Le géant technologique Meta, maison-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, vient d’annoncer une décision inattendue : le report sine die du lancement de son nouveau modèle d’intelligence artificielle (IA) générative pour les utilisateurs européens. Cette interface nouvelle génération, baptisée Llama 3, promettait d’offrir des fonctionnalités inédites à travers la création et la manipulation de textes, d’images et de cartes. Mais c’était sans compter sur l’environnement réglementaire européen, jugé trop “incertain” par l’entreprise californienne.
Un cadre législatif en pleine évolution
En effet, l’Union Européenne a récemment adopté un règlement sur l’IA, une première au niveau mondial. Ce texte, qui entrera en application dès 2026, vise à encadrer le développement de ces technologies sur le Vieux Continent, en favorisant l’innovation tout en limitant les risques de dérives. Mais pour Meta, c’est surtout le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) qui pose problème.
Le groupe dit manquer de précisions quant à l’interprétation par l’Europe de ce règlement sur l’utilisation des données publiques mises en ligne dans l’UE. Or, ces données sont cruciales pour alimenter les modèles de langage de l’IA, sur lesquels reposent les avancées dans ce domaine.
Un contraste avec le Royaume-Uni
Meta compare cette situation avec celle du Royaume-Uni, où l’entreprise estime avoir reçu des directives claires du régulateur, malgré un cadre législatif comparable au RGPD. Une différence qui l’a poussée à se tourner vers ce marché pour lancer son nouveau modèle d’IA, au détriment des utilisateurs européens.
Un précédent inquiétant ?
Meta n’est pas la première entreprise tech à reporter un lancement en Europe pour des raisons réglementaires. Apple avait fait de même en juin dernier avec son système d’IA générative, invoquant des “incertitudes” liées au Digital Markets Act (DMA). Un texte visant à réguler les géants du numérique.
Les géants technologiques doivent faire face aux responsabilités associées à leur énorme pouvoir systémique sur notre société et notre économie.
Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne
Face à ces décisions, Bruxelles se veut ferme. Ursula von der Leyen, reconduite à la tête de la Commission européenne, promet ainsi de “renforcer et d’intensifier l’application” des nouveaux règlements sur la tech. Une position qui risque de tendre encore davantage les relations avec la Silicon Valley.
Quel avenir pour l’IA en Europe ?
Au-delà du cas de Meta, c’est tout l’écosystème européen de l’intelligence artificielle qui s’interroge. Entre volonté politique de réguler et besoin d’attirer les investissements, l’équation est complexe pour les décideurs du Vieux Continent.
- D’un côté, laisser le champ libre aux géants de la tech fait craindre une perte de souveraineté et des dérives éthiques.
- De l’autre, un cadre trop strict risque de freiner l’innovation et de pousser les talents hors d’Europe.
Une chose est sûre : dans la course mondiale à l’IA, l’Europe joue gros. Le report du lancement de Llama 3 n’est qu’un épisode parmi d’autres d’une bataille au long cours, dont l’issue façonnera notre rapport à ces technologies dans les années à venir. Quel équilibre trouver entre régulation et dynamisme ? La réponse à cette question déterminera en grande partie l’avenir du secteur sur le Vieux Continent.