soumettre sont éliminés sans pitié.
Un bilan en demi-teinte pour le président sortant
Élu en 2018 sur la promesse de ramener la paix et la sécurité, le président Andrés Manuel López Obrador achève son mandat avec un bilan mitigé. Malgré quelques coups d’éclat contre des chefs de cartels, les violences n’ont pas reflué et le trafic de drogue prospère toujours autant. Ses détracteurs l’accusent de passivité, voire de collusion avec certains groupes criminels.
La politique sécuritaire de López Obrador est un échec. Il a sous-estimé la menace des cartels et n’a pas donné à l’armée et à la police les moyens de les combattre efficacement.
– María Fernández, politologue à l’Université de Mexico
À l’heure du bilan, force est de constater que le Mexique s’enfonce dans une spirale de violence qui paraît sans fin. Les cartels de la drogue étendent leur emprise sur le territoire et la société, menaçant les fondements mêmes de la démocratie. Un défi majeur pour le prochain président qui devra impérativement trouver des solutions pour restaurer l’État de droit et protéger les citoyens. Le sort de la démocratie mexicaine en dépend.