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Meta écope d’une amende nigériane de 220 millions de dollars

Meta vient d'écoper d'une amende sans précédent de 220M$ au Nigeria pour violations multiples des données personnelles. WhatsApp particulièrement visé. Le réveil des régulateurs contre les GAFAM ?

Les géants technologiques viennent de subir un nouveau coup dur sur le front de la protection des données personnelles. Cette fois, c’est au tour de Meta, maison-mère de Facebook, WhatsApp et Instagram, de faire les gros titres. Les autorités nigérianes viennent en effet d’infliger au groupe américain une amende record de 220 millions de dollars pour violations « multiples et répétées » des lois nigérianes sur la confidentialité des données.

WhatsApp particulièrement visé par l’enquête

C’est plus spécifiquement l’application de messagerie WhatsApp, propriété de Meta depuis 2014, qui se retrouve dans le collimateur de la Commission fédérale de la concurrence et de la protection des consommateurs (FCCPC) du Nigeria. L’enquête menée conjointement avec la Commission nationale pour la protection des données (NDPC) a mis en lumière des « pratiques invasives » de Meta en matière de collecte et d’utilisation des données personnelles de ses utilisateurs nigérians.

Parmi les griefs retenus, on trouve notamment des accusations de pratiques discriminatoires, d’abus de position dominante, et d’utilisation sans autorisation des données des consommateurs. La FCCPC reproche également à Meta d’avoir privé les Nigérians de leur droit de regard sur l’exploitation de leurs données personnelles. Des manquements gravissimes aux yeux des régulateurs, d’autant plus que WhatsApp compterait plus de 51 millions d’utilisateurs actifs au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique.

Meta conteste la décision et fait appel

Sans surprise, le groupe Meta a immédiatement fait part de son intention de contester cette décision qu’il juge infondée. « Nous contestons cette décision de même que l’amende, et nous faisons appel », a sobrement déclaré un porte-parole de WhatsApp. Reste à savoir si cet appel sera couronné de succès, tant les accusations portées par les autorités nigérianes semblent étayées.

Meta doit respecter la loi en vigueur et cesser d’exploiter les consommateurs nigérians et ses abus de marché ainsi que s’abstenir à l’avenir de toute conduite ou pratique similaire ne répondant pas aux critères applicables dans le pays.

– Extrait du communiqué de la FCCPC

Un signal fort envoyé aux géants du numérique

Au-delà du cas spécifique de Meta, cette sanction record envoie un signal fort à l’ensemble des acteurs technologiques opérant en Afrique. Avec ses 200 millions d’habitants dont près des trois quarts ont moins de 24 ans, le Nigeria représente un marché stratégique et en pleine expansion pour les entreprises du numérique. Mais ce potentiel ne doit pas se faire au détriment du respect de la vie privée et des droits des utilisateurs, comme le rappelle avec force cette décision.

Cette amende nigériane intervient dans un contexte global de durcissement des régulations visant les grandes plateformes numériques. Début juillet, Meta était déjà accusé par l’Union européenne de ne pas respecter les règles d’utilisation des données personnelles, ouvrant la voie là aussi à de lourdes sanctions financières. Un réel changement de paradigme semble s’opérer, les régulateurs du monde entier n’hésitant plus à taper fort pour remettre les GAFAM dans le droit chemin.

Vers une prise de conscience globale sur les données ?

Cette affaire nigériane pourrait bien être un tournant majeur pour Meta, et plus largement pour tout l’écosystème numérique. Elle illustre la prise de conscience croissante des citoyens et des autorités sur les enjeux liés à la protection des données personnelles. À l’heure où nos vies sont de plus en plus connectées et digitalisées, la question du contrôle et de la maîtrise de nos informations privées devient absolument cruciale.

Les entreprises technologiques vont devoir s’adapter à ce nouveau paradigme et revoir en profondeur leurs pratiques en matière de collecte et d’exploitation des données. C’est tout un modèle économique basé sur le profilage publicitaire et la monétisation de l’attention qui est remis en question. L’amende infligée à Meta par le Nigeria est un premier pas, mais nul doute que d’autres suivront si les géants du web ne procèdent pas à une véritable remise en question. L’avenir dira si ce coup de semonce aura été entendu.

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