C’est une nouvelle qui risque de faire grand bruit. Selon nos informations, l’homme suspecté du meurtre d’Alban Gervaise, ce père de famille de 40 ans sauvagement poignardé sous les yeux de ses enfants devant une école catholique de Marseille en mai 2022, pourrait ne jamais être jugé. En cause : les conclusions des experts psychiatres qui estiment que son discernement était totalement aboli au moment des faits.
Pour rappel, Alban Gervaise, médecin militaire, avait été violemment agressé alors qu’il venait chercher ses enfants à la sortie des classes. Son meurtrier présumé, Mohamed L., l’avait roué de coups de couteau devant l’établissement avant de prendre la fuite, laissant la victime gisant dans une mare de sang. Un drame d’une violence inouïe qui avait profondément choqué la France entière.
Une abolition totale du discernement
Mais voilà qu’aujourd’hui, près de deux ans après les faits, l’enquête prend un tournant inattendu. D’après une source proche du dossier, la troisième expertise psychiatrique de Mohamed L., rendue fin novembre, conclut sans appel à «une abolition totale de son discernement» au moment du meurtre. Les deux premières expertises allaient déjà dans ce sens, évoquant une «bouffée délirante aiguë» chez le suspect le jour du drame.
En clair, cela signifie que Mohamed L. pourrait être déclaré pénalement irresponsable et donc échapper à un procès devant une cour d’assises. La décision finale reviendra à la juge d’instruction en charge de l’enquête, mais selon un magistrat expérimenté que nous avons contacté, il est très rare qu’un juge aille à l’encontre des expertises dans ce genre de cas.
Rappel des faits
Pour mémoire, le meurtre d’Alban Gervaise avait suscité une vive émotion dans tout le pays. Ce père de famille sans histoire avait été attaqué avec une sauvagerie inouïe, recevant une vingtaine de coups de couteau, dont certains alors qu’il gisait déjà à terre selon des témoins. Ses trois enfants, âgés de 3 à 7 ans, avaient assisté à la scène, impuissants.
« Ce n’est pas une bagarre qui a mal tourné, c’est un meurtre pur et simple », s’était insurgée la femme d’Alban Gervaise peu après le drame.
Mohamed L., rapidement identifié grâce à des caméras de surveillance, avait été interpellé le lendemain. Cet homme de 23 ans, décrit comme instable et fragile psychologiquement, était déjà connu des services de police. Lors de sa garde à vue, il avait tenu des propos confus et délirants, confortant la thèse d’un geste fou et immotivé.
L’incompréhension des proches
Si l’irresponsabilité pénale de Mohamed L. était confirmée, il échapperait donc à un procès et à une condamnation. Une perspective difficile à accepter pour les proches d’Alban Gervaise. Sa femme confiait récemment sa crainte de voir le meurtrier présumé « dehors dans un ou deux ans » s’il était interné en hôpital psychiatrique.
« J’ai besoin qu’il y ait un vrai procès, j’ai besoin de réponses. Mes enfants ont besoin de réponses », suppliait-elle il y a quelques semaines.
Une demande de justice partagée par de nombreux Marseillais, encore sous le choc de ce crime d’une violence inouïe commis devant une école. Des rassemblements et des marches blanches avaient été organisés dans la cité phocéenne pour rendre hommage à Alban Gervaise et dire non à la violence aveugle.
Et maintenant ?
Si l’irresponsabilité pénale de Mohamed L. était actée, il serait alors interné en hôpital psychiatrique pour une durée indéterminée. Sa sortie dépendrait de l’évolution de son état mental et de sa dangerosité, évaluées régulièrement par des experts.
Une issue qui ne manquera pas de faire réagir, deux ans après un crime qui avait mis en lumière la problématique des troubles psychiatriques et des « fous dangereux » laissés en liberté. Le débat sur la responsabilité pénale et le suivi des malades mentaux risque une nouvelle fois d’être relancé.
Pour la famille d’Alban Gervaise, c’est un nouveau coup dur. Après avoir perdu un mari et un père dans des circonstances atroces, elle pourrait être privée d’un véritable procès et d’une condamnation, laissant un goût d’inachevé et d’injustice. Une tragédie sans fin pour des proches déjà durement éprouvés.