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Meurtre à Rennes : 25 Ans de Prison pour le Tueur d’un Tchétchène

17 mars 2021, devant un Carrefour City de Rennes, Saraba Diane exécute froidement Hamzat Labazanov d’une balle dans la tête. La victime ? Un ancien condamné pour avoir étranglé un collégien de 13 ans. Vendredi, la justice a tranché : 25 ans de prison. Mais derrière ce verdict, c’est tout un système de narco-bandes qui se dévoile…

Le 17 mars 2021, en plein après-midi, le quartier de Cleunay à Rennes bascule dans l’horreur. Devant le Carrefour City, des détonations claquent. Hamzat Labazanov, 22 ans, s’effondre, une balle dans la tête. Son frère aîné reçoit une balle dans la hanche. En quelques secondes, un banal différend dégénère en exécution publique.

Un règlement de comptes qui sent la poudre et la résine

Le décor est planté depuis longtemps. Cleunay, comme son voisin Villejean, est gangréné par le trafic de stupéfiants. Un point de deal historique, historiquement tenu par un homme surnommé « La Chèvre », fait vivre des dizaines de jeunes. Mais depuis quelques semaines, un nouveau groupe fait parler de lui : des Tchétchènes venus « sécuriser » le secteur.

Cette irruption ne passe pas auprès des dealers locaux. Le ton monte. Quelques jours avant la fusillade fatale, des tirs ont déjà eu lieu à Saint-Jacques-de-la-Lande avec la même arme. Le message est clair : on ne touche pas à notre business.

« Nous, c’est Villejean, on tire tous les jours ! »

Cette phrase, lancée juste avant les coups de feu, résume toute la tension entre les deux clans. Saraba Diane, 26 ans, onze mentions au casier judiciaire, se présente lui-même comme un « petit trafiquant ». Ce jour-là, il est venu accompagné de Lansana Diakhaby, son complice présumé.

Les images de vidéosurveillance sont implacables. On voit Saraba Diane sortir une arme, viser, tirer. Hamzat Labazanov n’a aucune chance. Transporté en urgence, il décède le lendemain à l’hôpital. Son frère s’en sort avec une blessure grave mais non mortelle.

« Je n’avais pas l’intention de faire usage de mon arme »

Saraba Diane, lors de son procès

Cette défense, répétée tout au long des audiences, n’a convaincu personne. L’accusation a requis 27 ans de réclusion criminelle, assortis de 15 ans de période de sûreté. Le verdict est tombé vendredi : 25 ans de prison ferme pour Saraba Diane, 10 ans pour Lansana Diakhaby, reconnu coupable de complicité.

Hamzat Labazanov : une victime au passé déjà taché de sang

Ce qui rend cette affaire encore plus glaçante, c’est le parcours de la victime. Hamzat Labazanov n’était pas un ange. En 2017, sous le prénom de Souleiman, il avait été condamné à cinq ans de prison ferme par la cour d’assises des mineurs d’Ille-et-Vilaine.

Son crime ? Avoir étranglé Kylian, un collégien de 13 ans, dans la cour du collège de Cleunay en 2012. Une simple altercation qui avait dégénéré. Kylian, joueur de foot prometteur, était mort dans la nuit après avoir été mis en coma artificiel. Souleiman, alors âgé de 16 ans, avait effectué deux ans de détention provisoire avant d’être jugé.

Libéré en 2017, il avait repris sa vie… et apparemment replongé dans les affaires criminelles, cette fois aux côtés de sa communauté tchétchène, connue pour son implication croissante dans les réseaux de stupéfiants en France.

Cleunay, laboratoire de la violence des quartiers

Ce drame n’est pas un cas isolé. Le quartier de Cleunay cumule les faits divers liés au trafic de drogue :

  • Tirs réguliers sur les points de deal
  • Expéditions punitives entre bandes rivales
  • Intimidation des habitants et des commerçants
  • Présence croissante de groupes ethniques organisés (Tchétchènes, Albanais, Maghrébins)

Les habitants, eux, oscillent entre résignation et colère. Une riveraine confiait déjà en 2021 : « On veut stopper toutes les guerres, les Tchétchènes sont du quartier eux aussi ». Une phrase qui en dit long sur l’impuissance face à la montée en puissance de ces réseaux ultra-violents.

La communauté tchétchène sous le choc… et en colère

Dès l’annonce de la fusillade, les réseaux sociaux tchétchènes s’enflamment. L’association « Европерачу Нохчийн Ассамблей » publie un message sans équivoque : « Nous sommes de nouveau sous le choc. Une nouvelle fois notre communauté est frappée par la violence extrême… »

Certains y voient une attaque ciblée contre leur communauté. D’autres, plus lucides, savent que l’implication d’une partie de la diaspora tchétchène dans le narco-trafic alimente ces guerres de territoire. Le cercle vicieux est enclenché : plus on monte en puissance, plus on attire les rivaux prêts à tout.

Un verdict qui ne règle rien

25 ans de prison pour Saraba Diane, 10 ans pour son complice. La justice a parlé. Mais sur le terrain, rien ne semble changer. Les points de deal tournent toujours. Les armes circulent. Les jeunes continuent de tomber, pris dans l’engrenage de l’argent facile et de la violence.

Ce procès aura au moins eu le mérite de mettre en lumière une réalité brutale : quand deux mondes criminels se percutent – celui des dealers historiques des cités et celui des réseaux ethniques ultra-structurés – c’est toujours le même scénario. Des morts. Des familles détruites. Et des quartiers qui s’enfoncent un peu plus dans la peur.

À Cleunay, comme à Villejean, à Mistral ou à Maurepas, la guerre continue. Silencieuse pour les uns, assourdissante pour ceux qui vivent au milieu des balles.

En définitive, l’histoire d’Hamzat Labazanov et de Saraba Diane n’est pas seulement celle d’un meurtre. C’est celle d’une jeunesse sacrifiée sur l’autel du trafic de drogue, d’une justice débordée, et de quartiers abandonnés où la loi du plus fort remplace peu à peu celle de la République.

Et demain ? Probablement un nouveau règlement de comptes. Un nouveau procès. Un nouveau titre dans les faits divers. Jusqu’à quand ?

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