Le meurtre brutal de Philippine, brillante étudiante de 19 ans, a profondément ébranlé la France ces derniers jours. Au cœur de cette tragédie se trouve le suspect, Taha O., un migrant clandestin marocain sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Mais plus choquant encore, l’homme avait déjà été condamné en 2019 pour le viol d’une autre étudiante. Comment en est-on arrivé là ? Retour sur une affaire qui soulève de nombreuses interrogations sur la gestion des migrants criminels en France.
Le profil inquiétant du suspect
Taha O., né en 2002 au Maroc, était arrivé en France de manière régulière en 2019. Mais peu de temps après, il commet l’impensable : le viol d’une étudiante de 23 ans sur un sentier forestier à Taverny, dans le Val-d’Oise. L’agression a lieu près du foyer où il résidait. Condamné à 7 ans de prison, il ne purgera pourtant pas la totalité de sa peine.
Le 18 juin 2024, une OQTF est finalement prononcée à son encontre. Taha O. se retrouve alors dans un centre de rétention administrative (CRA), en attente de son expulsion vers le Maroc. Mais contre toute attente, le 3 septembre, un juge des libertés et de la détention (JLD) décide de le remettre en liberté. Le lendemain, les autorités marocaines donnent leur feu vert pour l’expulsion, mais il est déjà trop tard : le suspect a disparu dans la nature, ne respectant ni son obligation de pointage, ni son assignation à résidence dans un hôtel.
Une battue tragique dans le bois de Boulogne
Philippine, décrite par ses proches comme une jeune femme brillante et engagée, issue d’une famille catholique très soudée, ne donne plus signe de vie depuis le vendredi 20 septembre. Inquiets, ses proches organisent une battue le lendemain dans le bois de Boulogne, où son téléphone a été géolocalisé pour la dernière fois. C’est là que l’horreur sera découverte : le corps partiellement enterré de Philippine, laissant apparaître un bras.
Des témoins rapportent avoir aperçu un individu suspect, le visage dissimulé derrière un masque chirurgical, se diriger vers le lac du bois de Boulogne avec une pioche à la main.
Le Figaro
L’enquête et ses zones d’ombre
L’enquête, confiée à la brigade criminelle, progresse rapidement. L’ADN de Taha O. est retrouvé sur les lieux du crime. Mais de nombreuses questions subsistent. Comment un individu aussi dangereux a-t-il pu être remis en liberté malgré son passé et l’OQTF prononcée à son encontre ? Le juge avait pourtant reconnu le “risque de réitération de faits délictueux” et la “menace à l’ordre public” que représentait le suspect.
Autre interrogation : pourquoi les autorités marocaines ont-elles tant tardé à donner leur accord pour l’expulsion de Taha O., le feu vert n’arrivant que le lendemain de sa remise en liberté par le juge ? Pascal Praud, sur CNews, s’indigne : “Si cet homme était resté en prison jusqu’en 2026, Philippine serait vivante.”
Une insécurité grandissante
Au-delà du drame humain, l’affaire Philippine met en lumière l’insécurité croissante dans certaines zones, comme le bois de Boulogne jouxtant l’université Paris-Dauphine. Les étudiants témoignent d’un sentiment de peur et estiment que ce qui est arrivé à leur camarade aurait pu leur arriver à eux aussi.
Je suis ému, en colère. Cette autre étudiante violée en 2019, malgré la peur, avait réussi à berner Taha O., ce qui lui a sans doute sauvé la vie.
L’ancien chef de la police du Val-d’Oise
Alors que le suspect a été arrêté en Suisse et qu’une demande d’extradition a été formulée par la France, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les failles dans le suivi des migrants criminels et l’application des OQTF. Une polémique qui ne fait sans doute que commencer, alors que la France pleure une jeune fille brillante et engagée, fauchée en pleine jeunesse dans des circonstances tragiques.
