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Meta Contraint de Restaurer des Images Sensibles d’Attaque Meurtrière

Rebondissement dans l'affaire des images censurées par Meta suite à l'attaque sanglante en Russie. Le conseil de surveillance du géant exige leur remise en ligne, malgré leur caractère choquant. Un enjeu crucial de liberté d'information et de transparence, dans un pays où les médias sont muselés...

Dans une décision qui fera date, le conseil de surveillance de Meta, la maison mère de Facebook et Instagram, a exigé mardi que le géant des réseaux sociaux remette en ligne des publications contenant des images choc de l’attaque meurtrière survenue en Russie en mars 2024. Un rebondissement majeur qui soulève de profondes questions sur la modération des contenus et la liberté d’information sur ces plateformes.

145 victimes, des images censurées

Pour rappel, cette tragédie sans précédent avait ébranlé la Russie. Fin mars 2024, des hommes armés avaient fait irruption dans une salle de concert de la banlieue de Moscou, semant la mort et la terreur. Bilan : 145 innocents massacrés, dans ce qui restera comme l’attaque la plus sanglante sur le sol russe depuis près de 20 ans. Des images insoutenables de la tuerie et de ses victimes s’étaient rapidement répandues sur les réseaux sociaux, avant d’être supprimées par Meta au motif qu’elles enfreignaient son règlement sur les contenus violents.

L’ombre de l’État islamique

Le groupe jihadiste État islamique avait revendiqué cet attentat barbare, jetant une lumière crue sur la menace terroriste persistante. Mais les autorités russes, elles, assuraient y voir la main de l’Ukraine, sans toutefois apporter de preuves tangibles. Une rhétorique officielle qui n’avait pas manqué de semer le doute, dans un contexte de tensions exacerbées et de désinformation entre les deux pays.

Meta sommé de faire marche arrière

C’est dans ce contexte que le conseil de surveillance de Meta, sorte de “cour suprême” chargée de trancher les questions épineuses de modération, a rendu son verdict. Contre toute attente, il a ordonné au réseau social de revenir sur sa décision initiale et de restaurer les publications incriminées, images choquantes à l’appui. Une volte-face justifiée par “l’utilité d’informer le public“, dans un pays où “l’environnement médiatique est verrouillé”.

Dans un pays comme la Russie, où l’environnement médiatique est verrouillé, il est d’autant plus important que ces vidéos soient accessibles sur les réseaux sociaux.

Le conseil de surveillance de Meta

Le conseil a ainsi estimé que les messages supprimés, loin d’inciter à la violence, contenaient tous “des termes clairs condamnant l’attaque, témoignant de la solidarité ou de l’inquiétude à l’égard des victimes”. Autant d’éléments d’information précieux pour comprendre l’ampleur du drame et son impact sur la population russe.

Images sensibles : de nouvelles règles pour Meta ?

Au-delà du cas d’espèce, cette décision pourrait faire jurisprudence et infléchir durablement la politique de Meta en matière de modération des images sensibles. Le conseil recommande en effet de manière générale d’autoriser les images d’attaques, y compris avec des victimes visibles, dès lors qu’elles sont partagées “à des fins d’information, de condamnation et de prise de conscience”. Avec deux garde-fous : les victimes ne doivent pas être identifiables et un avertissement sur le contenu choquant est requis.

Si Meta n’est pas formellement tenu de suivre ces recommandations pour faire évoluer son règlement, il s’est engagé à se plier aux décisions du conseil sur des cas précis. Reste à savoir jusqu’où ce précédent fera bouger les lignes dans la modération des réseaux sociaux, alors que l’équilibre entre liberté d’expression, devoir d’information et protection des utilisateurs est plus que jamais un défi.

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