C’est un drame qui a bouleversé toute une ville. Le 21 juillet 2021, Wilhem Houssin, un artiste et père de famille de 49 ans, a été sauvagement agressé en pleine rue à Saint-Jacques-de-la-Lande, dans la banlieue de Rennes. Roué de coups par un groupe de jeunes, il est mort de ses blessures quelques jours plus tard, laissant derrière lui deux enfants de 12 ans et une communauté sous le choc. Cinq personnes, dont deux mineurs, ont été mises en examen pour homicide volontaire et écrouées. Le mobile de cette violence gratuite et aveugle reste à établir, mais l’émotion et la colère sont immenses face à ce drame qui pose une nouvelle fois la question de l’insécurité et du trafic de drogue qui gangrène certains quartiers.
Un « homme lumineux » parti trop tôt
Wilhem Houssin était une figure appréciée et respectée dans le milieu culturel rennais. Musicien dans l’âme, toujours une guitare à la main, il était connu pour sa gentillesse et sa bonne humeur contagieuse. Président d’une association, investi dans la vie de l’école de ses enfants, c’était un « homme lumineux » selon les mots de ses proches, qui ne comprennent pas comment une telle tragédie a pu se produire.
Le cœur sur la main, il ne disait jamais un mot de travers. C’était une personne vraiment formidable.
Magali, une amie
Le jour du drame, Wilhem accompagnait sa compagne venue visiter un appartement. C’est à ce moment-là qu’une violente altercation a éclaté avec un groupe de jeunes, pour un motif qui reste à éclaircir. Mais en quelques secondes, un déchaînement de violence s’est abattu sur cet homme qui n’avait rien fait de mal. Transporté dans un état critique au CHU, il est décédé des suites de ses blessures trois jours plus tard.
Un quartier gangrené par le trafic de drogue
Si les circonstances exactes de l’agression mortelle ne sont pas encore connues, un lien avec le trafic de drogue qui sévit dans le quartier est évoqué par de nombreux habitants excédés. Depuis plusieurs mois, les agressions et les tensions se multiplient dans ce secteur de Saint-Jacques-de-la-Lande où des dealers ont pris leurs quartiers au vu et au su de tous.
Les bandes sont en haut du cours Camille Claudel. L’ambiance s’est sérieusement dégradée ces dernières années.
Une riveraine
Malgré les actions de la police, la situation semble inextricable. Les dealers jouent au chat et à la souris avec les forces de l’ordre, n’hésitant pas à dealer devant les écoles. Les riverains se sentent abandonnés et impuissants face à cette criminalité qui s’installe et ces bandes qui font régner un climat de peur.
Un traumatisme pour toute une ville
Au-delà du quartier, c’est toute la ville de Saint-Jacques-de-la-Lande qui est ébranlée par ce meurtre d’une violence inouïe. Des centaines de personnes ont participé à une marche blanche en hommage à Wilhem Houssin, dont le père a livré un témoignage poignant.
Ces jeunes jouaient au foot avec la tête de mon fils. Ils criaient penalty ! Notre vie a changé, il me manque terriblement.
Le père de la victime
Lors du procès devant les assises d’Ille-et-Vilaine, l’avocat de la famille a insisté sur la rapidité glaçante du drame : dix secondes ont suffi pour ôter la vie à un homme qui n’avait rien fait de mal, si ce n’est de poser une simple question. Le parquet a requis jusqu’à 20 ans de réclusion criminelle contre les accusés.
La peur doit changer de camp
Après ce énième drame, beaucoup appellent à un sursaut des pouvoirs publics pour endiguer l’insécurité et le trafic de drogue qui empoisonnent la vie de trop nombreux quartiers. Des aménagements urbains aux actions de prévention en passant par une présence policière renforcée, tous les leviers doivent être actionnés pour que plus jamais une telle tragédie ne se reproduise et que la peur change enfin de camp.
Pour Wilhem Houssin, il est hélas trop tard. Un homme « au cœur sur la main » a perdu la vie de la plus terrible et absurde des manières. Mais sa mémoire restera à jamais gravée dans le cœur de ceux qui l’ont connu et aimé, de ces « centaines d’amis » bouleversés qui garderont le souvenir lumineux de cet artiste dans l’âme parti beaucoup trop tôt.
